Cette semaine, des familles des quatre coins du monde convergent vers Québec pour applaudir le succès d'un proche qui reçoit un diplôme. Raymon Dassi, d'origine camerounaise, fait partie des membres de la communauté étudiante internationale ayant le bonheur d'être entourés de leur famille lors de la collation des grades. Toutefois, à la différence de plusieurs, ce ne sont pas ses parents qui sont venus à lui, mais c'est lui qui est allé chercher un être cher. La semaine dernière, il s'est rendu en Italie et en est revenu avec Philippe, âgé de 15 ans, le plus jeune de ses 3 enfants.
«Je suis bien content que Philippe soit là. Il a pu vivre avec moi un moment bien spécial», témoigne avec émotion le nouveau diplômé d'un doctorat en communication publique.
Raymon Dassi a longtemps souhaité faire un doctorat. «C'est dans mon ADN depuis toujours», commente-t-il. Il en a commencé un en 2012, mais a dû l'abandonner en raison de problèmes de santé, du décès de sa mère et de ses responsabilités familiales. En 2020, bien déterminé à concrétiser son vieux rêve, il entreprend à nouveau des études doctorales, qu'il a menées à bien dans le temps imparti. «C'est une grande source de fierté pour moi. Et maintenant, je suis en paix avec moi-même», indique-t-il.
Première visite au Québec
Né au Cameroun, où il a passé les 25 premières années de sa vie, Raymon Dassi a déménagé en Italie pour étudier les sciences de la communication. Pendant ses études là-bas, il a profité d'un programme d'échange pour venir étudier un an à l'Université de Montréal.
«J'ai rapidement aimé la beauté, et la particularité, de la société québécoise. Je suis devenu un promoteur du Québec auprès de mes relations. Au fil du temps, j'ai dû convaincre une cinquantaine de personnes de partir étudier ici, tellement j'en parlais avec enthousiasme et conviction. Toutefois, pour ma part, je ne pensais pas revenir puisque j'étais bien installé en Italie, où je m'impliquais dans des activités politiques», raconte-t-il, précisant qu'il a aussi travaillé un peu en Belgique et un peu au Parlement européen.
«Mais un jour, ajoute-t-il, l'envie de poursuivre des études a dominé tout le reste.»
Comment les élus communiquent-ils sur Facebook?
Dans sa thèse, Raymon Dassi s'est intéressé aux moyens employés par les politiciens pour asseoir leur légitimité démocratique en cours de mandat. Plus précisément, il a analysé environ 3000 billets Facebook de 76 eurodéputés italiens pour déterminer leurs tactiques communicationnelles numériques et voir s'ils cherchent à établir une relation de proximité avec les citoyens.
«Faire de telles recherches, s'exclame-t-il, c'est passionnant et ça a revitalisé ma vie. Pendant des années, j'ai été fonctionnaire en Italie. Je travaillais de jour, sans passion, et j'avais mis une croix sur de nouvelles aspirations professionnelles. Maintenant, je travaille avec dévouement jour et nuit.»
Avec son doctorat en poche, l'homme à l'aube de la cinquantaine a l'impression de vivre une seconde jeunesse. «De nouvelles portes s'ouvrent devant moi: la recherche, l'enseignement, le soutien dans les études… Ça donne de l'adrénaline et j'envisage les prochaines années avec plus d'enthousiasme», confie-t-il.
Un pilier du Centre d'appui à la réussite
Parallèlement à la rédaction de sa thèse, le doctorant a enseigné la méthodologie de la recherche au Département d'information et de communication et participé à la mise sur pied du Centre d'appui à la réussite de la Faculté des lettres et des sciences humaines.
«Ce centre, explique-t-il, offre du mentorat et de l'accompagnement personnalisé aux étudiants des 2e et 3e cycle pour les aider à surmonter les problèmes qu'ils rencontrent durant leur parcours universitaire. Beaucoup d'étudiants ont notamment de la difficulté avec la méthodologie et n'arrivent pas à démêler ce qui est important et fondamental. Nous les aidons à persévérer jusqu'à la diplomation.»
Raymon Dassi a donc de quoi être doublement fier aujourd'hui à la collation des grades de la Faculté des lettres et des sciences humaines. En effet, en plus d'obtenir son propre diplôme, il peut s'enorgueillir d'avoir contribué à la réussite de confrères et consœurs qui reçoivent, à ses côtés, le leur.
Porter fièrement la masse
C'est d'ailleurs cette grande implication auprès de ses pairs, en plus de l'excellence de ses travaux de recherche, qui a convaincu la direction de la Faculté des lettres et des sciences humaines de le nommer porteur de la masse lors de sa cérémonie de collation des grades. «Pour bien remplir mon rôle, je trouvais important d’en savoir plus sur la longue tradition de l’Université Laval. J’ai donc lu sur l’histoire de l’Université, avec ses quatre facultés d’origine, dont deux sont mises à l’honneur au cours de cette cérémonie, et sur l’histoire de la fameuse masse. En connaissant mieux tout ce passé, c’est avec plus d’émotion que j’ai pris la masse dans mes mains», révèle-t-il.
Au nom de tous les diplômés présents lors de cette cérémonie, il a prononcé un discours dans lequel il a choisi de rappeler que toutes les études commencent par un rêve. «Nous caressions, a-t-il dit, le rêve de nous voir octroyer un diplôme en reconnaissance des compétences acquises». Si Raymon Dassi tenait absolument à mettre de l'avant le rêve dans son discours, c'est qu'il constitue l'étincelle indispensable aux études. «Il est important de ne jamais renoncer à l'éducation, peu importe son âge. Il n'est jamais trop tard pour rêver», s'exclame-t-il en espérant que son parcours sera une source d'inspiration pour son fils Philippe.
«Si quelqu'un me demande un jour, monsieur Raymon Dassi, docteur Raymon Dassi, te souviens-tu que ton bonheur est lié à tes études à l'Université Laval, je répondrai avec trois mots très significatifs: je me souviens», a-t-il déclaré dans son discours.
Monsieur Raymon Dassi, docteur en communication publique, vous vous souviendrez certainement que vous avez eu le bonheur d'être entouré de votre fils Philippe, de votre frère Jean-Marie, de votre neveu Harold et de votre cousin Pokam à l'occasion de votre cérémonie de collation des grades.
Voir une vidéo sur la thèse de Raymon Dassi
Témoignage de Jean-Marie Paguy, grand frère de Raymon Dassi
« Nous sommes très fiers que l’Université Laval ait mis ainsi la réussite de mon frère en valeur. Il a parcouru un long chemin depuis l’enfance au Cameroun. Là-bas, on savait déjà qu’il ferait de longues études. Il avait ça en lui. À l’école, il remportait déjà tous les prix et tout le monde le connaissait. Notre mère était une femme très intelligente qui, malgré son talent, n’a pas pu faire d’études. Raymon et moi sommes donc allés à l’école pour lui faire plaisir. Un jour, on a fait le pacte qu’on allait venger notre maman, Kene, en décrochant des diplômes. Raymon a brillamment réussi! On est tous fiers de lui! »