«Je suis quelqu’un qui aime beaucoup les défis, souligne la directrice du Service des activités sportives (SAS) de l’Université Laval, Julie Dionne. Cela vient probablement de toutes mes années dans le sport comme joueuse de basketball et comme entraîneuse-chef. Si je ne sentais pas que le service peut aller plus loin, je ne serais plus ici. Je sens que mon équipe et moi pouvons amener le service à un autre niveau. En continuant à nous surpasser. Savoir que plein de nouveaux défis m’attendent me motive à tous les jours. Une autre motivation vient de mon équipe, que je n’hésite pas à qualifier d’exceptionnelle. J’ai pratiqué des sports d’équipe, je suis une fille d’équipe. C’est important le travail d’équipe.»
Durant ses études, Julie Dionne a d’abord joué pour les Dynamiques du Cégep de Sainte-Foy, l’équipe féminine de basketball collégial AAA. Une fois arrivée à l’Université Laval, elle a joint les rangs de l’équipe Rouge et Or dans la même discipline. De 1997 à 2002, cette joueuse étoile est devenue un pilier de son équipe. Au terme de sa première année, elle était choisie pour faire partie de l'équipe d'étoiles des recrues au niveau canadien. Comme étudiante, elle a été chercher un baccalauréat en traduction avant d’obtenir un diplôme en communication publique.
Une fois sur le marché du travail, Julie Dionne fait ses premières armes comme entraîneuse-chef dans une école secondaire de Québec. Suit le Cégep de Sainte-Foy, où elle dirige les Dynamiques pendant cinq ans. Elle a conduit cette formation aux grands honneurs à trois reprises en championnat canadien. Ses responsabilités familiales l'amènent à se tourner vers la gestion. Elle a occupé pendant trois ans le poste de directrice générale du Réseau du sport étudiant du Québec de la région de Québec et Chaudière-Appalaches. En 2016, elle revient à son alma mater comme directrice adjointe et responsable du programme d’excellence sportive Rouge et Or. Puis, en 2018, elle devient la première femme et la cinquième personne à occuper la direction du Service des activités sportives de l’Université Laval.
Le coaching au féminin
«Comme joueuse du Rouge et Or, j’ai été élue capitaine de mon équipe, rappelle-t-elle. J’avais un leadership naturel. Dans mon travail, je combine mes deux passions: la gestion et le sport. Les qualités que j’ai développées durant toutes ces années par la pratique du sport m’ont menée ici. Et ma capacité de leadership m’aide.»
La directrice du SAS souligne la chance qu’elle a eue d’être dirigée par des femmes durant son parcours d’étudiante-athlète. «Encore aujourd’hui, explique-t-elle, les entraîneuses sont peu nombreuses. Toutes les équipes féminines Rouge et Or sont actuellement dirigées par des hommes. À l’échelle canadienne, je dirais qu’environ 85% des équipes féminines universitaires sont entraînées par des hommes.»
Sonia Ritchie, au cégep, et Linda Marquis, à l’université, ont été de beaux modèles lorsqu’elle était étudiante-athlète. D’ailleurs, Linda Marquis travaille maintenant au SAS comme coordonnatrice d’activités. «Les joueuses, rappelle la directrice, étaient capables de se confier à ces femmes. Nous passions beaucoup de temps ensemble, ce qui facilitait les échanges. Les entraîneuses entrent plus facilement en relation et elles comprennent mieux la réalité d’une jeune femme.»
Sur le monde assez masculin dans lequel elle évolue, Julie Dionne dit: «Il y a toujours cette volonté, pour une femme, de vouloir faire sa place. Mais il lui faut toujours travailler un peu plus fort pour le faire. J’ai encore cette impression-là.»
Le comité de sélection pour les entraîneurs du programme Rouge et Or comprend une femme. «Quand on ouvre un poste d’entraîneur, ce qui n’arrive pas souvent, parfois on ne reçoit pas de candidatures de femmes, souligne-t-elle. Mais on s’assure d’avoir une femme au comité. Les entraîneurs hommes sont très bons. On essaie de voir comment améliorer la situation des femmes comme entraîneures-adjointes.»
La profession d’entraîneur sportif évolue. «Aujourd’hui, indique-t-elle, le savoir-faire s’accompagne du savoir-être. Un entraîneur peut lire tout ce qu’il veut, être un excellent technicien et praticien sur un terrain. Mais il doit aussi pouvoir gérer le stress des étudiants-athlètes, composer avec l’intelligence émotionnelle, pouvoir faire de la résolution de conflits, être à l’aise avec les relations interpersonnelles.»
Faire avancer la cause des femmes
Julie Dionne se dit choyée d’occuper la position d’administratrice sportive. «Au Québec, poursuit-elle, d’autres femmes le font, mais nous ne sommes pas nombreuses. Dans le réseau universitaire canadien, il y en a plusieurs. Comme elles font le même travail que moi, nous pouvons échanger sur nos expériences. Autant elles sont des adversaires sur le terrain de sport, autant elles restent des collègues que j’apprécie, qui contribuent à faire avancer la cause des femmes et à faire en sorte que nous continuions à prendre notre place.»
Le bilan de son premier mandat, la directrice du SAS le qualifie de «super positif». «J’ai adoré ce que j’ai fait, dit-elle, et je crois être encore plus prête à entamer mon deuxième mandat avec une meilleure connaissance de l’Université et de mon environnement. J’ai vraiment une équipe exceptionnelle qui est capable d’accomplir de grandes choses.»
Comment le Service des activités sportives a-t-il fait face à la pandémie? «Ce fut très difficile, comme service autofinancé, de vivre une crise comme celle de la pandémie, répond-elle. Toutes les informations concernant les contraintes dans le domaine sportif changeaient presque tous les jours et le plus important était de garder notre monde informé le plus possible.»
Plusieurs projets verront le jour au cours des prochaines années. Mentionnons des réflexions sur le membership, un plan de développement de l’expérience-client, un nouveau portail Web pour la clientèle, du développement d’affaires pour aller chercher de nouvelles sources de revenus, la construction d’un nouveau centre de tennis et la rénovation de certaines infrastructures.
«Tout ça en gardant constamment notre équipe mobilisée!», lance-t-elle.