
— Jean-Christophe Gagnon-Labonté
Le jeudi 24 octobre, en début de soirée à l’amphithéâtre Hydro-Québec du pavillon Alphonse-Desjardins, l’ancienne première ministre du Québec Pauline Marois a prononcé le discours inaugural marquant le lancement des activités entourant le 75e anniversaire de l’École de travail social et de criminologie de l’Université Laval. Dans son exposé, elle a fait état des raisons qui l’ont amenée, jeune femme, vers le travail social. Elle a aussi expliqué comment cette formation, reçue à l’Université Laval, lui a été, selon elle, «très utile» dans ses orientations professionnelles.
«J’ai notamment travaillé comme travailleuse sociale, dirigé un CLSC et enseigné, a-t-elle rappelé en marge de sa conférence. Mes apprentissages, car j’ai aussi obtenu une maîtrise en administration des affaires à HEC Montréal, m’ont beaucoup aidée dans mes différentes fonctions.»
Sur le plan professionnel, la réalisation dont elle est la plus fière est la politique familiale adoptée en 1997 et mise de l’avant par le gouvernement de Lucien Bouchard. Pauline Marois, alors ministre, en avait assuré l’orientation et la mise en œuvre.
«Ma plus grande satisfaction dans ce dossier, a-t-elle ajouté, est d’avoir fait reculer la pauvreté chez les enfants, les femmes chefs de familles monoparentales et les jeunes familles à revenu modeste.»
Au cœur de cette politique, il y avait la création d’un réseau de centres de la petite enfance. «Ce fut un immense chantier qui a demandé une volonté politique à toute épreuve et une grande détermination, car il y a eu beaucoup d’embûches, a soutenu l’ancienne première ministre. Il a fallu être audacieux. Nous avions décidé de confier la gestion des centres de la petite enfance à des conseils d’administration composés d’une majorité de parents. Cette approche s’inscrivait dans la trame de ma formation, qui consiste à donner aux individus du pouvoir sur leur vie. C’est un souvenir prenant. Les centres de la petite enfance ont vraiment changé la vie des parents et des enfants québécois. Ils demeurent un modèle dans le monde. Je suis encore très heureuse d’avoir travaillé à leur implantation.»
Inégalités sociales et quête de justice
De son passage à l’Université Laval, Pauline Marois ne garde que de très bons souvenirs. «J’ai eu des professeurs stimulants, a-t-elle souligné. Nous étions exposés entre autres à l’anthropologie, à l’économie, au service social. J’ai beaucoup apprécié cette diversité, car elle nous a permis de voir à quel point tout est interrelié. Une chose m’est toujours restée, qui m’a beaucoup aidée et dont je me sers encore aujourd’hui, est qu’il faut être attentif à l’autre et que cette attitude se traduise dans nos paroles et nos actes.»
Selon elle, deux raisons l’ont amenée à vouloir se former en service social, comme l’on disait à l’époque, plutôt que, par exemple, en science politique: les inégalités sociales et la quête de justice.
«Pour moi, a-t-elle dit, cela signifiait de pouvoir lutter contre la pauvreté, pour l’égalité des chances, contre la détresse humaine. J’étais convaincue que je pouvais agir pour changer les choses. Je connaissais ma détermination, ma volonté pour foncer. Il me fallait les bons outils, les compétences, et c’est ce que je suis allée chercher à l’université.»
Était-elle une idéaliste?
«Je l’étais complètement, a répondu l’ancienne première ministre. Je ne le regrette pas et je le suis encore. Pour moi, il fallait corriger une injustice. Le milieu où l’on naît conditionne notre place dans la société. Ce n’est pas acceptable. Le travail social allait dans ce sens. Ma formation m’a donné des outils.»
En septembre 2012, Pauline Marois est devenue la première femme première ministre du Québec. Cette nomination venait couronner une longue carrière en politique active amorcée en 1981 avec une première élection comme députée. À 33 ans, elle était ministre dans le cabinet de René Lévesque. En tout, elle aura dirigé neuf ministères, dont celui des Finances, celui de la Santé et des Services sociaux, et celui de l’Éducation. Elle a aussi été à la tête de trois ministères d’État. En plus de René Lévesque, Pauline Marois a servi sous les premiers ministres Jacques Parizeau, Lucien Bouchard et Bernard Landry.
«J’ai appris de chacun d’eux, a-t-elle indiqué. Je crois que les observer a bonifié ce que j’étais comme leader. J’étais près d’eux et ils ont eu une influence sur moi, c’est évident. J’ai été ministre cinq ans sous René Lévesque. J'ai été très près de Lucien Bouchard et de Bernard Landry. Quant à Jacques Parizeau, il avait été mon professeur à HEC Montréal. J’ai été attachée de presse dans son cabinet et sa ministre par la suite.»

Le jeudi 24 octobre à l’amphithéâtre Hydro-Québec du pavillon Alphonse-Desjardins, l’ancienne première ministre du Québec Pauline Marois a prononcé le discours inaugural marquant le lancement des activités entourant le 75e anniversaire de l’École de travail social et de criminologie de l’Université Laval. De gauche à droite: Serge Dumont, professeur retraité de l’École, le doyen de la Faculté des sciences sociales, François Gélineau, Pauline Marois, la directrice de l’École, Renée Brassard, et le vice-recteur aux études et aux affaires étudiantes, Robert Beauregard.
— Jean-Christophe Gagnon-Labonté