Parmi la multitude de pains qui se retrouvent sur les tablettes des marchés d'alimentation du Québec, il n'en manque pas qui répondent aux recommandations nutritionnelles touchant la teneur en fibres et en sel. Toutefois, ce sont les pains salés et pauvres en fibres qui se retrouvent majoritairement dans le panier des consommateurs. Voilà le constat auquel arrive une équipe de l'Observatoire sur la qualité de l'offre alimentaire de l'Université Laval, au terme d'une étude portant les pains tranchés vendus au Québec.
Pour réaliser cette étude, l'équipe de recherche a effectué un recoupement entre deux bases de données. La première, constituée par le magazine Protégez-vous, contient des informations sur la valeur nutritive des pains tranchés offerts dans les épiceries de la grande région de Montréal entre novembre 2016 et mars 2017. La seconde, constituée par la firme Nielsen, porte sur les ventes de pain dans tout le Québec entre octobre 2016 et octobre 2017.
Les analyses, qui ont porté sur 262 produits, montrent que:
27% des pains offerts dépassent la limite quotidienne recommandée pour la teneur en sel (350 milligrammes de sel par portion de deux tranches) et ces pains représentent 47% des ventes.
74% des pains dépassent la cible de réduction volontaire en sel que Santé Canada a proposée à l'industrie du pain en 2012.
46% des pains offerts n'atteignent pas le seuil recommandé pour les fibres (4 grammes par portion de deux tranches) et ces pains représentent 73% des ventes.
«Les pains salés qui contiennent peu de fibres étaient parmi les plus achetés par les consommateurs, constate la responsable de l'étude, Véronique Provencher, professeure à l'École de nutrition et directrice scientifique de l'Observatoire sur la qualité de l'offre alimentaire de l'Université Laval. Il est possible que les choses aient un peu évolué depuis, mais les habitudes d'achat des consommateurs sont parfois longues à changer. Lorsqu'on trouve un pain qu'on aime, on a tendance à l'adopter.»
Sur le plan de la santé publique, le pain est une cible intéressante parce qu'une grande partie de la population en consomme chaque jour, fait valoir la chercheuse. «Une reformulation des pains offerts aux consommateurs pourrait donc avoir des retombées importantes sur les fibres et le sel consommés par la population. D'ailleurs, selon l'Institut national de la santé publique du Québec, la catégorie des pains est celle qui contribue le plus au sel provenant des aliments achetés par les Québécois. C'est presque le quart du total.»
On sait depuis un moment que les pains blancs sont à éviter si on se soucie de la qualité de son alimentation. Par contre, certains pains peuvent avoir des airs santé sans livrer la marchandise. Ainsi, l'appellation «grains entiers» peut porter à confusion. «Au Canada, il n'y a pas de réglementation concernant l'utilisation du terme “grains entiers”. Un pain peut porter cette mention, même s'il en contient une quantité négligeable», prévient la professeure Provencher.
Comment s'y retrouver? «Les informations nutritionnelles qui figurent sur l'emballage sont notre meilleur outil, répond-elle. Il est préférable de choisir des pains dont la première farine dans la liste des ingrédients est une farine de grains entiers. De plus, il faut consulter le tableau de valeur nutritive et s'assurer que le pain contient au moins 15% de la valeur quotidienne recommandée en fibres et au plus 15% du sel et 15% de gras saturés.»
Les signataires de l'étude, publiée dans la revue Nutrients, sont Marie Le Bouthillier, Julie Perron, Sonia Pomerleau, Pierre Gagnon, Marie-Ève Labonté, Marc-Henri Guével et Véronique Provencher, du Centre de recherche NUTRISS et de l'Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels de l'Université Laval, et Céline Plante, de l'Institut national de la santé publique du Québec.
Le rapport complet peut être consulté sur le site de l'Observatoire sur la qualité de l'offre alimentaire.