«Petite, j’étais incapable de rester assise sur une chaise; j’avais plus souvent la tête à l’envers qu’à l’endroit. (rires) Bref, le sport m’a toujours aidée à canaliser cette énergie-là!»
L’énergie et le dynamisme de cette jeune femme sont en effet très palpables, à peine après quelques secondes d’entretien.
Originaire de Lac-Mégantic, en Estrie, Agathe Isabel a pratiqué pendant plusieurs années la gymnastique, avant de découvrir au secondaire le flag football, qui annonçait en quelque sorte une passion à venir: le rugby.
«Au flag football, j’avais souvent des pénalités de rudesse, dit l'étudiante, en souriant. Quand je suis arrivée au cégep, j’ai eu la chance de jouer pour la première fois au rugby et j’ai adoré cela! Puis, j’ai été sélectionnée par le Rouge et Or. J’étais très fière, mais je faisais face à des coéquipières plus expérimentées que moi. Bref, j’ai dû travailler très fort, mais mes années dans le Rouge et Or ont été tellement magnifiques. Nous avons notamment remporté le Championnat canadien en 2019, ce qui était d'ailleurs une première dans l’histoire du rugby féminin à l'Université Laval. Avec mes entraînements quotidiens, mes études et mon emploi, disons que je n’avais pas le temps d’avoir la tête ailleurs. J’étais très structurée et organisée!» (rires)
Aider son prochain
D'aussi loin qu’elle se souvienne, l'étudiante à la maîtrise en psychoéducation a toujours aimé prendre soin des autres. «J’ai toujours cherché à comprendre pourquoi des gens adoptaient tels comportements plutôt que d’autres. J’ai donc fait des recherches. La formation en psychoéducation, qui est d’une durée de 5 ans (baccalauréat suivi d’une maîtrise) – du moins, si on souhaite faire partie de l’Ordre –, m’a rapidement interpellée, et plus particulièrement encore son profil recherche. De plus, puisque j’adorais jouer au rugby et que j’espérais faire partie de l'équipe Rouge et Or, l’Université Laval s’est vite avérée être mon premier choix!»
Agathe doit cependant travailler pour payer ses études. «J’ai eu la chance de travailler tôt dans mon domaine, dans différents milieux d’intervention, souligne l'étudiante. J'ai travaillé dans des écoles, dans des CPE et aussi pour les organismes communautaires L’ADOberge, un service d’hébergement temporaire pour les adolescents de 12 à 17 ans qui vivent des difficultés et qui désirent entreprendre volontairement une réflexion et passer à l’action pour résoudre une situation problématique, et Laura Lémerveil, qui soutient les enfants vivant en situation de handicaps multiples et sévères et leurs familles. Enfin, cette année, qui est en fait la dernière de ma maîtrise, j’ai réussi à mettre la main sur une bourse, ce qui me permet de me concentrer uniquement sur mes études, mon projet de recherche et mon stage.»
Une expérience enrichissante
Deux profils sont offerts aux étudiants à la maîtrise en psychoéducation: la recherche et le projet d’intervention. Les deux sont accompagnés d’un stage clinique et mènent à une reconnaissance de l’Ordre professionnel des psychoéducateurs et psychoéducatrices du Québec.
Agathe effectue présentement un stage à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) du CIUSSS de la Capitale-Nationale. «J’adore mon stage, car il peut y avoir toutes sortes de problèmes et d’imprévus à gérer. J’apprends tellement tous les jours! De plus, puisqu’il s'agit d’une clientèle involontaire – c’est-à-dire que le traitement est prescrit par une autre personne et non demandé par la personne elle-même –, ceci implique parfois une finesse dans les interventions. Ainsi, bien que les gens ou les familles ne soient pas toujours, au départ, heureux de me voir arriver, je constate que, en étant franche et empathique, j'incite les gens à collaborer. Bref, mon aide semble appréciée plus souvent qu’autrement.»
Et sur quoi porte son essai? «Sur les interventions qui favorisent ou entravent le désistement du crime des adolescentes judiciarisées québécoises. En d’autres mots, j’essaie de voir quel type d’interventions, autant informelles – c’est-à-dire l’école, le sport, la spiritualité, l’art, etc. – que formelles – les centres jeunesse, les centres de réadaptation, etc. –, ont eu pour effet d'inciter ces adolescentes à se désister du crime.
Aider son prochain, malgré ses propres épreuves
En octobre dernier, Agathe jouait, à Sherbrooke, son dernier match de rugby avec le Rouge et Or. Non pas parce que la saison prenait fin, mais plutôt pour des raisons de santé. Après avoir subi plusieurs commotions cérébrales, elle a dû prendre cette décision nécessaire, mais très difficile pour elle. N’empêche (et fort heureusement), sa personnalité lumineuse et sa vivacité d’esprit sont toujours bien présentes. «C’était mon choix. Personne ne m’a obligée à arrêter. De plus, j’ai la chance d’être très bien encadrée et suivie par des spécialistes. Je me suis dit qu’à l’aube de cette carrière qui me passionne, je dois conserver mon cerveau fonctionnel! » (rires)
Comment devenir psychoéducateur ou psychoéducatrice?
Le baccalauréat en psychoéducation permet d'acquérir les connaissances, les habiletés et les compétences nécessaires pour évaluer les capacités et les difficultés d'adaptation de personnes dans leur quotidien. Tout au long de son parcours universitaire, l'étudiant déterminera les forces et les limites des différents milieux de vie de ces personnes, mais aussi interviendra auprès d'enfants, d'adolescents et d'adultes en vue de favoriser leur intégration sociale.
Pour sa part, la maîtrise en psychoéducation permet d'exercer un jugement clinique sur les difficultés d'adaptation et les capacités adaptatives de clientèles diversifiées, d'élaborer et d'implanter des plans d'intervention puis d'en évaluer l'efficience, ainsi que de concevoir et de mettre en œuvre des programmes d'intervention. Cette formation mène à l'obtention du titre de psychoéducateur. Pour utiliser ce titre réservé, la personne doit être membre de l'Ordre des psychoéducateurs et psychoéducatrices du Québec.