Pour mieux s'alimenter, il ne suffit pas de consommer moins de viande. Il faut aussi que les aliments consommés à la place des protéines animales soient des aliments sains. C'est la conclusion qui se dégage d'une étude présentée par l'étudiante-chercheuse Gabrielle Rochefort, de l'École de nutrition de l'Université Laval, dans le cadre de Nutrition 2022, qui se déroule en ligne du 14 au 16 juin. Cette communication lui a d'ailleurs valu un prix décerné par l'organisateur de la rencontre, l'American Society for Nutrition.
Pour faire cette démonstration, la doctorante a comparé les habitudes alimentaires de 1147 adultes du Québec en fonction de leur consommation de protéines animales. Au préalable, les participants avaient répondu, à trois reprises, à un questionnaire de rappel alimentaire de 24 heures. L'étudiante-chercheuse a divisé les participants en quatre groupes sur la base de leur consommation quotidienne de protéines animales.
Les personnes faisant partie du quartile inférieur de consommation de protéines animales consommaient plus de protéines végétales, de grains entiers et d'acides gras polyinsaturés, et moins de sel que les personnes du quartile supérieur. Par contre, elles consommaient davantage d'aliments non recommandés par le Guide alimentaire canadien et plus de sucre ajouté. «Manger moins de protéines animales ne signifie pas nécessairement mieux s'alimenter», résume-t-elle.
La doctorante a refait le même exercice, cette fois en subdivisant les participants en quatre groupes sur la base de leur consommation quotidienne de protéines végétales. Ses analyses montrent que les personnes du quartile supérieur de consommation de protéines végétales consomment plus de fruits, de légumes, de grains entiers et d'acides gras polyinsaturés, et moins de grains raffinés, de protéines animales, de viandes transformées, d'aliments non recommandés par le Guide alimentaire canadien, de sucre ajouté et de sel. «Le score de la qualité globale de leur alimentation était nettement plus élevé que celui des participants du quartile inférieur», précise Gabrielle Rochefort.
L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture préconise une alimentation durable qui favorise la santé, qui minimise les impacts sur l'environnement, qui est économiquement abordable et qui est respectueuse des habitudes sociales. Pour ces raisons, le remplacement des protéines animales par des protéines végétales est encouragé. «Nos résultats suggèrent qu'il vaut mieux adopter un message positif et encourager les gens à consommer davantage de protéines végétales plutôt qu'un message négatif les incitant à réduire leur consommation de viande. On augmente ainsi les chances de faciliter la transition vers une alimentation saine et durable», estime Gabrielle Rochefort.
Les autres personnes qui ont participé à cette étude sont Didier Brassard, Julie Robitaille, Véronique Provencher, Simone Lemieux et Benoît Lamarche. Elles sont rattachées à l'École de nutrition, à l'Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels et au Centre nutrition, santé et société de l'Université Laval.