On savait que la COVID-19 avait exacerbé les problèmes de sommeil et d'insomnie dans la population. Voici qu'une étude internationale nous apprend qu'elle aurait des répercussions sur nos rêves. En effet, une recherche publiée dans la revue Nature and Science of Sleep nous apprend que la fréquence des cauchemars serait plus élevée chez les personnes qui ont eu la COVID-19 et que l'ampleur de cette hausse serait liée à la sévérité de la maladie.
Réalisée par des spécialistes du sommeil de 14 pays, cette étude compare la fréquence des rêves et des cauchemars chez 1088 personnes, dont la moitié avait eu la COVID-19. Les données ont été recueillies entre mai et juillet 2020.
Les analyses montrent que la fréquence des rêves, qui était similaire dans les deux groupes avant le début de la pandémie, a augmenté d'environ 15% dans les deux groupes pendant les premiers mois de la crise sanitaire.
«L'une des raisons pouvant expliquer cette hausse est qu'une bonne partie de la population faisait du télétravail. Les gens ont profité du fait qu'ils n'avaient pas à se rendre au travail pour se lever plus tard. Or, c'est au matin que nous rêvons le plus», explique l'un des auteurs de l'étude, Charles Morin, de l'École de psychologie et du Centre de recherche CERVO de l'Université Laval.
Les chercheurs ont constaté que la fréquence des cauchemars, qui elle aussi était similaire dans les deux groupes en période prépandémique, avait davantage augmenté chez les sujets du groupe COVID-19. Chez ces derniers, la hausse était d'environ 50% alors qu'elle était d'environ 35% dans le groupe témoin. Ils ont aussi noté que les sujets qui avaient eu une COVID-19 modérée ou grave faisaient davantage de cauchemars que ceux qui avaient eu la forme légère de la maladie.
Il se peut que les tendances observées dans cette étude reflètent, en partie du moins, certains effets physiologiques du virus sur le cerveau, reconnaît le professeur Morin. Toutefois, l'importance des facteurs psychologiques ne peut être ignorée.
«Les personnes qui ont eu la COVID-19, surtout celles qui ont eu la forme grave de la maladie, qui ont dû s'isoler pendant 14 jours ou qui ont été hospitalisées en raison de la maladie ont vécu un événement traumatisant, souligne-t-il. On sait que des événements de ce type augmentent la fréquence des cauchemars. De plus, en début de pandémie, il y avait beaucoup d'incertitude entourant cette maladie et ses répercussions sur la société, ce qui générait beaucoup d'anxiété chez certaines personnes. Ce qui se passe la nuit est le prolongement direct de ce que nous vivons le jour.»
Le professeur Morin estime que, dans le contexte actuel, que vous ayez eu ou non la COVID-19, il ne faut pas vous en faire outre mesure si des cauchemars viennent occasionnellement perturber votre sommeil. Par contre, si ces cauchemars sont récurrents, qu'ils troublent sérieusement votre sommeil et qu'ils affectent votre qualité de vie, il ne faut pas hésiter à consulter.
«Il existe une thérapie comportementale, qu'on peut réaliser sous la supervision d'un psychologue, qui consiste à consigner, avec le maximum de détails, le contenu de ses cauchemars dans un journal de bord. Cela nous oblige à nous exposer aux thèmes qui causent nos cauchemars. Par la suite, on imagine une issue heureuse à ce cauchemar et on relit régulièrement ce récit. Cette intervention immersive donne de très bons résultats pour diminuer la récurrence des cauchemars.»
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