
— Samuel Tessier
«Durant la course au rectorat de 2022, j’ai beaucoup échangé avec les étudiantes et les étudiants et j’ai réalisé à quel point la pandémie de COVID-19 avait changé nos habitudes, notamment la vie associative. Ce premier Sommet étudiant de l’Université Laval vise à permettre aux étudiantes et aux étudiants de réfléchir sur comment elles et ils voient l’avenir de leur université et comment elles et ils se projettent dans l’avenir. Je suis convaincue que le Sommet va enrichir nos vies personnelles et que le dialogue entre la direction et les associations étudiantes va continuer.»
C’est par ces mots que la rectrice Sophie D’Amours a donné le coup d’envoi du point de presse qui a eu lieu, le mercredi 6 septembre, dans un Grand Axe particulièrement animé. La rencontre visait à annoncer la tenue, du 16 au 20 octobre sur le campus, du premier Sommet étudiant de l’Université Laval. Pour rappel, un tel événement était l’une des actions structurantes de la plateforme électorale de la rectrice lorsqu’elle sollicitait un second mandat en 2022.
Prenant ensuite la parole, la vice-rectrice aux études et aux affaires étudiantes, Cathia Bergeron, a rappelé que la formule et le contenu du Sommet ont été pensés et organisés par la Confédération des associations d’étudiants et étudiantes de l’Université Laval (CADEUL) et l’Association des étudiantes et des étudiants de Laval inscrits aux études supérieures (AELIES), en collaboration notamment avec le Bureau de la vie étudiante.
Qualifiant le Sommet de «nécessaire», elle a précisé que la direction de l’Université entend donner une voix aux enjeux qui touchent toutes les sphères de la vie universitaire. Selon elle, les cinq thématiques au programme ont un point commun: l’appui à la réussite. «Je m’engage auprès de vous, a-t-elle dit, à vous écouter et à vous soutenir pour faire en sorte que tout le monde chemine avec des conditions d’études optimales. Les idées nouvelles qui jailliront du Sommet permettront de redéfinir notre université. Elles feront en sorte que le parcours universitaire soit inoubliable, unique.»
Cinq thématiques aux multiples enjeux
Ces thématiques sont la santé mentale, la santé financière, le campus inclusif, les aspects pédagogiques et les services à la communauté. Lors du Sommet, la communauté étudiante se prononcera chaque jour sur une thématique différente, sous forme d’ateliers de discussion et de séminaires. Voici les cinq contextes, en résumé.
Dans les dernières années, des données inquiétantes sur la santé mentale des étudiantes et étudiants à l’enseignement supérieur ont incité la mise sur pied de nombreuses initiatives sur le campus.
L’augmentation du coût de la vie met une grande proportion d’étudiantes et d’étudiants dans une situation financière précaire. Pour subvenir à leurs besoins, plusieurs jonglent avec le travail et les études, et resserrent leur budget, sacrifiant souvent leur confort et leur alimentation.
L’Université rassemble des milliers d’étudiantes et d’étudiants de tous horizons. Chaque personne doit pouvoir s’épanouir dans un milieu exempt de discrimination et de préjugés, peu importe son âge, son genre, ses origines, sa situation familiale, sa situation de handicap ou son statut socioéconomique.
Les modalités de cours et les méthodes pédagogiques ont changé durant la pandémie, et c’est maintenant au tour de l’intelligence artificielle d’exercer son influence. L’enseignement et l’encadrement des études ne satisfont pas toujours les attentes des étudiantes et des étudiants.
L’Université Laval regorge de services consacrés à la communauté universitaire, sur le campus ou à distance. Plusieurs d’entre eux sont bien connus des étudiantes et des étudiants, mais d’autres services restent encore à découvrir.
