L’Association des étudiantes et des étudiants de Laval inscrits aux études supérieures, mieux connue sous l’acronyme AELIES, vient de renouveler Cogito, son concours de vulgarisation de projets de recherche et de création. Le 12 novembre, au café Fou AELIES du pavillon Alphonse-Desjardins, l’Association faisait l’annonce officielle du changement de nom en celui de Néo.
«Cogito était une formule conçue pour la télévision, avec un format conventionnel bien précis, explique le responsable de Néo et directeur de la Chaire publique AELIES, Serge Bonin. Nous avions envie de visiter un cadre moins traditionnel et de réinventer le format en s’inspirant de capsules Web populaires. Nous avons exploré plusieurs chaînes et avons dégagé une signature précise et personnelle. Néo expose la nouveauté, la découverte, mais aussi l’aspect néophyte du spectateur qui s’ouvre à des territoires de connaissance inconnus.»
Un changement de nom et un format réinventé n’ont en rien modifié la mission du concours de vulgarisation. «Le mandat de mise en valeur des étudiants et des étudiantes des cycles supérieurs, de vulgarisation et de diffusion démocratique des savoirs est toujours le fond de notre action, souligne Serge Bonin. Mais nous espérons élargir le public avec un traitement plus dynamique et plus ludique.»
Le concours Néo 2019-2020 est en marche. Le début de la production comprend trois capsules réalisées ou en cours de réalisation. La première met en scène la doctorante en relations industrielles Julie Garneau. La capsule de dix minutes a été présentée lors de la rencontre du 12 novembre et est depuis accessible sur la chaîne YouTube de la Chaire publique AELIES. Deux autres sont en chantier. La prochaine, qui devrait voir le jour d’ici Noël, mettra en vedette Mathieu Champagne, candidat à la maîtrise en sciences de la Terre. Dans sa présentation, il tentera de répondre à la question «Nos ingénieurs civils au Québec sont-ils incompétents?». La troisième capsule sera animée par Samuel Nepton, doctorant en philosophie, qui expliquera à quoi sert l’école.
«La première capsule a été appréciée par près de 800 personnes lors de son lancement, indique le responsable de Néo. Près de la moitié des gens l’ont visionnée au complet et le nombre d’abonnements à notre chaîne YouTube garde une proportion très élevée. Donc, le produit est vraisemblablement apprécié, il nous reste à le faire connaître pour rayonner davantage.»
Selon Serge Bonin, tous les décanats rencontrés jusqu’à présent souhaitent participer au concours Néo. L’objectif est de diffuser une capsule par mois entre septembre et avril, soit 8 épisodes par année, afin de visiter toutes les facultés de l'université chaque deux ans.
Votre patron sera-t-il un robot?
La capsule de la doctorante Julie Garneau se veut une réflexion sur l’arrivée du numérique dans les milieux de travail. Selon elle, la transition en cours vers une économie numérique bouscule nos habitudes de réseautage et les pratiques de gestion des entreprises. Le numérique a aussi des répercussions sur les relations d’emploi. On observe notamment de nouvelles formes de contrôles par la collecte de données. On observe aussi des effets pervers, entre autres sur le brouillage entre le travail et la vie privée.
«Ainsi, je m’interroge sur la façon dont les syndicats et employeurs s’attaquent aux enjeux du numérique, explique Julie Garneau. Comment utilisent-ils le code du travail, la convention collective, le programme de formation continue pour résoudre des enjeux comme les mégadonnées et le remplacement des tâches par les robots? Comment utilisent-ils d’autres institutions, par exemple les universités, pour y parvenir?»
Au cœur de sa thèse, en réponse à ces perturbations, la doctorante développe l’idée que les acteurs du milieu du travail font de l’expérimentation institutionnelle. Ceux-ci cherchent à se positionner au sein des systèmes de production et d’innovation en testant les limites des institutions, en les utilisant dans un sens qui n’était pas prévu ou en les recombinant par essais et erreurs.
La numérisation prend notamment la forme de l’Internet des objets, des données massives, des robots et aussi de l’intelligence artificielle. Selon Julie Garneau, l’usine pourrait finir par fonctionner d’elle-même, presque sans intervention humaine. «Les avancées technologiques connectées et les robots vont de plus en plus faire partie du milieu du travail, affirme-t-elle. Et peut-être que certains de ces robots, grâce à des intelligences artificielles, pourraient devenir ceux qui organisent le travail, qui donnent des ordres. Cela dit, il y aura toujours quelque part un humain, un vrai patron, pour programmer le robot en question.»
Ce projet doctoral s’inscrit dans un retour aux études pour Julie Garneau, après une vingtaine d’années dans la fonction publique fédérale. «J’ai surtout aimé prendre le risque d’être déstabilisée, tout en me sentant épaulée et dirigée dans le processus, indique-t-elle. J’ai aimé le fait que j’étais guidée par Serge Bonin, qui m’a aidée dans la livraison du texte et dans la vulgarisation de mes longues phrases. Aussi, j’aime le montage, qui amène beaucoup d’images. Finalement, je me suis rendue compte que je suis beaucoup plus à l’aise derrière un clavier, mais qu’il faut prendre le risque de communiquer différemment. Même si j’ai tendance à m’autocritiquer en me voyant à l’écran, je suis contente d’avoir fait le pas et d’être sortie de ma zone de confort!»