Inscriptions à la hausse, développement numérique en accéléré, formation d'une relève régionale hautement qualifiée et très attendue sur le marché... L'Université Laval prend part aux changements et profite de la conférence de presse de la rentrée pour joindre sa voix au mouvement des universités québécoises qui demandent un rehaussement équitable de leur financement. Sur le milliard de dollars réclamés collectivement, quelque 140 M$ lui permettraient de faire face aux nouveaux enjeux de société, estime la rectrice Sophie D'Amours.
«On ne veut pas réparer le passé, on veut préparer le futur», a-t-elle lancé le 5 septembre. Sur fond d'activités d'accueil pour quelque 55 000 membres de la communauté universitaire sur le campus, la rectrice et son équipe étaient réunies à l'atrium du pavillon Charles-De Koninck. La direction a interpellé les gouvernements provincial et fédéral pour avoir les ressources financières et humaines nécessaires afin de permettre aux établissements d'enseignement supérieur de jouer leur rôle de leader en matière de formation, de recherche et de transferts de connaissances.
Voir le communiqué officiel pour tous les détails
Changer la vie des gens
Alors que la Politique québécoise de financement des universités est en cours de révision, c'est un moment charnière, croit Sophie d'Amours. «Il se fait des miracles à tous les jours dans les universités québécoises», a-t-elle indiqué en entrevue à ULaval nouvelles.
En conférence, Eugénie Brouillet, vice-rectrice à la recherche, à la création et à l'innovation, a fait la démonstration de l'impact des nouvelles découvertes scientifiques sur la vie des gens. «En santé, je pense à la récente percée d'une équipe de recherche sur l'Alzheimer, à laquelle participent des membres de l'Université Laval. Leurs travaux pourraient ouvrir la voie à des traitements pour aider à prévenir l'apparition ou la progression de la maladie.»
Elle se désole toutefois que d'autres pays investissent massivement dans la recherche, alors que le Canada stagne. «Les bourses offertes aux étudiants aux cycles supérieurs n'ont pas été indexées depuis 20 ans et les fonds de recherche fédéraux n'ont pas été augmentés depuis quelques années», a-t-elle souligné.
«On a des étudiants qui doivent se concentrer sur leurs études et ils sont en précarité financière. Si on pouvait augmenter le nombre de bourses, ce serait un atout majeur pour les supporter», a renchéri André Darveau, vice-recteur exécutif et vice-recteur aux ressources humaines et aux finances.
Missions spéciales
Sophie D'Amours souhaite un financement «plus prévisible et équitable», alors que certaines universités, dit-elle, ont des besoins plus grands, plus diversifiés et des missions spéciales. Elle donne un exemple parmi d'autres: les facultés des Sciences de l'agriculture et de l'alimentation et de Foresterie, de géographie et de géomatique de l'Université Laval offrent la seule formation en français au pays, sans avoir de reconnaissance particulière dans le système québécois, alors que la pression est importante sur elles.
«Quand on parle de développement technologique, numérique, l'Université Laval est en avance et offre le plus grand nombre de formations à distance. Tous les pays, toutes les nations ont besoin d'universités qui offrent du contenu à distance, sans quoi les étudiants suivent les cours ailleurs. Mais ça exige qu'on investisse dans le développement de cours, dans le contenu de cours, dans la prestation de cours et dans les technologies d'appui, de façon plus importante que nos collègues des autres universités», a aussi illustré la rectrice.
René Lacroix, vice-recteur aux infrastructures et à la transformation, a souligné que 70% des cours possèdent une ou plusieurs composantes numériques et que les infrastructures «se doivent d'être performantes et sécuritaires».
Important pour la ville de Québec
«On parle souvent de Montréal et des régions, mais Québec est une ville importante, on veut en faire la seconde métropole économique. Ça n'arrivera pas si l'Université Laval n'a pas les moyens de se développer», a par ailleurs souligné la rectrice en entrevue. Elle a aussi rappelé qu'il y avait 39 700 postes vacants et un taux de chômage de 2,9% à Québec en 2022, selon l'organisme Québec International.
Alors que 12 972 personnes ont reçu leur diplôme en juin dernier, Monique Richer, secrétaire générale de l'Université Laval, y voit une expertise qui bonifie les rangs des entreprises et organisations d'ici et d'ailleurs.
André Darveau a rappelé que «l'Université Laval, c'est plus de 9500 emplois, un budget annuel de 1,2 milliard$ et une masse salariale de près de 600 millions$». Le vice-recteur a ajouté que chaque étudiant de l'international (ils sont quelque 6400, une hausse de plus de 20%) investit entre 30 000$ et 40 000$ dans l'économie régionale, sans compter les retombées des matchs du Rouge et Or et autres activités issues du campus.
Du soutien qui a un coût
Pour les 47 426 étudiantes et étudiants inscrits à la rentrée 2023, un nombre record, Cathia Bergeron, vice-rectrice aux études et aux affaires étudiantes, responsable de la santé, souhaite offrir un parcours de qualité, adapté aux transformations du monde d'aujourd'hui. «Je pense, par exemple, aux avancées récentes en intelligence artificielle, notamment la démocratisation des robots conversationnels comme ChatGPT. Nous croyons qu'il faut faire preuve d'ouverture et d'adaptation pour continuer à mieux comprendre cette réalité nouvelle, complexe, et s'outiller pour y faire face de manière éthique et responsable.»
Soutien psychologique, aide pédagogique et d'orientation, requalification en emploi alors que les parcours professionnels n'ont plus rien de linéaire, intégration et soutien aux étudiants et aux étudiants de l'international… «tout cela a un coût», a martelé Cathia Bergeron.
François Gélineau, vice-recteur aux affaires internationales et au développement durable, responsable de l'EDI et de la philanthropie, a pour sa part annoncé le lancement d'un Fonds d'action climatique, en partenariat avec Coop Zone et la Caisse Desjardins de l'Université. Il soutiendra financièrement des initiatives des membres de la communauté universitaire pour le climat.
«Le Québec doit s'assurer de donner aux universités les capacités de s'engager dans leur transformation, les capacités aussi d'agir pour répondre aux nouveaux enjeux de notre époque, qu'ils soient sociaux, environnementaux ou technologiques», a conclu Sophie D'Amours.