«L’idée derrière les Chantier d’avenir est d’aborder un enjeu social majeur. La crise climatique en est un», explique Marc-André Bourgault, professeur au Département de géographie et responsable du Chantier d’avenir en action climatique lancé l’automne dernier par la direction de l’Université. «On le voit avec tous les rapports du GIEC, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, poursuit-il. Il est clair que l’action est nécessaire pour relever ce grand défi de société. Peu importent les formes d’actions à entreprendre, le Chantier d’avenir est une réponse.»
Le 1er février, le professeur Bourgault a participé à une séance d’information virtuelle sur le Chantier d’avenir en action climatique. Selon lui, une économie de l’action climatique se développe. «Mais, dit-il, la compréhension par les citoyens des concepts en changements climatiques est relativement limitée à tous les niveaux et dans tous les milieux. Il est clair que le nombre de personnes capables de mettre en application les notions d’action climatique est en-dessous de ce qui est nécessaire aujourd’hui. C’est ici qu’intervient le chantier. En outillant les étudiants de façon spécifique, ils pourront, comme diplômés, faire face aux défis avec des actions concrètes.»
Une première cohorte
Dix étudiantes et étudiants composent la première cohorte du Chantier d’avenir en action climatique. Ils proviennent d’horizons divers et chacun apporte une contribution unique au programme. Huit projets sont présentement en marche dans le cadre de cette maîtrise professionnelle sur mesure, fortement interdisciplinaire. Variées, les thématiques abordées vont de la gestion des eaux de pluie au développement d'un site Web à vocation éducative sur les enjeux climatiques, en passant par la bonification de l’offre de services aux entreprises de l’industrie de la mode sous l’angle des enjeux climatiques.
Un des projets s’intitule «Municipalité interconnectée et intermodale». Action transition, un organisme à but non lucratif qui accompagne la transition écologique et fait la promotion d’initiatives citoyennes dans la MRC de la Jacques-Cartier, est le partenaire externe. Un autre projet a pour titre «Bonification de la durabilité de l’offre alimentaire sur le campus universitaire». L’organisation partenaire est Services Campus ULaval. Enfin, un troisième projet s’intitule «Élaboration d’un plan directeur de verdissement». Il est appuyé par Collectif Canopée, un organisme à but non lucratif créé pour répondre aux besoins de verdissement dans les régions de la Capitale-Nationale et de Chaudière-Appalaches.
L’étudiante Astrid Guillaume est inscrite à ce programme. Le 1er février, elle a livré un témoignage lors de la séance d’information virtuelle.
«J’arrivais du marché du travail et je voulais une formation qui apporte des connaissances concrètes, rappelle-t-elle. J’ai fait une session et j’ai vraiment appris beaucoup jusqu’à présent. On travaille sur des cas pratiques, je trouve que c’est plus enrichissant. J’ai gagné en compétence avec ces cours. Mon environnement d’études, lui, est le plus bienveillant que j’aie rencontré jusqu’ici. On est écoutés, soutenus. Je n’ai jamais vu ça ailleurs, cet appui du corps enseignant.»
La plus grave menace
Selon les experts, la crise climatique actuelle constitue la plus grave menace à la santé mondiale, à la biodiversité et à l’équilibre planétaire du 21e siècle. Elle favorise la multiplication et l’intensification des aléas climatiques, ainsi que d’autres changements mondiaux tels que l’acidification des océans, la montée des eaux, l’instabilité atmosphérique et l’intensification des feux de forêt et des ouragans.
Le Chantier d’avenir en action climatique se veut l’une des réponses de l’Université Laval à cette thématique complexe. L’approche proposée réunit des expertises en géographie, en économie, en médecine, en communication marketing du climat, en gestion, en politique, en droit, en santé publique et en environnement. Elle consiste à transformer le sentiment d’urgence climatique en une approche systémique, réflexive et active et vise à développer des compétences transversales chez les étudiants.
Le chantier forme des leaders, des agents de changement capables de saisir la complexité des questions climatiques et d’intervenir adéquatement dans les organisations et les milieux de vie. Ce programme propose une expérience d’apprentissage atypique articulée autour d’un projet dans le milieu, basé sur un cas pratique lié à l’actualité.
Réalisés chacun en collaboration avec une entreprise ou un organisme engagé dans l’action climatique, ces projets mettent à contribution des professeurs de plusieurs facultés.
«Foresterie, Géographie et Géomatique (FFGG), Médecine (FMED), Sciences infirmières (FSI), Sciences sociales (FSS) et Sciences de l’administration (FSA): aucun autre programme d’études offert à l’Université Laval ne réunit autant de facultés, souligne Marc-André Bourgault. Tous les étudiants inscrits au programme bénéficient de cette vision interdisciplinaire.»
Co-enseignement et leadership
Les cours obligatoires du programme sont offerts dans une formule d’enseignement partagée entre deux experts. «Le co-enseignement, indique-t-il, expose l’étudiant à différentes perspectives et permet à l’enseignant de s’exposer soi-même à d’autres thématiques, voire d’autres visions. Chacun a accepté de se vulnérabiliser dans cette approche qui se veut formatrice et bienveillante, même si ce n’est pas toujours confortable.»
Neuf professeurs ont contribué directement à la création du programme, soit Étienne Berthold, Marc-André Bourgault, Robert Beauregard et Nathalie Barrette (FFGG), Isabelle Goupil-Sormany (FMED), Thierno Diallo (FSI) et Martin Dumas (FSS), ainsi que Valériane Champagne-St-Arnaud et Guillaume Pain (FSA). «Tous ont été impliqués depuis le début, il y a environ deux ans, précise le professeur Bourgault. Le nombre de professeurs impliqués actuellement dans le programme est plus élevé.»
Et le leadership? «Notre chantier bénéficie des expertises acquises en amont par les autres chantiers d’avenir, il y a une synergie entre nous, poursuit-il. Ces autres chantiers abordent les thématiques Intelligence et Transformation, Sécurité alimentaire, Équité, Diversité et Inclusion. On bénéficie aussi du Cercle des leaders de l’Université Laval, qui réunit quelques grands leaders québécois inspirants, et du lien fort que nous avons avec l’Institut en environnement, développement et société de l’Université Laval, l’Institut EDS.»
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