Cesser de prendre des statines apporte une amélioration substantielle à la qualité de vie des personnes qui ont des symptômes musculaires associés à cette médication. C’est ce que rapporte une équipe de recherche de l’Université Laval dans une étude qui vient d’être publiée par la revue Quality of Life Research.
«Environ 10% des personnes qui prennent des statines pour abaisser leur taux de cholestérol rapportent des symptômes musculaires associés à cette médication», signale le premier auteur de l’étude, Paul Peyrel, doctorant en kinésiologie à la Faculté de médecine de l’Université Laval et au Centre de recherche de l'Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec.
«Ces symptômes sont très variables, poursuit-il. Il peut s’agir d’une simple sensibilité au toucher, de douleurs musculaires, de courbatures ou de crampes. Chez plusieurs personnes, les symptômes sont légers, mais on trouve aussi des gens qui en arrivent à avoir de la difficulté à soulever une tasse de café. »
Afin de documenter l’effet de ces symptômes sur la qualité de vie, les chercheurs ont recruté 62 personnes qui prenaient des statines. Du nombre, 47 ressentaient des symptômes musculaires qu’elles liaient à leur médication. Leur qualité de vie a été évaluée au moment de leur recrutement ainsi que deux mois après l’arrêt de la médication.
Les chercheurs ont constaté que l’arrêt des statines a conduit à une amélioration de la qualité de vie des participants, mais uniquement dans le groupe qui rapportait des symptômes musculaires associés à la médication. «Cette amélioration était de 13% pour la composante physique de la qualité de vie et de 5% pour la composante mentale. L’envers de la médaille est que leur taux de mauvais cholestérol a augmenté de 69%», précise Paul Peyrel.
L’étude des symptômes musculaires associés à la prise de statines est compliquée par le fait qu’il s’agit de problèmes autorapportés dont l’existence et l’intensité ne peuvent pas être confirmées par des marqueurs biochimiques. «Il a été démontré qu’il existait un effet nocébo pour les symptômes musculaires associés aux statines, précise le doctorant. Ainsi, dans certaines études, ces symptômes ont été rapportés par des sujets qui croyaient prendre des statines, alors qu’on leur donnait un placebo, c’est-à-dire un produit sans activité pharmacologique.»
Certains résultats de l’étude menée par l’équipe de l’Université Laval suggèrent que ces symptômes musculaires ont des effets bien réels. «Même si un effet nocébo était présent, les professionnels de la santé doivent prendre ces symptômes en considération parce qu’ils peuvent affecter la qualité de vie des patients.»
Au Québec, plus de 900 000 personnes prennent des statines. «Le but premier de ces médicaments est d’abaisser le risque de survenue d’événements cardiovasculaires chez des personnes qui présentent des facteurs de risque, rappelle Paul Peyrel. Il est préférable d’ajuster le dosage des statines ou de changer de classe de médicaments plutôt que de laisser des personnes composer avec des symptômes musculaires qui risquent de les conduire à cesser leur médication.»