«Je pense que le Sommet ne va apporter que de bonnes choses»
James Boudreau est inscrit au baccalauréat en science politique. Il est aussi président de la CADEUL, laquelle représente plus de 35 000 étudiantes et étudiants au premier cycle. En marge de l’annonce du 6 septembre, il dit avoir été surpris, comme ses collègues du comité directeur de la CADEUL, par l’initiative de la direction universitaire, «mais très content». «Nous sommes certainement enthousiastes devant cette initiative, affirme-t-il. Je pense que le Sommet ne va apporter que de bonnes choses. Les étudiants ne savent pas trop où aller pour faire entendre leur voix. Le Sommet sera le meilleur moment pour le faire. Le fait qu’il durera une semaine démontre l’intérêt de la direction. Ils sont vraiment à l’écoute.»
Selon le président, les étudiants du premier cycle ont de grandes attentes. «Le plan d’action 2023-2024 de la CADEUL contient une cinquantaine d’orientations, poursuit-il. Plusieurs dossiers sont d’envergure nationale, d’autres d’envergure provinciale. Nos priorités locales touchent notamment la précarité financière et le logement abordable. Nous en parlons depuis quelques années. Il y a aussi la question de la santé psychologique. Nous souhaitons que le Centre d’aide aux étudiants puisse mieux répondre aux nombreux besoins exprimés par les étudiants.»
Lors du point de presse, James Boudreau a expliqué que le sommet était, pour la CADEUL, «un symbole de participation en vue de construire ensemble un avenir prometteur pour notre université». «On va s’asseoir ensemble, en concertation, durant cinq jours pour réfléchir et échanger sur des enjeux qui sont mobilisants, a-t-il poursuivi. La population étudiante aura la chance de s’impliquer dans la construction de notre campus de demain. Venez partager vos aspirations, votre vision, votre expérience. À notre tour de prendre la parole.»
«Une occasion de discuter directement avec les instances»
Frank Kenfack Jumetio est inscrit à la maîtrise en agroéconomie. Il est également président de l’AELIES, laquelle représente environ 15 000 étudiantes et étudiants aux cycles supérieurs, dont 26% proviennent de l’international. En marge du point de presse, il a déclaré être très heureux de cette initiative qui représente «une occasion de discuter directement avec les instances». Il insiste sur le fait que le Sommet s’étale sur cinq journées. «Nous aurons plus de temps pour discuter et plus de chances pour trouver des solutions, explique-t-il. L’ampleur de l’événement montre qu’il s’agit d’une priorité pour la rectrice. Celle-ci nous met en situation de confiance. Elle va nous écouter pour résoudre les problèmes qui seront soulevés.»
L’un des dossiers prioritaires de l’AELIES est la construction de logements abordables sur le campus. «Nous avons un préaccord à ce sujet avec l’Unité de travail pour l’implantation de logement étudiant, une entreprise d’économie sociale, indique le président. Avec une capacité d’accueil prévue d’au moins 250 unités, ces logements prendront en compte les réalités de certaines communautés étudiantes, comme les parents-étudiants. L’un des termes du préaccord est que l’Université nous fournisse le terrain pour la construction de ces logements.»
Un autre dossier prioritaire est celui du statut temps plein aux études supérieures à l’Université Laval. «Contrairement à la plupart des autres universités du Québec, souligne Frank Kenfack Jumetio, il faut être inscrit à 12 crédits de cours pour avoir ce statut. Il ne fait aucun doute que cela a des conséquences négatives sur la santé mentale des étudiantes et des étudiants en raison de la charge des cours. La réduction de la charge de travail qui résultera de la baisse du nombre de crédits pour le statut temps plein permettra d’enrichir l’expérience étudiante à l’Université Laval, car les étudiantes et étudiants pourront consacrer plus de temps à l’implication, au bénévolat, et aux activités parascolaires.»
Enfin, l’AELIES a la volonté de mettre sur pied une halte-garderie qui offrira ses services exclusivement aux parents-étudiants de l’Université. Elle aura la particularité d’avoir des horaires atypiques, contrairement aux garderies du campus. Elle pourra ainsi mieux s’adapter aux horaires des parents-étudiants.