
— GETTY IMAGES/BERNARD BODO
Une préparation pour mieux comprendre le marché du travail au Québec. Un accompagnement pour décrocher un premier emploi et développer un réseau de contacts. Voilà les objectifs d'un projet en devenir entre l'Université Laval et le Secrétariat à la Capitale-Nationale pour faciliter l'intégration professionnelle des étudiants de l'international inscrits à la maîtrise et au doctorat. Une occasion d'offrir aux entreprises de nouveaux talents dans un contexte de pénurie de main-d'œuvre.
«On sait que les étudiants de l’international qui veulent rester au Québec après leurs études ont des défis supplémentaires pour intégrer le marché du travail et qu'ils prennent un peu plus de temps que les autres pour y parvenir», indique André Raymond, directeur du Service du développement professionnel à l'Université Laval.
Il s'appuie sur les chiffres d'une enquête annuelle effectuée auprès des diplômés en collaboration avec la firme Léger. Pour la cohorte 2021-2022, 13% des répondants issus de l'immigration n’étaient ni à l'emploi ni aux études, contre 5% chez ceux de citoyenneté canadienne. Parmi les diplômés en recherche d'emploi ou au chômage, la proportion passe à 9% chez ceux de l'international, contre 2% chez les locaux.
— André Raymond
Les raisons? «Les étudiantes et les étudiants de l'international sont moins nombreux à avoir une expérience de travail canadienne, alors que beaucoup d'étudiants, toutes origines confondues, disent avoir joint un employeur pour lequel ils avaient déjà travaillé dans le passé», explique André Raymond. Il ajoute que pour les gens de l'international, le réseau de contacts est aussi souvent moins développé.
Une subvention de 408 000$ sur trois ans du Secrétariat à la Capitale-Nationale permettra à son service d'augmenter les ressources pour accompagner cette clientèle dans ses démarches professionnelles. Une partie de ce soutien financier ira aussi à la promotion et au recrutement d'employeurs du secteur public ou privé qui créeront des postes occasionnels rémunérés pour ce type d'embauche. Le directeur du Service du développement professionnel parle d'emplois «qualifiants». «On entend par là une expérience de travail qui demande des compétences de niveau universitaire.»
Le démarchage auprès des employeurs est déjà commencé. «Cette semaine, en collaboration avec Québec international, on a donné un webinaire sur l'embauche d'étudiants internationaux. On a eu au-dessus de 80 entreprises qui se sont inscrites. Historiquement, on le fait depuis un certain nombre d'années», mentionne André Raymond.
Pas juste des connaissances théoriques
À travers ce projet, il souhaite aussi «démystifier» les compétences des étudiants aux cycles supérieurs. «Il y a certains préjugés dans le marché du travail sur les gens inscrits à la maîtrise et au doctorat, qui sont perçus comme ayant un bagage plus théorique et moins appliqué. Mais ils ont développé de belles capacités, notamment en gestion de projets. Dans un contexte de rareté de main-d'œuvre, il est important d'ouvrir les perspectives, puis d'aller puiser dans des bassins de gens qui ont des profils un peu différents et qui peuvent certainement être pertinents pour les organisations.»
Plus de 8000 étudiants de l'international ou résidents permanents sont inscrits annuellement à l'Université Laval, ce qui représente 14% de la clientèle. Selon une enquête récente produite par la firme Léger pour le compte de Québec International, la moitié des étudiants de l’international dans région de Québec ont un emploi. «Il y en a quand même 50% qui ne travaillent pas», souligne André Raymond. Il ajoute que parmi les raisons de venir étudier au Québec, 19% des répondants ont évoqué les «opportunités professionnelles».
L'enquête publiée en décembre révèle par ailleurs que près de la moitié songe à demeurer dans la province après leurs études, et que la majorité de ces gens aimerait s'établir dans la ville de Québec et ses environs.
«L'idée, c'est de leur donner les meilleures chances de le faire, c'est de ne pas échapper ceux qui sont aux études ici et font le choix de vouloir rester», conclut le directeur du Service du développement professionnel de l'Université.