Il y a mille et une façons de faire du bénévolat dans sa communauté: entraîner une équipe sportive, faire une campagne de financement, aider des personnes aînées, participer au conseil d'administration d'un OBNL, s'impliquer dans un CPE… Une expérience formatrice qui permet de développer toutes sortes d'habiletés personnelles et professionnelles.
C'est ce que met en lumière un nouveau cours en ligne de trois crédits qui vise à valoriser l'engagement social à l'extérieur du campus. Il sera offert aux étudiantes et aux étudiants du 1er cycle et du 2e cycle dès la session d'automne 2023.
Il existe déjà une reconnaissance pour l'implication étudiante, indique Luc Audebrand, titulaire de la Chaire de leadership en enseignement sur l'engagement social et directeur scientifique de la Démarche d'engagement social à l'Université Laval. Ceux et celles qui œuvrent dans une association étudiante, par exemple, peuvent aller chercher quelques crédits après avoir rédigé un rapport. Cette innovation dans le milieu universitaire était une première étape, dit le professeur à la Faculté des sciences de l'administration, qui souhaitait aller encore plus loin.
«Je voulais valoriser ce qui se fait hors campus pour deux raisons. De plus en plus d'étudiantes et d'étudiants ne quittent pas leur domicile et ne peuvent pas s'investir de la même façon à l'Université. Et la communauté étudiante vieillit, surtout au deuxième cycle; il y a une diversité de gens, des mères et des pères monoparentaux, qui s'impliquent en dehors de leurs études.»
Quatre-vingt-dix heures d'implication préalables
Le cours proposé n'est pas comme les autres, prévient le professeur Audebrand, qui y travaille depuis des mois avec Gabriel Huot, responsable administratif de la Démarche d'engagement social. Pour s'inscrire, il faut avoir réalisé une expérience de bénévolat d'un minimum de 90 heures, au courant de l'année et demie précédente, ou avoir accompli 75% de ces heures pour finir le quart restant durant la session.
Ce prérequis a été établi en fonction d'une donnée de Statistique Canada selon laquelle les jeunes de 15 à 24 ans comptent en moyenne 86 heures de bénévolat annuellement.
Des capsules pédagogiques et des lectures complémentaires viennent bonifier cette expérience personnelle. «Le but est d'accompagner les étudiants, de les faire réfléchir à leur expérience», indique Gabriel Huot. «C'est un nouveau cours qui se base sur l'idée qu'on peut apprendre à travers l'engagement social dans sa communauté. Avec les bons outils, on peut se développer et grandir de tout ça», poursuit Luc Audebrand.
Savoirs universitaires et communautaires
Cette formation, dit-il, s'appuie non seulement sur les connaissances universitaires, mais aussi sur celles du milieu, comme des représentants de Centraide ou des centres d'action bénévole, qui célèbrent en ce moment même la Semaine de l'action bénévole.
Le cours démontre que l'engagement social est une occasion d'acquérir des savoirs, du savoir-être, du savoir-faire et du savoir-agir (la capacité à mobiliser les trois premiers savoirs dans l'action). «C'est un parcours en cinq thèmes avec deux moments de réflexion, précise le professeur Audebrand. Après les premiers modules d'apprentissage, l'étudiant remet un rapport rétrospectif sur sa compréhension de l'expérience vécue. Et après les modules suivants, il se positionne dans le futur, comment peut-il continuer, améliorer, bonifier, recadrer son engagement dans un rapport prospectif.»
Maillage entre cours
L'engagement social enrichit les autres disciplines, croient Luc Audebrand et Gabriel Huot, persuadés que les étudiants pourront faire du maillage avec d'autres cours.
«En histoire, par exemple, on peut voir comment des gens engagés dans le passé ont réussi à faire des changements historiques importants», illustre le professeur. Côtoyer des personnes marginalisées ou en situation d'itinérance durant des études en médecine peut donner une autre perspective et colorer la pratique professionnelle plus tard, renchérit Gabriel Huot.
Tout ce bagage a une valeur. «En arrivant sur le marché du travail, on n'a pas tant d'expérience. Mais à travers nos actions bénévoles, on a développé des habiletés communicationnelles ou des habiletés de gestion, du leadership», énumère le responsable administratif de la Démarche d'engagement social.
Il ajoute que les conseillers et les conseillères du Service de développement professionnel (SDP) peuvent aider les étudiants et les étudiantes à mettre en valeur ces expériences d'engagement, que ce soit dans un curriculum vitae ou durant une entrevue. Et pour ceux qui cherchent une cause, le SDP peut les accompagner.
«C'est une manière pour l'Université d'encore plus s'intégrer dans sa communauté, en créant des liens avec des organismes», souligne le professeur Audebrand.
«Le nouveau cours s'inscrit à l'intérieur de la mission universitaire, c'est très formateur. Et ça fait une boucle: on s'engage, on apprend des choses, on est davantage sensibilisé, ça donne le goût de se réengager, on apprend encore… C'est un cercle vertueux», conclut Gabriel Huot.