La Fondation de l’Université Laval (FUL) entreprend un virage majeur. Depuis sa création en 1966, cet organisme à but non lucratif a le mandat d’accroître et de cultiver un réseau philanthropique dynamique. La fusion des activités de l’Association des diplômés de l’Université Laval, en 2016, a permis à la Fondation d'agir aussi comme force mobilisatrice pour renforcer le sentiment d’appartenance avec la communauté de diplômées et diplômés. À compter du 1er mai, l’ensemble des opérations de la Fondation seront intégrées aux activités de l’Université Laval.
«Ce moment est important puisqu’il permettra de rapprocher encore plus nos activités respectives liées autant à la philanthropie qu’aux relations avec les diplômés et les étudiantes et étudiants, explique le président-directeur général de la Fondation, Alain Gilbert. Le personnel de la Fondation pourra profiter encore plus de la force de l’Université. Ensemble, nous aurons un plus grand impact.»
Le vice-recteur aux affaires internationales et au développement durable, responsable de l’EDI et de la philanthropie, François Gélineau, abonde dans le même sens. «Ce rapprochement est assurément un moment historique pour l’Université, affirme-t-il. Il y avait un mariage à effectuer. C’est plus qu’une acquisition. Ce n’est pas comme une entreprise qui achète un concurrent. Le projet d’intégration montre une progression de la culture philanthropique à l’Université.»
Ce dernier insiste sur les avantages de ce «mariage». «De part et d’autre, dit-il, nous répondons chacune à un conseil d’administration. La gouvernance sera désormais simplifiée. Les choses se sont toujours bien passées entre la FUL et l’Université. Mais en étant un seul groupe travaillant avec un seul objectif, nous pourrons être plus efficaces.»
Le PDG de la Fondation s’attend, pour sa part, à une communication simplifiée. «Nous serons ensemble tout le temps, souligne-t-il. Cela favorisera une rapidité dans l’action et un alignement encore plus fort de la stratégie sur le long terme.»
Le vice-recteur parle du «défi des diplômés». «Leur premier sentiment d’attachement à leur alma mater est avec leur programme d’études, leur département, leur faculté, explique-t-il. Nous serons plus agiles dans le maintien du lien affectif, qui est très important, afin de favoriser nos échanges avec les diplômés qui sont maintenant sur le marché du travail. La FUL a la responsabilité de ce volet. Cela crée une exigence de coordination avec les facultés, qui est plus difficile dans le modèle actuel. Nous serons non seulement plus agiles afin d’inclure les diplômés dans les différents projets de l’établissement, mais cela permettra également aux facultés d’aller à la rencontre des anciennes cohortes étudiantes, d’en apprendre sur leurs parcours et d’offrir aux étudiants actuels des modèles de réussite dans les différents champs d’expertise.»
Alain Gilbert mentionne les retombées de la philanthropie sur l’expérience étudiante. Plusieurs millions de dollars en bourses d’études se donnent chaque année. «Les étudiants, soutient-il, ne savent pas nécessairement que l’argent de leurs bourses provient, entre autres, de diplômés qui investissent dans la relève sous forme de bourses, de projets de recherche, d’équipements.»
Pour François Gélineau, la philanthropie permet d’amoindrir le coût des études pour les étudiants, de faire une partie de ses études à l’étranger, de réaliser un projet de recherche. «C’est aussi un levier qui permet de prendre des risques, d’aller plus loin dans certains secteurs, indique-t-il. Nous n’avons qu’à penser à la campagne majeure de financement de 80 millions de dollars associée au projet de Carrefour international Brian-Mulroney. Nous allons créer avec ce mouvement une effervescence sur le campus qui n’aurait pu être possible sans la philanthropie.»
Des statistiques impressionnantes
Au terme de l’année financière 2021-2022, l’Université Laval et sa Fondation ont enregistré un montant total d’engagements philanthropiques record de 70,7 millions de dollars. Un effort collectif extraordinaire auquel 20 600 personnes, fondations et organisations ont participé.
L’année précédente, malgré le contexte pandémique, la générosité de 19 700 donatrices et donateurs avait permis d’amasser 27,8 millions de dollars.
Le montant actuel d’actifs sous gestion de la Fondation s’élève à près de 300 millions de dollars. «Nous sommes extrêmement fiers de la croissance que nous connaissons depuis cinq ans, rappelle le PDG de la Fondation. Les sommes totales d’engagement annuelles ont connu une ascension impressionnante et le nombre de donatrices et donateurs est passé de 14 000 à plus de 20 000.»
En janvier 2022, la Fondation Mastercard a confirmé un don historique de 15 millions de dollars à l’Université Laval. Ce partenariat exceptionnel de 5 ans permettra, entre autres, de créer des programmes de formation adaptés aux réalités des premiers peuples. «C’est une tendance, soutient le vice-recteur. Des personnes et des organisations souhaitent redonner à la communauté, en partie par l’intermédiaire des universités.»
Un projet porteur
L’initiative du projet d’intégration revient au conseil d’administration de la Fondation de l’Université Laval. Celui-ci avait commandé une étude sur la structure de gouvernance de la philanthropie dans les universités d’Amérique du Nord axée sur les avantages et les désavantages des différents modèles. «Nous avons comparé notre modèle à ceux d’autres universités, souligne Alain Gilbert. Pour contribuer à la croissance de notre établissement, nous avons conclu qu’il fallait faire les choses différemment. L’intégration va permettre de le faire.»
Un comité conjoint FUL-ULaval, formé de membres des conseils d’administration de la Fondation et de l’Université, a pris le dossier en main. Y siégeaient notamment le PDG de la FUL et le vice-recteur François Gélineau. Après plusieurs mois d’étude, le projet d’un rapprochement entre la Fondation et l’Université fut déposé au Conseil d’administration de l’Université qui lui donna le feu vert. Le 26 janvier, c’était au tour des membres de la FUL, réunis en assemblée générale extraordinaire, de voter sur une proposition conjointe des deux conseils d’administration. Le vote très largement favorable lança officiellement les travaux qui doivent mener à l’intégration de la FUL à l’Université. Ces travaux sont supervisés par un comité d’intégration.
«Nous avons peu de temps pour réaliser une opération assez complexe, indique le vice-recteur. Mais nous avons des équipes très mobilisées. Le modèle proposé a été adopté par de nombreuses universités nord-américaines, canadiennes et québécoises. Il répond aux enjeux actuels et futurs de notre milieu universitaire.»
Parmi les changements à venir
Dans quelques mois, le personnel de la Fondation, soit plus de 80 personnes, viendra rejoindre la communauté universitaire. L’équipe conservera ses bureaux du pavillon Alphonse-Desjardins tout en relevant du vice-rectorat aux affaires internationales et au développement durable.
«Le Conseil d’administration de l’Université créera un comité qui encadrera la philanthropie et les relations avec les étudiants et les diplômés, au même titre qu’il y a un comité de gouvernance et un comité des finances à l’Université», ajoute le vice-recteur.