8 octobre 2024
Stages d’été: de la ponte de tortues marines à l’intelligence artificielle appliquée à la coupe forestière
La Faculté des sciences et de génie présente à l’atrium du pavillon Alexandre-Vachon 850 affiches sur autant de stages effectués par des étudiantes et étudiants entre mai et août
Depuis deux semaines, une animation inhabituelle règne à l’atrium du pavillon Alexandre-Vachon. La cause de cette affluence est la présentation, jusqu’au 17 octobre, de quelque 850 affiches sur autant de stages professionnels réalisés cet été par des étudiantes et étudiants de la Faculté des sciences et de génie (FSG). Au total, environ 1100 étudiantes et étudiants inscrits dans l’un ou l’autre des 23 programmes de baccalauréat offerts par la FSG ont vécu une expérience de stagiaire. L’une d’elles était Laurianne Bazinet. Inscrite au baccalauréat en biologie, celle-ci a séjourné trois mois en Martinique à documenter les pontes de tortues marines et les succès de la sortie du nid des nouveaux-nés.
«Mon terrain s’est déroulé de mai à août sur la plage du Diamant, explique-t-elle. Nous avons fait quatre suivis nocturnes par semaine et nous avons observé des tortues luth et des tortues imbriquées, des femelles qui sortaient de l’eau la nuit à la recherche d’un endroit dans le sable où creuser un nid assez profond pour ensuite y pondre leurs œufs. Les mâles, eux, restaient dans l’eau. Si elles font ça la nuit, c’est pour être moins vulnérables aux prédateurs. C’est d’autant plus important que les tortues, lorsqu’elles sont prêtes à pondre, tombent dans une sorte d’état second. Elles n’ont plus vraiment conscience de ce qui se passe autour d’elles.»
Pour pouvoir dénombrer les œufs qui tombaient un à un dans un nid, Laurianne Bazinet avait le visage à quelques centimètres du cloaque de l’animal. Pendant ce temps, une autre chercheuse prenait des photos des deux profils et du dessus de la tête de la tortue. Parce qu’elles sont protégées, les deux espèces de tortues marines étaient toujours observées d’une distance de 10 mètres, sauf durant la ponte. Des lampes à lumière rouge éclairaient les lieux pour diminuer les risques de perturbation des tortues.
«J’ai réalisé 237 observations et vu 66 pontes documentées quand j’étais présente, indique-t-elle. J’ai aussi assisté à la sortie du nid de 80 nouveaux-nés qui se sont dirigés vers la mer. C’est un spectacle vraiment incroyable, comme dans les films.»
L’étudiante a effectué son stage au bureau d’étude Aquasearch, à Rivière-Salée.
Un drone comme outil de travail
Hugo Bellemare-Vallières est inscrit au baccalauréat en informatique. De la mi-mai à la mi-août, il a effectué un stage au Laboratoire de robotique boréale de l’Université Laval. Sa tâche a consisté, dans un premier temps, à prendre plus de 10 000 photos à l’aide d’un drone dans 7 régions du Québec, notamment l’Outaouais et la Gaspésie. Les zones de récolte forestière survolées avaient toutes comme caractéristique d’avoir subi une coupe dans les dernières années.
«La majorité du temps, les clichés ont été pris à une altitude variant entre 3 et 5 mètres, explique l’étudiant. Au début, je faisais voler le drone à 70 mètres d’altitude. On pensait obtenir des images de bonne qualité. Mais nous nous sommes rendu compte qu’il fallait voler plus bas pour des images suffisamment précises pour que l’intelligence artificielle (IA) puisse identifier avec précision les différentes essences d’arbres dans les zones de régénération.»
Le projet de recherche était encadré par le Consortium de recherche en foresterie FORAC tandis que le financement provenait du ministère des Ressources naturelles et des Forêts du Québec.
Une partie de la tâche du stagiaire a consisté à créer un modèle d’IA capable d’identifier les espèces avec précision. «J’ai reçu une bonne formation de base en IA dès le début, raconte-t-il. J’ai suivi la formation de l’Institut intelligence et données de l’Université Laval et j’ai assisté à un cours en ligne de l’Université Stanford.»
Plusieurs des sites photographiés par le drone étaient situés dans des zones d’exploitation contrôlée. «C’étaient bien souvent de petits endroits isolés, souligne Hugo Bellemare-Vallières. Les plus grands faisaient 1 kilomètre carré. Les plus petits avaient une superficie de 400 à 500 mètres carrés. Je voyais de bonnes différences entre les sites. Si l’endroit avait été coupé un an auparavant, je ne voyais pas de repousses. Mais après quatre ans, certaines essences avaient commencé à repousser un peu. En tout, le drone a permis d’identifier 31 essences d’arbres avec une relative bonne précision.»
Un arrimage
Élisabeth Oudar est responsable de la formation pratique au Département des stages en milieu pratique de la FSG. Selon elle, les stages qui sont offerts au niveau du baccalauréat servent à mettre en pratique les connaissances, la théorie apprise en classe. «Ils créent aussi un arrimage entre le département, les programmes de formation et les milieux de travail», poursuit-elle.
La responsable de formation pratique rappelle que les présentations de stages par affiches existent depuis une dizaine d’années à la Faculté, mais ce mode de présentation a gagné en popularité ces dernières années, notamment à la demande des comités de programme.
Élisabeth Oudar ajoute que les objectifs de telles présentations sont multiples et différents de la rédaction du rapport de stage. «Pour les professeurs, dit-elle, il s’agit de prendre connaissance de la mise en pratique des notions enseignées en classe dans leur domaine. Pour les étudiants, cela leur permet, en un seul coup d’œil, d’obtenir une vue d’ensemble des milieux de stage et d’emploi dans leur domaine.»
En ce contexte post-pandémique, une telle activité a aussi pour but de rassembler les étudiantes et étudiants de la FSG, «plusieurs sont en bonne partie en télétravail ou «télé-études» et cela leur permet d’entrer en contact avec des étudiantes et étudiants qu’ils n’auraient pas rencontrés par ailleurs», soutient-elle.