L'Université Laval poursuit ses actions en développement durable et prend plusieurs engagements pour les prochaines années. Selon la Stratégie énergétique adoptée il y a quelques semaines, l'établissement utilisera l'énergie renouvelable à 100% pour ses bâtiments d'ici 2035. Les nouveaux pavillons érigés sur le campus seront entièrement chauffés avec de l'énergie propre. On compte aussi multiplier les bornes de recharge pour les véhicules électriques selon les besoins de la communauté, alors que 20 nouvelles bornes seront installées dès 2023.
Consommer moins
La première étape de la Stratégie est toutefois de poursuivre les efforts en efficacité énergétique. «La meilleure énergie est celle qu'on ne consomme pas», martèle en entrevue Ève Roussel, directrice du Service des immeubles (SI).
Le mouvement est déjà amorcé. Depuis 2005, le campus a réduit son intensité énergétique de 23%, même si la superficie des bâtiments a augmenté de 16%. Marise Vallières, conseillère en planification immobilière, volet énergie, explique que des thermopompes ont été installées dans les salles mécaniques de certains pavillons afin de récupérer la chaleur d'un bâtiment pour en chauffer un autre adjacent.
L'Université est aussi en train d'uniformiser la température sur le campus. «Abaisser la température d'un degré Celsius en hiver dans tous ses pavillons amènerait des économies annuelles de 3 125 000 kilowatts-heure, soit l'équivalent de la consommation annuelle en électricité pour 142 résidences de superficie moyenne», illustre la conseillère, en assurant que le confort des usagers reste une priorité.
L'électricité, le gaz naturel renouvelable et autres avenues vertes
Cette réduction de la consommation, dans un premier temps, permettra à l'Université de libérer du budget pour réaliser la transition énergétique, poursuit Marise Vallières.
La Stratégie vise «la décarbonisation progressive de son réseau urbain d'énergie en utilisant des formes d'énergie renouvelable à 100% pour ses bâtiments d'ici 2035». L'objectif: réduire les émissions de gaz à effet de serre sur le campus.
Avec sa communauté étudiante de plus de 56 000 personnes et sa trentaine de pavillons, le campus universitaire a des besoins énergétiques considérables. Il faut chauffer, éclairer et ventiler les très énergivores bâtiments, salles de serveurs informatiques et laboratoires. Certaines recherches se déroulent 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.
L'Université a récemment augmenté sa capacité électrique, qui est passée de 22 mégawatts à 34 mégawatts, mentionne Ève Roussel. Mais en période de pointe hivernale, la demande en chauffage est d'environ 50 mégawatts. Une autre source d'énergie doit alors prendre le relais.
Le recours au gaz naturel renouvelable (GNR) est une avenue intéressante, puisqu'il convient aux installations actuelles du campus. L'Université a d'ailleurs été l'un des premiers établissements à signer un contrat de GNR en 2018. «Mais on explore d'autres sources d'énergie renouvelable; on reste à l'affût des nouvelles technologies», indique la directrice du SI.
Des investissements de l'ordre de 12,5 millions de dollars seront nécessaires pour transformer les équipements, alors que près de la moitié de cette somme proviendra des organismes subventionnaires dans le domaine de l'efficacité énergétique.
La Stratégie a aussi de grandes ambitions pour les nouveaux bâtiments qui seront construits sur le campus. Institut nordique, Carrefour international Brian-Mulroney, Centre de tennis… tous seront alimentés exclusivement en énergies renouvelables.
Le travail de décarbonisation est déjà entamé. «Aujourd'hui, un mètre carré de bâtiment émet 50% moins de gaz à effet de serre qu'en 2006», souligne Marise Vallières.
Des professeur et des étudiants mis à contribution
En plus de sensibiliser les membres de la communauté à tous ces enjeux et défis, l'Université compte mettre tous ses atouts à contribution. «On collabore avec Louis Gosselin, professeur en génie mécanique. Ça fait deux ans qu'on lui soumet des problématiques qu'on a au Service des immeubles et il amène ses étudiants à se pencher là-dessus dans ses cours de transfert de chaleur», donne comme exemple Marise Vallières. Le campus devient ainsi un «laboratoire vivant».
L'électrification des transports
Quant aux conducteurs de véhicules électriques, ils ont actuellement à leur disposition 12 bornes de recharge sur le site de l'Université. Une vingtaine d'autres seront installées en 2023, puis trois autres phases de déploiement sont prévues jusqu'en 2035. «On s'adaptera à la demande et au besoin futur de la clientèle», indique la conseillère en planification immobilière.
Alors que les orientations gouvernementales visent à ce qu'un véhicule sur trois sur les routes soit électrique en 2030 et que les véhicules légers à essence neufs ne soient plus disponibles en 2035, le campus se prépare à cette réalité.
Marise Vallières signale qu'un sondage a été effectué à l'été 2022, de pair avec le Service Campus, auquel 1200 répondants ont participé. Les résultats démontrent que 8 personnes sur 10 qui ne possèdent pas de véhicule électrique en ce moment désirent en faire l'acquisition d'ici 2035. Les deux tiers qui en possèdent un le rechargent à la maison, tandis que le tiers restant utilise occasionnellement les bornes de la cité universitaire.
Un effet domino
Cette grande réflexion rejoint la Stratégie de développement durable de l'Université, en cours d'élaboration. «La Stratégie énergétique est comme un domino qui tombe et qui va vraiment nous aider pour notre prochaine cible de réduction des gaz à effet de serre», indique Pierre Lemay, adjoint au vice-recteur aux affaires internationales et au développement durable, en ajoutant que cette cible sera finalisée dans les prochains mois.
Il rappelle que l'Université Laval est carboneutre depuis 2015, grâce à la compensation du puits de carbone de la Forêt Montmorency et d'autres outils. «Mais ce que l'on souhaite, c'est toujours réduire nos émissions.»
Les plans s'appuient les uns sur les autres, ce qui accélère, selon lui, l'effet multiplicateur et d'entraînement. «Ça se répercute dans beaucoup de nos pratiques et de nos opérations», conclut Pierre Lemay.