
Les sujets des publications ou des vidéos signées Faut qu'tu m'expliques sont variés.
— @fqtm_qc
Départager le vrai du faux sur la COVID, distinguer fait et opinion, mettre en garde contre les cures détox, suggérer des livres sur la santé féminine, sortir cinq faits cocasses sur le cerveau… Le projet Faut qu'tu m'expliques (FQTM) ratisse large pour combattre la désinformation sur les médias sociaux et démocratiser la science. Sa fondatrice Martine Voisine, étudiante en médecine à l'Université Laval, et son équipe s'y attaquent à coups de publications et de vidéos sur TikTok et Instagram.
Cette initiative, démarrée en janvier 2021, a raflé trois prix au 32e Gala de la vie étudiante de l'Université Laval, à la mi-avril. Lauréat dans les catégories «Projet parascolaire» et «Exclamation», FQTM a aussi été sélectionné pour représenter l'Université Laval au programme universitaire de Forces AVENIR, dans la catégorie «AVENIR Société, communication et éducation».

Une partie de l'équipe de Faut qu'tu m'expliques à la soirée de Gala. Martine Voisine, au centre, a fait un baccalauréat en sciences biomédicales et commencé une maîtrise en médecine moléculaire avant d’entamer son doctorat de premier cycle en médecine. Elle est entourée de ses collègues en art et science de l'animation, en biologie, en administration, en gestion de projet et en études autochtones.
— David Cannon
Le projet de vulgarisation scientifique pour les 18 à 35 ans s'est distingué par sa mission et son mélange de rigueur, d'empathie, de dynamisme et d'humour dans le traitement des sujets chauds de l'heure. «La validation est essentielle au sein de l'équipe. On prend le temps de vérifier nos informations, de mettre nos références à la fin des publications», indique Martine Voisine, épaulée dans sa quête par une dizaine d'étudiants universitaires et de professionnels. Pour être abordé par FQTM, un sujet doit reposer sur de solides données scientifiques, précise-t-elle. Le défi reste ensuite d'expliquer les choses de façon simple et ludique.
«Les gens sont intéressés par la science. Mais j'ai toujours trouvé que l'information scientifique n'était pas accessible. Le format des articles est aride et il faut payer pour avoir accès», note l'étudiante, qui aime vulgariser et participer à des conférences.
Avec un contenu qui a rejoint plus de 150 000 personnes et qui a été partagé par le scientifique en chef du Québec, FQTM a rayonné au-delà de ses plateformes. L'exposition Éloge de la résilience et de l'action d'Émile Roy, au Palais des congrès de Montréal, s'y est intéressée, tout comme l'émission En ligne avec Mehdi Bousaidan, à Télé-Québec.
Les honneurs récoltés au Gala de la vie étudiante ont permis d'amasser 2000$, qui seront réinvestis dans le projet. «Cet été, on va travailler sur un balado de huit épisodes avec divers invités pour lutter contre la désinformation sur TikTok», révèle Martine Voisine.

Martine Voisine a accordé une entrevue à Mehdi Bousaidan à l'émission En ligne, à Télé-Québec, pour expliquer la mission de Faut qu'tu m'expliques.
— Télé-Québec
Les fausses informations circulent plus vite
Les réseaux sociaux, elle les connaît, elle les fréquente depuis l'adolescence. Depuis quelques années, elle cherchait une façon de contrer les faussetés qui y circulent. Une étude du Massachusetts Institute of Technology a démontré que les fausses informations sont diffusées plus rapidement et plus largement que les vraies sur Twitter. En moyenne, les vraies informations prennent six fois plus de temps que les fausses pour atteindre 1500 personnes, d'après les analyses des chercheurs.
FQTM a volontairement choisi les plateformes TikTok et Instagram pour s'adresser à son public cible, des jeunes qui s'informent surtout sur les réseaux sociaux et pas nécessairement dans les médias traditionnels.
Mais agir en chevalier de la vérité ne se fait pas sans vague. Après avoir diffusé une vidéo devenue virale, dénonçant des influenceurs qui propageaient des faussetés sur la COVID, Martine Voisine a reçu une cinquantaine de messages haineux. Une conversation avec le Pharmachien, qui lui-même déboulonne de nombreux mythes sur la santé, lui a permis de mieux se préparer aux enjeux de son nouveau rôle.
Le travail se poursuit. Si tout est fait bénévolement pour le moment, la fondatrice a entamé des démarches pour enregistrer le projet comme organisme à but non lucratif. Cet automne, FQTM souhaite faire cinq vidéos en direct surInstagram avec des chercheurs de l'Université Laval pour répondre aux questions des abonnés. Une série qui pourrait s'étirer selon l'intérêt suscité.
«Plus on est, mieux c'est!»
La vulgarisation scientifique a la cote. Le projet FQTM rappelle celui des deux doctorantes en microbiologie qui ont créé la chaîne YouTube Les Vulgaires, dont ULaval nouvelles a parlé l'an dernier. Moïra Dion et Alicia Durocher ont notamment fait appel à des influenceuses pour faire contrepoids aux fausses nouvelles qui circulent sur les réseaux sociaux.
«Les Vulgaires, je les adore!», lance Martine Voisine, qui a collaboré avec elles récemment. «Plus on est, mieux c'est. On n'a pas les mêmes approches, on n'a pas la même façon d'expliquer. Si on est capables de rejoindre un maximum de gens, c'est ce qui compte au final.»
Découvrir Faut qu'tu m'expliques sur Instagram et sur Tiktok

Faut qu'tu m'expliques compte près de 10 500 abonnés sur Instagram.
— @fqtm_qc