7 novembre 2024
Projet de loi 74: une menace à la capacité de recherche et d'innovation du Québec, selon Sophie D'Amours
En commission parlementaire, la rectrice a demandé une exemption des établissements d'enseignement universitaire du projet de loi visant à réduire le nombre d'étudiantes et d'étudiants de l'international
La rectrice a témoigné cette semaine en commission parlementaire avec ses homologues de l'Université de Montréal, de l'Université McGill et de l'Université de Sherbrooke pour demander au gouvernement que les établissements universitaires visés à l'article 1 de la Loi sur les établissements d'enseignement de niveau universitaire ne soient pas assujettis au projet de loi 74. «Cette disposition aurait pour effet de réduire le nombre d'étudiantes et d'étudiants de l'international, et de mettre à mal la capacité du Québec d'être compétitif à l'échelle internationale», explique la rectrice.
Une solution et une richesse
Selon elle, cette communauté étudiante venue de partout joue un rôle névralgique pour l'enseignement, la recherche et la vie sur le campus, tout en répondant aux besoins de main-d'œuvre hautement qualifiée et en renforçant la capacité d'innovation du Québec.
La rectrice a souligné «la richesse de ces personnes pour nos institutions et la formation de tous les étudiants et étudiantes». «La valeur d'être exposé à une réalité internationale en 2024 dans une université est essentielle. Si on fait le tour du monde, qu'on visite les meilleures institutions en France, en Suisse, en Belgique, dans le monde francophone comme dans le reste du monde, on y retrouvera une grande diversité de personnes», a-t-elle plaidé.
En commission parlementaire, les représentantes et représentants des quatre universités ont dit comprendre le gouvernement de vouloir contrer les cas d'abus en immigration. «Il faut adresser ces abus», a lancé Sophie D'Amours, en ajoutant qu'ils ne sont pas générés par leurs organisations.
Voici quelques points soulevés par la rectrice:
À l'Université Laval, on compte 11% d'étudiantes et étudiants internationaux. «Les grandes universités de recherche en général ont un pourcentage d'étudiantes et d'étudiants internationaux qui tourne autour de 25 à 30%, et une proportion importante aux cycles supérieurs, comme c'est le cas dans nos universités, a précisé Sophie D'Amours. Par exemple, dans des secteurs comme la recherche médicale ou la recherche dans des domaines technologiques, comme l'agriculture, on va retrouver jusqu'à 60 ou 70% de ces étudiantes et étudiants dans les laboratoires de recherche.»
Les universités mettent en place des processus très rigoureux pour faire la sélection des étudiantes et étudiants internationaux. «On parle de dizaine de milliers de demandes de personnes qui veulent étudier au Québec et à l'Université Laval cette année. On accueille cet automne 1700 nouveaux étudiants et étudiantes de l'international. Il y a une sélection qui se fait qui est très importante», illustre la rectrice.
Les nouvelles inscriptions d'étudiantes et étudiants internationaux à l'automne 2024 ont chuté de 22% par rapport à l'automne 2023. «C'est l'effet de 12 mesures administratives qui ont été prises par les ministères de l'Immigration en lien avec la réalité des étudiantes et étudiants internationaux dans la dernière année, a expliqué en partie Sophie D'Amours. Donc, il y a beaucoup d'incertitude par rapport à l'arrivée au Québec, l'arrivée à l'université et le déroulement des processus.»
Les étudiantes et les étudiants de l'international inscrits dans une université québécoise comme l'Université Laval représentent un faible pourcentage de l'immigration au Québec.
«On a démontré qu'on ne s'est pas mis dans une situation où on cherchait à faire exploser le nombre d'étudiantes et étudiants internationaux dans nos quatre universités et en général au Québec, a résumé la rectrice. Une des raisons premières, c'est qu'on veut offrir à ces personnes étudiantes toutes les chances de réussir et ça prend des services et des capacités qu'on déploie, ça ne peut pas être infini. On ne peut pas se mettre dans cette situation parce que nos ressources, on les gère de façon responsable.»
Loin d'être un problème, cette communauté étudiante de l'international est même une solution, selon elle. «L'État a pourtant déjà reconnu leur apport économique et social. Il a aussi joué un rôle pour en attirer davantage et les retenir une fois leur diplôme obtenu.»
Pour l'heure, le ministre de l'Immigration, de la Francisation et de l'Intégration, Jean-François Roberge, refuse toujours la demande commune déposée par les universités.
Si ce plaidoyer n'est pas entendu, «le Québec aura perdu une occasion», a fait valoir Sophie D'Amours.
Pour consulter le mémoire déposé à la commission parlementaire le 5 novembre.