Vous ne souriez plus ou n'avez plus envie de voir vos proches? Des pensées négatives vous hantent continuellement? Vous êtes peut-être en dépression. «La dépression doit être distinguée de l'humeur dépressive», souligne d'entrée de jeu Mylène Bussières, psychologue et conseillère spécialisée pour les personnes étudiantes en situation de handicap au Centre d'aide aux étudiants. «Après un deuil ou une rupture amoureuse, c'est normal d'avoir une humeur dépressive. Par contre, la dépression est une maladie qui doit être traitée. La dépression, c'est une tristesse qui conduit à l'inactivité, qui, elle, mène à la déprime. Il s'agit d'un cercle vicieux, mais c'est possible de s'en sortir», affirme-t-elle.
La psychologue proposera d'ailleurs trois stratégies pour vaincre la dépression dans l'atelier «Réactiver sa vie» qu'elle animera le 5 février. Cet atelier en ligne, ouvert à la communauté étudiante, est l'une des nombreuses activités organisées par le comité du Réseau sentinelles dans le cadre de la Semaine de la prévention du suicide. Ce comité est composé de membres issus du Centre d'aide aux étudiants, de Mon équilibre ULaval, de la Direction santé et mieux-être au travail, du Bureau de la vie étudiante et de l'Association du personnel administratif et professionnel de l'Université Laval.
Dans son atelier, Mylène Bussières approfondira, tout d'abord, les facteurs qui influencent l'humeur. «Une situation particulière, comme une perte ou un conflit, peut affecter l'humeur. Les pensées négatives récurrentes et certains comportements, comme le retrait social ou une diminution de l'hygiène personnelle, ont aussi une influence. La physiologie et les émotions qui nous habitent expliquent également des variations de l'humeur. Tous ces facteurs sont associés au développement et au maintien de la dépression et sont interreliés. Par exemple, l'issue d'une situation aura un effet sur notre comportement, qui lui induira des pensées ou des émotions», résume-t-elle, tout en alléguant que nous pouvons avoir un certain contrôle sur notre humeur, notamment en modifiant notre comportement, nos pensées ou une situation qui nous perturbe.
Première stratégie: l'activation comportementale
Se morfondre est une situation délicate et périlleuse pour la santé mentale. Toutefois, on peut se lancer dans l'activation comportementale, une pratique thérapeutique qui peut se mettre en place dans quatre sphères. «Vous pouvez d'abord faire des activités enrichissantes, comme aller au restaurant, au cinéma ou faire de la glissade à Valcartier», illustre Mylène Bussières. Il est également important de ne pas négliger le domaine des soins personnels et celui des tâches de la vie quotidienne. «Avoir les cheveux propres et une chambre rangée, ça fait du bien», s'exclame-t-elle. Finalement, faire des activités sociales est bénéfique. N'hésitez pas à reprendre contact avec vos amis et à aller visiter votre famille.
Deuxième stratégie: la métacognition
La métacognition, c'est penser sur la nature et le contenu de ses propres pensées. «Réfléchir sur ses pensées et reconnaître qu'elles sont dépressives sont un grand pas en avant pour se sortir d'une spirale descendante», soutient-elle en donnant l'exemple d'une amie qui annule un dîner. «Nous pouvons, dit-elle, penser que c'est parce qu'elle ne nous aime pas. Il s'agit bien sûr d'une pensée dépressive. Une pensée réaliste, ce serait de nous dire qu'elle a dû composer avec une urgence.» Or, les pensées négatives fonctionnent comme les pensées positives. «Pensez à la meilleure pizza que vous avez mangée. Juste vous rappeler sa chaleur et sa saveur va générer chez vous des émotions positives, une détente, du plaisir. De la même façon, une pensée dépressive engendre de la mélancolie et du stress, qui entraînent d'autres pensées négatives», explique Mylène Bussières.
Troisième stratégie: la résolution de problèmes
Quand on est triste, on a moins d'énergie et les fonctions cognitives sont moins alertes. Il est alors tentant de fuir devant les problèmes qui causent la déprime. «La situation problématique est constamment en arrière-plan de nos pensées et gruge beaucoup d'énergie. C'est donc important d'y faire face», indique la psychologue, qui propose deux façons standardisées de résoudre des problèmes. Il y a d'abord la balance décisionnelle, qui implique de prendre en compte les avantages et les inconvénients de plusieurs solutions. «Il n'y a jamais de solution parfaite, dit-elle, mais agir devant une situation est déjà une avancée.» La communication non violente est également une bonne manière de résoudre un problème. «Dans une discussion, il faut parler au "je", décrire son émotion et nommer le besoin sous-jacent à cette émotion», résume-t-elle.
Se nourrir de pensées réalistes
Avec une analogie fort évocatrice, la psychologue Mylène Bussières insiste surtout sur le fait qu'il faut apprendre à penser de manière positive. «Pour notre santé physique, nous optons pour une saine alimentation composée de fruits, de légumes, de céréales, de protéines… Pour la santé mentale, il faut prendre soin de notre jardin intérieur et cultiver les pensées réalistes. Des pensées négatives, ça affecte la santé mentale», conclut-elle.
— Mylène Bussières, psychologue et conseillère spécialisée pour les personnes étudiantes en situation de handicap au Centre d'aide aux étudiants
Une programmation pour prendre soin de soi
Outre les ateliers en ligne qui couvrent des sujets comme l'échec et l'anxiété, un éventail d'activités pour améliorer la santé mentale et le bien-être seront présentées sur le campus entre le 3 et le 6 février. Activités de plein air, distribution de chocolats et concert aux chandelles visent à conscientiser la communauté universitaire à l'importance des saines habitudes de vie, mais aussi à la nécessité de s'entourer de douceur, de réconfort et de bienveillance.
Pour en savoir plus sur la dépression et les stratégies pour l'éviter ou la vaincre, inscrivez-vous à l'atelier «Réactiver sa vie», le mercredi 5 février, de 10h à 12h
Consulter la programmation de la Semaine de la prévention du suicide à l'Université Laval
En savoir plus sur le Réseau sentinelles et Les Lucioles, deux initiatives pour aider les personnes en détresse psychologique sur le campus
En savoir plus sur le programme de promotion des saines habitudes de vie Mon équilibre ULaval
En cas de détresse psychologique, contactez le Centre d'aide aux étudiants, le Programme d'aide aux employés (1 800 361-2433) ou le Centre de prévention du suicide de Québec