«On espère que les travaux réalisés pour le tramway vont être très utiles et qu'ils vont pouvoir être repris le plus vite possible. L'Université Laval est l'une, sinon la seule université de sa taille au Canada qui ne bénéficie pas d'un réseau de transport structurant.» La rectrice Sophie D'Amours ne s'en cache pas: son appui au projet de tramway dans la capitale est indéfectible depuis le début.
«Les étudiantes et les étudiants, lorsqu'ils peuvent vivre dans une ville où il y a du transport collectif, ont plus de chance de persévérer, de réussir, de s'inscrire à l'université et de poursuivre leurs études. Le transport collectif fait partie des conditions d'accessibilité aux études, a-t-elle déclaré lors du lancement du Rapport à la communauté. Et quand les jeunes apprennent à utiliser le transport en commun, les chances qu'ils poursuivent cet usage à plus long terme sont très grandes. Il est essentiel pour l'Université Laval d'avoir cette infrastructure le plus tôt possible et nous avons bien l'intention de l'expliquer aux nouveaux porteurs du projet», a-t-elle ajouté en réaction à la décision du gouvernement du Québec de mettre un frein au projet tel que piloté par la Ville de Québec.
Repenser les déplacements et les interconnexions
René Lacroix, vice-recteur aux infrastructures et à la transformation, refuse de parler du tramway au passé. «C'est vraiment beaucoup plus que des rails!», lance-t-il en entrevue. «Pour nous, ça a été l'occasion de repenser l'aménagement du campus, de revoir tous les modes de déplacements, de favoriser l'intermodalité et de planifier la construction de pavillons dans les stationnements pour diminuer notre empreinte d'asphalte. Nous avons des stations de vélos, des personnes qui circulent à pied, des véhicules automobiles, des autobus des réseaux de transport en commun, sans compter le service d'autopartage Communauto, et le tramway s'ajoutait à l'offre. Nous étions en train de revoir tous les parcours, d'évaluer comment bien s'interconnecter avec la Ville.»
Le tramway a l'avantage «de transporter un grand nombre de personnes à l'heure», enchaîne le vice-recteur. «Si nous souhaitons faire l'équivalent avec des autobus, ils vont s'aligner sans arrêt matin et soir sur le campus. Et nous allons ensuite générer plus de trafic que nous en avons actuellement», plaide René Lacroix.
La rectrice a rappelé avoir accepté, dès son premier mandat, de décaler les horaires de cours pour alléger la circulation durant les travaux. «À l'époque, j'ai répété dans l'espace public qu'il ne fallait pas décaler les horaires pour qu'il y ait plus de voitures. Si les gens trouvent plus confortable de venir en automobile, on n'a pas réussi notre effort. On s'est engagé, comme université d'impact, à contribuer à la réduction des gaz à effet de serre, et la solution d'un transport collectif structurant est importante, elle s'ancre dans une contribution au développement durable», insiste Sophie D'Amours.
Cinq ans de travail «rigoureux»
Le vice-recteur se montre très inquiet de la suspension du projet après tous les efforts déployés depuis 2018. «Ça fait cinq ans que l'Université Laval travaille avec le Bureau de projet de la Ville et le RTC de façon rigoureuse, sérieuse, assidue, pour s'assurer que nous soyons capables de livrer.»
René Lacroix rappelle que le choix du tramway est «ancré dans la science sur les déplacements». Beaucoup de questions ont été soulevées, dit-il, avec les membres de la communauté, avec des spécialistes, dont certains experts de l'Université.
«Un investissement de cette nature, nous le faisons pour plusieurs dizaines d'années, nous devons nous projeter. C'est un projet super pour notre société, pour l'université, je trouve ça dommage que l'on recule», se désole le vice-recteur. La situation envoie aussi un drôle de message à la communauté étudiante qui s'est battue pour obtenir le Laissez-passer universitaire de transport collectif de Québec et de Lévis, rappelle-t-il.
René Lacroix soutient que priver Québec du projet de tramway «revient à nous priver collectivement de la mobilité durable de milliers de personnes étudiantes, de membres du corps professoral et membres du personnel de tous les établissements d'enseignement supérieur de la région».
La direction de l'Université Laval fait savoir qu'elle poursuit par ailleurs ses échanges avec les parties prenantes concernées dans le chantier du tramway, afin de faire valoir autant son point de vue que son expertise, et pour continuer son engagement à créer des milieux de vie, d'étude, de recherche et de travail durables.