Andréanne Goyette est inscrite en deuxième année de médecine dentaire à l’Université Laval. Depuis deux ans, elle travaille également comme bénévole à la clinique communautaire SPOT, qui dessert une clientèle défavorisée et très marginalisée, où elle s’occupe de la prise de rendez-vous en plus d’agir comme assistante dentaire.
«Je n’échangerais ma place pour rien au monde, affirme-t-elle. Travailler à SPOT pour les soins dentaires, ça me met directement en contact avec mon futur métier. On ne se cachera pas que les soins dentaires, c’est un luxe pour beaucoup de gens. Or, je suis d’avis que la santé n’est pas un luxe et que ça ne devrait jamais l’être. C’est un droit, une nécessité. J’ai décidé de m’impliquer à SPOT parce que cette problématique me touche énormément et qu’il m’est impossible de rester les bras croisés devant un enjeu si important.»
En quelques mots, SPOT est un organisme à but non lucratif fondé à Québec en 2014. Au Québec, entre 25 et 30% de la population n’ont aucun accès aux soins dentaires. Les pionniers de SPOT sont les facultés de Médecine dentaire, de Médecine, des Sciences infirmières, des Sciences sociales et l’École de nutrition de l’Université Laval.
Travailler entre quatre et sept heures chaque semaine à SPOT apporte beaucoup à Andréanne Goyette sur le plan humain. «Je rencontre des gens extraordinaires, explique-t-elle, autant les patients que l’équipe de SPOT. Leurs expériences et leur quotidien sont si loin de ce que je connais que chaque rencontre m’enrichit à tellement d’égards.»
Selon elle, il est important de redonner lorsque nous sommes privilégiés. «Contribuer à rendre le sourire, dit-elle, c’est ma façon à moi de redonner à ma communauté.»
La Démarche d’engagement social
Selon Luc Audebrand, professeur à la Faculté des sciences de l’administration, titulaire de la Chaire de leadership en enseignement sur l’engagement social et directeur scientifique de la Démarche d’engagement social, le cheminement d’Andréanne Goyette n’est pas un cas unique. «C’est vraiment réjouissant, souligne-t-il. Elle met son expertise au service d’une cause qui lui tient à cœur. Plus largement, cela me touche énormément de voir de plus en plus d’étudiantes et d’étudiants à la maîtrise et au doctorat faire un cheminement de recherche engagée pour une cause, pour une communauté particulière.»
La Démarche d'engagement social, lancée en mars 2020, s’est inspirée de la mission et des valeurs de l’Université Laval, en plus d’être une source d’inspiration pour permettre à l’Université d’être encore plus engagée dans sa communauté, tant sur le plan local qu’international. Les travaux de la Démarche ont notamment mené à la rédaction de la Déclaration d’engagement social de la communauté universitaire.
Le professeur Audebrand rappelle que l’engagement social est un geste volontaire et personnel, qu’il soit réalisé seul ou en groupe. «Il était essentiel, ajoute-t-il, que la Déclaration d’engagement social soit rédigée en étroite collaboration avec des membres de la communauté universitaire.»
«La Démarche, poursuit-il, vise à ouvrir un espace de discussion afin que nous puissions définir ensemble ce que pourrait être l’engagement social au sein de la communauté universitaire et voir ensemble comment celui-ci pourrait se manifester davantage dans différentes sphères, à la fois en matière de recherche, d’enseignement ou d’implication sur le campus ou à l’extérieur de celui-ci.»
La Déclaration comprend douze points subdivisés en quatre parties. La première section évoque les valeurs de l’Université et l’aspiration à servir les idéaux et causes qui contribuent notamment à la justice sociale et au mieux-être des personnes. Dans la deuxième partie, les signataires déclarent leur volonté à s’engager socialement. Cela se fait par des actions, des paroles, le dialogue avec la société civile et par une mobilisation collective.
La troisième section mentionne le fait que l’engagement doit s’appuyer sur l’avancement et le transfert des connaissances en engagement social, sur la promotion de cet idéal et sur la reconnaissance et le soutien de l’engagement social des membres de la communauté universitaire. Enfin, comme quatrième et dernière partie, la Déclaration insiste sur la sensibilité aux vulnérabilités, qui peuvent être des freins comme des motivations à l’action.
«En définissant l’engagement comme l’un des trois axes de sa planification stratégique, notre université signifie son intention d’enrichir l’enseignement et la recherche par l’engagement et de nourrir cet engagement par nos activités et nos projets, a déclaré le vice-recteur aux affaires externes, internationales et à la santé, Rénald Bergeron. Par la coopération, la solidarité internationale et l’implication auprès des collectivités, nous plaçons l’engagement social au cœur de notre mission, de nos actions, et en faisons une priorité commune.»
Des assises participatives et inclusives
Au fil des mois, des étudiants et des professeurs, en passant par des diplômés et des employés actuels et retraités, tous des gens intéressés par la question de l’engagement social, ont été invités à soumettre leurs idées et à apporter leurs réflexions. Au total, plus de 130 personnes ont participé à ces consultations en ligne.
La tenue de deux activités participatives visant à produire une déclaration d’engagement social fut le point culminant de la session d’automne. D’abord, un atelier préparatoire en visioconférence a attiré quelque 60 personnes le 3 novembre. Ensuite, les assises, elles aussi en visioconférence, ont réuni près de 90 participants le 11 novembre.
Parmi ces passionnés d’engagement social ayant participé à ces deux activités, on reconnaissait notamment les professeurs Florence Piron, Gérard Duhaime et Dominique Morin, ainsi que l’étudiante Victoria Thân et le vice-recteur Rénald Bergeron.
«Les assises se voulaient participatives et inclusives, soutient le professeur Audebrand. Les rencontres en sous-groupes ont été très enrichissantes et ont permis d’éclairer certaines zones grises. Les personnes participaient pleinement et proposaient des idées vraiment intéressantes pour améliorer notre ébauche de déclaration.»
Les assises ont vu ce dernier présenter les résultats d’une enquête récente menée auprès du corps professoral de l’Université sur la notion d’engagement social. Vingt professeurs se sont prêtés à l’exercice. Selon les répondants, l’engagement social est perçu comme une posture, un don sans attendre de contrepartie, une responsabilité ou une forme de militantisme pour une cause liée à leur domaine d’expertise.
L’étape suivant la publication de la Déclaration d’engagement social de la communauté universitaire consiste à encourager le plus de gens possible à la signer puis à la diffuser. Elle sera aussi transmise à la Table de concertation en engagement social de l’Université, qui pourrait proposer des actions à la direction de l’Université dans les prochains mois.
Lire et signer la Déclaration d'engagement social de la communauté universitaire