Mercredi, 17 h 30, des étudiants s'installent dans les cuisines rutilantes de l'Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels (INAF), au pavillon des Services. On les invite à se laver les mains et à enfiler un tablier. À peine 20 minutes plus tard, l'odeur de l'oignon et des carottes qui s'attendrissent dans l'huile embaume l'air. Le potage crémeux aux lentilles de corail est en route, première recette d'une trilogie proposée par Virginie Drolet-Labelle, étudiante au doctorat en nutrition.
«Ces lentilles sont des perles roses qui perdent leur couleur à la cuisson, mais elles sont une bonne source de protéine, explique l'animatrice au groupe. Et contrairement aux autres légumineuses, on n'a pas besoin de les tremper, elles sont cuites en 20 minutes.»
Virginie Drolet-Labelle travaille avec le programme des saines habitudes de vie Mon équilibre ULaval depuis l'an dernier. L'idée de départ était d'offrir à la communauté étudiante une activité pour cuisiner, apprendre et socialiser. Elle a créé ces ateliers de A à Z; elle a élaboré des recettes qu'elle change chaque session; elle envoie un sondage après la séance pour savoir si les participants ont aimé et ce qu'elle pourrait améliorer.
«Certains ne savent pas ce qu'est une cuillère à thé et d'autres ont déjà travaillé en cuisine. Je veux rejoindre tout le monde», glisse la nutritionniste qui prépare les ingrédients à l'avance, accompagnée cette fois-ci d'Inès Auclair Mangliar, étudiante à la maîtrise en nutrition. Les participants n'ont qu'à amener leurs contenants réutilisables pour repartir plus tard avec le lunch et la collation du lendemain.
Huit îlots de deux places accueillent les apprentis cuistos chaque semaine durant trois heures. Le 22 février, des étudiants en foresterie, en audiologie, en design d'interaction, en microbiologie et en travail social ont croisé leurs couteaux. Certains en solo, d'autre entre amis ou en couple.
Virginie Drolet-Labelle leur a expliqué comment utiliser les poêles au gaz et les équipements identifiés par un code de couleurs, notamment les planches à découper pour éviter la contamination croisée avec la viande crue. Quant aux déchets et autres épluchures, ils sont compostés ou recyclés sur place. Outre le potage, des barres tendres et un sauté général Tao en plaque, en version végétarienne ou carnée, étaient aussi au programme ce soir-là.
Découvrir la protéine végétale texturée
Le duo de nutritionnistes réservait toutefois quelques surprises à base de PVT, soit la protéine végétale texturée. Cet aliment anti-gaspillage, un sous-produit de la production de l'huile de soya, est riche en protéines et économique. Il y a de plus petites granules qui imitent la viande hachée et de plus grosses qui se rapprochent de morceaux de poulet, indique Virginie Drolet-Labelle, qui recommande d'acheter la PTV dans les magasins en vrac.
«Pour cuire les granules, on les réhydrate dans un ratio un pour un.» Dans une poêle, la nutritionniste verse trois quarts de tasse de PVT et trois quarts de tasse d'eau. «La chaleur vient gonfler la protéine. Elle pourrait aussi être mélangée à de l'eau chauffée à la bouilloire», dit-elle en ajoutant du chili, du cumin, de la poudre d'ail, de la poudre d'oignon, de la sauce soya pour donner de la couleur et de la sauce hoisin pour son goût sucré-salé.
Cette base mélangée avec poivron et tomate émincés, roulée avec du fromage dans des tortillas huilés et enfournés, donne 20 minutes plus tard de délicieux taquitos.
«La PVT est versatile, on peut l'utiliser pour faire des tacos, du pâté chinois, des poivrons farcis. Partout où elle peut remplacer la viande hachée», poursuit Virginie Drolet-Labelle. Elle avait préparé un plateau de dégustation de carrés au chocolat, façon carré aux Rice Krispies, cette protéine se prêtant même aux recettes sucrées. Inutile de la réhydrater dans ce cas-ci et la collation, plus riche en protéines et en fibres, est super rassasiante, dit la nutritionniste.
Tout au long de la soirée, elle transmet trucs et conseils. Elle recommande le bouillon déshydraté de légumes Cyrches, qu'on retrouve facilement, et qui n'est pas salé comme les autres bouillons sur le marché. «On peut ajouter le sel nous-même au moment de servir.» Elle opte aussi pour la crème Belsoy, qui contient moins de gras saturés, se conserve plusieurs mois et est abordable.
Sa collègue, Inès Auclair Mangliar, suggère pour sa part d'éplucher les pieds de brocoli en enlevant ce qui ressemble à une écorce et de les couper en tronçons pour en faire des crudités. Cette partie épluchée se cuit aussi très bien, dit-elle.
Chaque équipe cuisine à son rythme. Les participants doivent laisser leur plan de travail propre avant de rendre leur tablier. Ils repartent avec leurs parts des recettes et, en prime, deux portions de fruits et légumes.
«On sent qu'on est bien accompagnés, comme elles sont deux à nous guider. C'est super bien organisé, il y a du travail en amont», commente Svéa, étudiante à la maîtrise en administration des affaires, responsabilité sociale et environnementale des organisations.
«Sympa», «Bon et instructif», «À refaire» sont des commentaires entendus dans la soirée. Si William intégrait déjà la PVT dans sa sauce à spaghetti, sa collègue d'îlot, Monica, la découvrait pour la première fois. «C'est surprenant et très croustillant», s'est exclamée pour sa part Andrée, en goûtant un carré au chocolat.
Une recette gagnante
«Nous avons reçu plus de 250 participants à nos cuisines jusqu'à maintenant: 4 cuisines en projet pilote au printemps 2022, 8 cet automne et 4 jusqu'à maintenant. En quelques heures, les ateliers affichent complet», mentionne Julie Turgeon, coordonnatrice d'activités pour Mon équilibre ULaval. Il faudra d'ailleurs attendre la session d'automne 2023 pour s'inscrire aux prochains ateliers.
Chaque étudiant participant doit débourser 10$ plus taxes pour cette activité rendue possible grâce à un partenariat avec Beneva.