Des dizaines de peaux d’oiseaux naturalisés viennent d’être photographiées pour un projet de recherche artistique. Quelques spécimens d’animaux naturalisés sont actuellement en appui à une exposition intitulée Photos de l’année de la faune canadienne. L’automne prochain, des vêtements traditionnels, outils et jouets inuits seront prêtés à un musée montréalais. Enfin, cet hiver, quelques appareils de cinéma ont été prêtés au Musée de la civilisation dans le cadre d'une exposition, tandis qu’une quarantaine d’étudiantes et étudiants en ethnologie et en muséologie documentaient sur le campus plusieurs objets et spécimens. Le moins qu’on puisse dire est que ça bouge aux collections de l’Université Laval!
Il faut dire qu’avec leur quelque 1,3 million d’objets et de spécimens, ces collections ont beaucoup à offrir aux étudiants et chercheurs universitaires, compte tenu de leur valeur scientifique. Ces collections peuvent représenter aussi une source d’inspiration pour les artistes.
«Ces collections, situées dans différents pavillons, dont le Louis-Jacques-Casault, sont en expansion constante, affirme la chargée de conservation et de restauration Valérie Boulva. Elles contiennent tellement d’objets et de spécimens, et ce, dans un grand nombre de disciplines scientifiques.»
Valérie Boulva est entrée en fonction en décembre 2019, à la suite du départ à la retraite de Gisèle Wagner. Le 25 mai, elle a accordé une longue entrevue dans le cadre d’une visite virtuelle des collections. Cette activité diffusée en direct, dont il est aussi possible de visionner l'enregistrement, était présentée par La Fondation de l’Université Laval, dans le cadre de la clôture de la campagne Communauté ULaval 2021.
Les sciences naturelles sont particulièrement bien représentées dans les collections. Il y a notamment 260 spécimens de mammifères, 6500 oiseaux, plus de 40 000 spécimens de roches, fossiles et minéraux, plus de 375 000 insectes et plus de 800 000 plantes.
«Nous avons aussi quelque 750 moulages en plâtre de sculptures remontant à l’Antiquité, ainsi qu’une collection des beaux-arts comprenant quelques milliers d’œuvres, explique-t-elle. Celles-ci sont disséminées à l’échelle du campus, dans les bureaux administratifs et salles de réunion. Ma préférée est Les arts plastiques, de Jean Dallaire. Cette toile date de 1947. C’est une pièce magnifique, impressionnante, qui fait partie d’un triptyque. Cette huile sur toile représente la peinture, la sculpture, l’architecture. Dallaire l’avait décrite comme une sorte de tapisserie sur toile.»
Le cinéma s’est aussi taillé une place dans les collections de l’Université. Le collectionneur François Lemai a récemment fait don d’une partie de sa collection de caméras, de projecteurs et de lanternes magiques, soit quelque 500 pièces, certains objets remontant au 19e siècle. «Le donateur veut nous remettre le reste de sa collection qui retrace l’histoire du cinéma, dit-elle. Elle va continuer à grandir.» Cet hiver, c’était au tour du collectionneur Gilles Bernier de confier ses appareils vidéo 8 millimètres à l’Université. «Nous avons, ajoute-t-elle, les premiers appareils 8 mm jusqu’à l’apparition du numérique.»
Des tablettes de l’époque mésopotamienne
Quatre petites tablettes en terre cuite gravées de caractères cunéiformes proposent un long voyage dans le temps à l’époque mésopotamienne, il y a plus de 2000 ans avant Jésus-Christ. «En général, ces tablettes avaient une fonction administrative, indique Valérie Boulva. J’ai en fait déchiffrer trois. Deux d’entre elles parlent du nombre de têtes de bétail confiées à un berger. Ma préférée mentionne la quantité de bière, d’huile et de farine nécessaire pour un voyage à travers le désert.»
La collection anthropologique contient une remarquable collection de 354 vêtements et objets inuits constituée par le professeur d’anthropologie à la retraite Bernard Saladin d’Anglure à la suite de ses nombreux séjours dans le Grand Nord. Cette collection, il l’a léguée à l’Université en 2018. Elle témoigne d’un mode de vie basé sur la subsistance et caractérisé par un semi-nomadisme. Mentionnons un très beau vêtement traditionnel, un manteau de chamane en fourrure de caribou.
Dans les collections, la période médiévale est notamment représentée par 27 vitraux français ayant été acquis par les frères Violette, 13 ayant été donnés à l’Université dans les années 1970, 14 autres l’ayant été en 2016. Un magnifique vitrail daté des environs de 1250 représente saint Laurent portant un vêtement liturgique. Il tient une palme d’une main et un gril de l’autre.
Valérie Boulva souligne la qualité du travail des taxidermistes au fil des décennies. «À toutes les époques, dit-elle, les animaux paraissent très naturels, presque vivants. Les couleurs sont fabuleuses. On met la lumière sur eux et tout brille. À toutes les époques, des taxidermistes de très grand talent ont été à l’œuvre. La plupart des animaux des collections ont été naturalisés avant les années 1970. Autrefois, on privilégiait le fait de montrer les carnivores dans des attitudes de chasse. Ainsi, nous avons une loutre dans une position d’attaque.»
Un sous-fonds spécifique a été créé par La Fondation de l’Université Laval à la demande de la Bibliothèque dans le but de soutenir la conservation préventive, la restauration et la mise en valeur des objets et spécimens des collections de l’Université. «Ce fonds de donateurs, explique-t-elle, pourra notamment servir à acheter des matériaux de conservation non acides et du mobilier de réserve ou d’exposition, à installer un studio photo pour la documentation des collections ou à restaurer des œuvres d’art, des objets ou des spécimens malmenés par le temps.»
Contribuer au Fonds de développement de la Bibliothèque – collections d’objets et de spécimens