16 janvier 2024
Une thérapie comportementale contre l'insomnie aussi efficace que les somnifères pour atténuer les manifestations diurnes du manque de sommeil
Élaborée à l'Université Laval, cette intervention contre l'insomnie fait sentir ses effets positifs le jour comme la nuit

Pendant la journée, le manque de sommeil fait sentir ses effets sur l'humeur, la concentration, l'attention, la mémoire, le niveau de fatigue physique et mentale, la qualité des relations interpersonnelles ainsi que sur la capacité d'accomplir son travail et les tâches domestiques, rappelle le professeur Morin.
— Getty Images/People Images
L'une de vos résolutions du Nouvel An est de dormir davantage, mais vous ne voulez pas recourir aux somnifères? Une étude qui vient de paraître dans la revue JAMA Network Open vient ajouter un nouvel élément en faveur d'une approche comportementale qui a déjà fait ses preuves contre l'insomnie. En effet, cette étude démontre que cette thérapie cognitivo-comportementale, conçue par le professeur Charles Morin de l'Université Laval, produit des effets comparables à ceux des somnifères pour atténuer les répercussions diurnes de l'insomnie.
«L'insomnie est un trouble du sommeil, mais ses répercussions se manifestent 24 heures par jour, rappelle le professeur Morin, de l'École de psychologie et du Centre de recherche CERVO de l'Université Laval. Pendant la journée, le manque de sommeil fait sentir ses effets sur l'humeur, la concentration, l'attention, la mémoire, le niveau de fatigue physique et mentale, la qualité des relations interpersonnelles ainsi que sur la capacité d'accomplir son travail et les tâches domestiques.»
La thérapie cognitivo-comportementale (TCC) mise au point par l'équipe du professeur Morin comporte deux volets. Le volet comportemental vise l'adoption d'habitudes de vie propices au sommeil. Par exemple, les personnes sont encouragées à prévoir une période de détente d'au moins une heure avant d'aller au lit, d'éviter les écrans en fin de soirée, d'utiliser le lit exclusivement pour dormir, de se lever si le sommeil ne vient pas après 20 minutes, et de sortir du lit à la même heure chaque matin, peu importe le nombre d'heures dormies la nuit précédente. Quant au volet cognitif, il vise l'acquisition de connaissances favorisant un changement de croyances par rapport au sommeil, par exemple celle voulant qu'il faut absolument dormir au moins 8 heures par nuit pour bien fonctionner pendant la journée.
«Les premières raisons qui poussent les gens qui dorment mal à consulter un professionnel de la santé sont liées aux répercussions diurnes du manque de sommeil, souligne le professeur Morin. Nous avons donc mené une étude pour comparer l'efficacité de la TCC à celle de somnifères sur les répercussions diurnes de l'insomnie.»
Les résultats? Les tests effectués sur 211 personnes souffrant d'insomnie ont révélé que le volet comportemental de la TCC produisait des effets comparables à ceux du somnifère zolpidem sur les symptômes dépressifs, la fatigue, la santé mentale et le fonctionnement quotidien, tout en produisant une plus grande réduction du niveau d'anxiété. L'ajout du volet cognitif de la TCC ou du somnifère trazodone a livré des bienfaits supplémentaires sur différentes composantes du fonctionnement quotidien.
Même si les deux approches ont des effets comparables, le traitement de l'insomnie devrait inclure une composante comportementale, estime le professeur Morin. «Les somnifères produisent des effets à court terme, mais dès qu'on cesse la médication, l'insomnie revient. Avec la thérapie cognitivo-comportementale, il faut être patient, mais les gains obtenus sont durables. Une approche combinée pourrait être adéquate, mais il faut bien encadrer les patients parce que la facilité de recourir aux somnifères peut nuire aux efforts qu'il faut investir dans la TCC.»
Les autres chercheurs de l'Université Laval qui ont signé l'étude parue dans JAMA Network Open sont Si-Jing Chen, Hans Ivers, Simon Beaulieu-Bonneau, Bernard Guay, Lynda Bélanger et Manon Lamy.