Le 25e recteur de l'Université Laval, Denis Brière, s'est éteint subitement le 8 juillet, à l'âge de 76 ans. Celui qui a cumulé deux mandats, de 2007 à 2017, a exercé un leadership qui a permis à l'Université de faire sa marque en développement durable, de consolider son expertise en recherche nordique et de réaliser de grands projets, comme l'agrandissement du PEPS.
«Denis Brière avait à cœur le développement de l'Université Laval et son rayonnement, a déclaré l'actuelle rectrice, Sophie D'Amours. Il a apporté sa contribution tant au niveau de l'enseignement et de la recherche que de la qualité de notre environnement d'études, de travail et de vie.»
Grand partisan des équipes du Rouge et Or, Denis Brière a connu ses années sportives au collégial. En 1967, il a reçu une bourse d'études de la Ligue provinciale de football du Québec à titre de joueur défensif de l'année. Après son cours classique, il a décroché son diplôme à la Faculté de foresterie et de géomatique de l'Université Laval en 1972. Sept ans plus tard, il a obtenu un doctorat en aménagement du territoire de la Faculté de foresterie de l'University of British Columbia, à Vancouver, où il a enseigné aux trois cycles de 1977 à 1980.
Deux fois «ingénieur forestier de l'année»
Avant d'être élu recteur de l'Université Laval, Denis Brière a été à la tête des entreprises forestières Kruger et Comact, président du Sommet sur l'avenir du secteur forestier québécois, et doyen de la Faculté de foresterie et de géomatique de l'Université, de 2000 à 2007. En signe de reconnaissance pour sa contribution au développement et à la promotion de la profession, l'Ordre des ingénieurs forestiers du Québec l'a nommé «ingénieur forestier de l'année», une première fois en 1994. Il a obtenu à nouveau cette distinction en 2006, conjointement avec trois professeurs de l'Université Laval, dans la foulée de la construction du pavillon Gene-H. Kruger sur le campus.
«C'est un bâtiment qui a permis de positionner l'Université Laval comme leader au Canada et dans le monde pour la recherche, la science et le génie du matériau bois», indique Robert Beauregard, l'un des idéateurs du Kruger avec M. Brière. Le professeur titulaire à la Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique se rappelle l'émerveillement des plus grands chercheurs internationaux venus visiter le pavillon.
Quelques années plus tôt, à son premier jour d'arrivée à l'Université Laval, en décembre 2000, Robert Beauregard raconte que le doyen Denis Brière lui avait évoqué cette idée de nouvelle infrastructure. L'inauguration a eu lieu en 2005. «Ça s'est passé très vite! Il a montré une détermination incroyable, que je n'avais jamais vue avant dans la réalisation d'un projet d'infrastructure majeure. J'ai été impressionné, il ne dérogeait jamais de sa route. C'est l'une des choses que j'ai faites à l'Université Laval dont je suis le plus fier. Ça ne serait pas arrivé sans lui, il était le moteur derrière ce projet.»
Université carboneutre
M. Brière s'est résolument engagé dans le développement durable. Sous son impulsion, et avec l'appui des facultés et des services, l'Université Laval est devenue la première université carboneutre au Québec et la première au Canada à réaliser cette démarche sans y être contrainte par une loi. «Il s'agit d'une réalisation majeure pour notre institution et nous sommes extrêmement fiers d'atteindre ce cap historique en matière de lutte aux changements climatiques», a-t-il déclaré lors de l'annonce officielle, le 24 novembre 2015.
Avec sa conception écoresponsable, la construction du stade TELUS-Université Laval, en 2012, s'est inscrite dans cette même perspective.
Agrandissement du PEPS
Par ailleurs, le nouveau PEPS, agrandi et rénové en collaboration avec la Ville de Québec dans les mêmes années, a permis de répondre aux plus hautes normes internationales, de renforcer l'excellence sportive de l'Université et de permettre à la population d'avoir un accès à ces installations de haut niveau, une volonté de M. Brière.
Recherche nordique et chaires de leadership en enseignement
L'ancien recteur a aussi donné l'élan au regroupement des forces en recherche nordique. Il appuyé le projet de l'Institut nordique du Québec, initié avec l'Université McGill et l'Institut national de la recherche scientifique, rassemblant des experts de secteurs aussi variés que les ressources naturelles, la santé, le génie et les sciences humaines et sociales.
Un autre legs de l'équipe Brière: le programme de Chaires de leadership en enseignement (CLE). L'ancien recteur avait toujours parmi ses priorités d'enrichir le corps professoral. Les CLE visent notamment à attirer et à retenir des professeurs de haut calibre afin d'offrir des formations mieux adaptées aux exigences du marché du travail et d'accroître l'attractivité des programmes.
«Un gars de résultats»
À l'aube de son premier mandat, M. Brière avait confié sur les pages du Fil des événements être un «gars de résultats». C'est fort de cette détermination qu'il a orchestré la Grande Campagne de financement la Fondation de l'Université Laval. Après 10 ans à la tête de l'institution, il a annoncé au printemps 2017 avoir amassé 530 millions$, alors que l'objectif initial visait à récolter 350 millions$.
Denis Brière a contribué à positionner l'Université Laval en tant que leader en technopédagogie en mettant en place les mesures nécessaires au développement d'un environnement numérique d'études novateur (monPortail). Il a également déployé la formation à distance, une «dimension incontournable, qui répond aux nouvelles réalités des étudiants et de la société», disait-il.
Reconnu à l'international, M. Brière a reçu l'insigne de Commandeur de l'Ordre national du Mérite de la France en 2012, un doctorat honorifique de la Soka University du Japon, en 2014, et un autre de l'Université Alioune Diop à Dakar au Sénégal, en 2016. En 2017, il a été décoré avec la plus haute distinction honorifique française, la Légion d'honneur, pour avoir contribué aux échanges universitaires entre le Québec et la France.
Les funérailles auront lieu le 22 juillet à 14h à l'église Saint-Dominique de Québec.