19 août 2024
Une quinzaine d’étudiants ont visité plusieurs églises romanes dans le sud de la Bourgogne
Cette école d’été a permis à de jeunes médiévistes d’étudier pendant deux semaines in situ l’architecture et le décor d’édifices ayant été construits entre le 10e et le 12e siècle
Janick Gagnon est en première année du baccalauréat en histoire à l’Université Laval. Thomas Pearson, lui, termine son baccalauréat en enseignement de l’histoire au secondaire. Tous deux férus de l’époque médiévale, ils ont effectué un séjour de deux semaines en France, entre la fin mai et le début juin, dans le cadre de l’école d’été internationale en histoire de l’art. L’école avait pour objectif l’étude in situ de l’architecture et du décor d’une vingtaine d’églises de style roman construites dans le sud de la Bourgogne, dans le centre-est de la France, entre le 10e et le 12e siècle.
Les deux étudiants qualifient leur séjour de «formidable». «On ne voyait pas le temps passer, lance Thomas Pearson. De 9h à 18h, on n’arrêtait pas.»
Il faut dire que l’horaire des étudiantes et des étudiants était particulièrement bien rempli. Avant le départ de Québec, quelques séances de cours leur avaient permis d’acquérir les connaissances de base qui leur serviraient à identifier et à commenter tel ou tel élément architectural ou décoratif. La deuxième semaine, par exemple, leurs journées consistaient à faire de la recherche en bibliothèque le matin, puis ils sortaient visiter différents sites en après-midi. Les jeunes voyageurs logeaient alors au Centre international d’études des patrimoines, à Saint-Christophe-en-Brionnais. Le lieu abrite une bibliothèque sur la période médiévale ainsi qu’un riche centre de documentation relatif aux églises romanes de Bourgogne.
Durant son séjour, le groupe de médiévistes a visité les sites sous la conduite du professeur Didier Méhu, du Département des sciences historiques de l’Université Laval. Les étudiants ont fait des présentations orales d’œuvres d’art étudiées in situ, notamment des chapiteaux et des tympans. En équipes, ils ont étudié l’architecture de telle ou telle église pour ensuite faire une présentation par groupe. Une fois revenus au Québec, ils ont produit un travail écrit sur l’église qu’ils ont étudiée individuellement.
Le clocher de l’église priorale d’Anzy-le-Duc
Perrecy-les-Forges, Bois-Sainte-Marie, Anzy-le-Duc: autant de noms de lieux pittoresques où les étudiants ont approfondi leurs connaissances de l’art roman en se penchant sur l’église romane locale. Thomas Pearson a particulièrement apprécié l’église priorale Notre-Dame-de-l’Assomption d’Anzy-le-Duc. «Le clocher octogonal est exemplaire, soutient-il. Cet édifice est super riche au niveau architectural. Je le regarde aujourd’hui et j’aimerais aller me rasseoir là un après-midi.» Janick Gagnon, quant à elle, affirme que la collégiale Saint-Hilaire de Semur-en-Brionnais l’a le plus marquée. «Cet édifice est celui que j’ai étudié personnellement, explique-t-elle. La voûte en berceau fissurée et posée sur des arcs brisés est romane, mais ces arcs réfèrent généralement au style gothique. Le voyage en Bourgogne a montré que toutes les églises romanes sont uniques.»
L’abside de la chapelle des moines
La première semaine, les deux étudiants ont été frappés par la beauté de deux lieux de culte. D’abord, par les fresques de l’abside de la chapelle des moines de Berzé-la-Ville. Ensuite, par l’un des tympans de la cathédrale Saint-Lazare d’Autun.
Dans le premier cas, les fresques réalisées au 12e siècle sont considérées comme le plus important spécimen de la peinture romane en Bourgogne. Le Christ est représenté en majesté dans sa mandorle, entouré d’apôtres, de saints et d’évêques. L’ensemble comprend également neuf bustes de saints.
«Dans la coupole, on voit un alignement entre le Christ en ascension et la lumière», souligne Thomas Pearson. Selon Janick Gagnon, la petite chapelle située dans un décor champêtre fait de vignes et de champs cultivés au loin est «magnifique». «Il y a vraiment un dialogue iconographique entre le Christ et les apôtres», ajoute-t-elle.
Le Jugement dernier
L’étudiant dit avoir été marqué par la cathédrale Saint-Lazare. «Cette église est riche en sculptures, dit-il. J’ai fait la présentation du chapiteau de la Fuite en Égypte. Le tympan qui représente le thème du Jugement dernier m’a impressionné avec le Christ qui t’observe de haut, et qui juge qui va aller au paradis ou n’ira pas. Le tympan est cité en exemple dans tous les livres sur l’art roman. Il est massif avec ses six mètres de large.»
L’étudiante précise que le Christ a, à sa droite, les élus et, à sa gauche, les damnés. Ces personnages sont encadrés respectivement par saint Pierre et par l’archange saint Michel. «Le but, explique-t-elle, est de faire réfléchir chaque personne qui passe par le portail aux péchés qu’elle commet, comme l’avarice ou la luxure. Les damnés sont mis en opposition avec les élus, tous ceux qui sont davantage pieux, avec un accent mis sur les conséquences dans l’au-delà de leur piété.»
Une vidéo promotionnelle
Le voyage en Bourgogne comprenait un volet son et images. Deux créateurs de contenus audiovisuels du Service du développement professionnel (SDP) ont suivi le groupe durant son périple. L’un d’eux était Louis-Vincent Aubert.
«Nous avons été témoins, au niveau de l’image, de ce qu’ont vécu les étudiants, explique ce dernier. L’objectif de la vidéo consiste à faire connaître les écoles d’été de l’Université et à donner le goût d’y participer.»
Les vidéastes du SDP n’ont pas fait de photos durant le séjour. Ils ont consacré tout leur temps à filmer. En tout, ils ont réalisé environ 10 heures de tournage.
«On ne filmait pas l’architecture et on a à peine filmé des chapiteaux et des tympans, indique Louis-Vincent Aubert. Nous avons plutôt filmé les interventions, les sourires, les interrogations, les applaudissements, le mystère, la transmission des connaissances. Tous ces regards qui se posent des questions, qui regardent toujours vers le haut, en interaction avec le professeur Méhu. Nous avons développé une très belle complicité avec les étudiants et le professeur. Par ses explications, on imaginait le travail à la main des artisans qui ont construit ces églises. On entendait quasiment le bruit du taillage de la pierre et les bruits des travaux sur le chantier. Le professeur nous a transmis sa passion.»