
Frédérick De Grandpré
— Maxime Côté
Habitué du petit écran, Frédérick De Grandpré s’est taillé une place de choix dans le cœur du public. On l’a vu dans Fortier, Le négociateur et Mémoires vives, entre autres séries. Ce que plusieurs ignorent, c’est que le comédien est aussi étudiant à la Faculté de philosophie de l’Université Laval. Bientôt diplômé d’un certificat en philosophie, il compte s’inscrire au baccalauréat.
C’est après le tournage de Mémoires vives, une série de 120 épisodes diffusés de 2013 à 2017, qu’il s’est tourné vers ce champ d’études. «J’avais toujours été intéressé par la philosophie, dit-il, mais mon métier de comédien ne me permettait pas nécessairement de mener ce projet à bien. Il y a trois ans, je me suis retrouvé dans un creux de vague. J’ai commencé à faire du bénévolat à l’école primaire de mes filles. Ayant envie d’en faire plus, je suis tombé sur un livre de Frédéric Lenoir, Philosopher et méditer avec les enfants.»
Il n’en fallait pas plus pour que Frédérick De Grandpré s’inscrive à la Fondation SEVE. Fondé par Frédéric Lenoir, cet organisme forme des animateurs d’ateliers pour enfants. Les formations sont basées en grande partie sur les recherches de Michel Sasseville, professeur à la Faculté de philosophie et sommité dans le domaine de la philosophie pour enfants. C’est ainsi que le comédien devenu animateur d’ateliers s’est tourné vers le programme à l’Université Laval afin de perfectionner ses compétences.
Pour Frédérick De Grandpré, il est primordial d’apprendre aux jeunes à réfléchir par eux-mêmes. «Dans ce monde dans lequel on vit, on reçoit tellement d’informations contradictoires. Comment faire la part des choses? Même pour les adultes, c’est très difficile. Mon but est de donner aux enfants les meilleurs outils possible pour qu’ils soient capables d’analyser et d’avoir un regard critique sur ce qui leur est présenté. Si on n’est pas capable de penser de façon autonome, il nous manque quelque chose de primordial dans la vie. L’humain a besoin de dialoguer, de se questionner, de revisiter ses croyances et ses convictions; la meilleure façon de le faire, c’est par la philosophie.»
Les ateliers qu’il donnait dans les écoles ayant été annulés en raison de la pandémie, Frédérick De Grandpré a trouvé de nouvelles élèves: ses deux filles âgées de 7 et 9 ans. Avec elles, il n’hésite pas à parler des enjeux entourant la COVID-19 et à commenter l’actualité. «Même en bas âge, les enfants sont capables de se responsabiliser et de se dire: “Si je ne fais pas ma part, il y aura des conséquences”. Décortiquer l’information et émettre des hypothèses sur ce qui peut arriver leur permet d’avoir une réflexion pour faire de bons choix par la suite. Quand on leur donne la possibilité, les enfants aiment penser par eux-mêmes et prennent cette responsabilité à cœur», explique-t-il.
Comme quoi le comédien en lui n’est jamais bien loin, le père de famille met à contribution son expérience en télévision et en théâtre. «Avec l’expérience de jeu vient une sensibilité à écouter et à vouloir comprendre les autres. Pour apprendre un texte au théâtre, il faut bien comprendre la vision de l’auteur. La plupart du temps, des enjeux humains et des questions se posent derrière l’histoire. Ce que j’ai appris en tant que comédien, je peux le transposer en philosophie. De plus, l’art dramatique m’aide à rendre les échanges ludiques et dynamiques, sans toutefois influencer le dialogue.»
En vrac, trois questions à Frédérick De Grandpré
Une réalisation en carrière dont vous êtes le plus fier?
«Le négociateur. Pendant trois ans, j’ai porté cette série sur mes épaules. Ce fut très exigeant. Ce fut aussi la découverte d’un monde nouveau pour moi, celui de la célébrité et de la télévision. Il a fallu que j’utilise beaucoup d’astuces pour ne pas tomber dans les pièges.»
Une œuvre qui a joué un rôle important dans votre vie?
«Cyrano de Bergerac. C’est probablement l’une des plus belles pièces. J’ai eu la chance de la voir très souvent, en français et en anglais. Le fond de cette pièce est formidable. Cyrano de Bergerac n’était pas seulement un combattant exceptionnel; il était aussi un philosophe et un poète, ce qui en fait un personnage très complet.»
Un philosophe marquant?
«Bertrand Russell. Bizarrement, il est né 100 ans avant moi, jour pour jour, le 18 mai 1872. Il y a quelque chose dans la philosophie analytique de Russell qui m’interpelle beaucoup. En même temps, il vulgarise extrêmement bien la philosophie et sait la rendre accessible et intéressante pour tous.»