
Clémence Bouchart, Thomas Roos et Océane Touillon participaient pour la première fois à un concours de droit. Leur réussite positionne encore davantage la Faculté de droit de l'Université Laval comme un pôle d'excellence universitaire en droit international humanitaire.
«L'équipe a réalisé une performance absolument remarquable, affirme le chargé de cours et préparateur des trois étudiants, Édouard Delaplace. C'est une formidable réussite pour chacun d'eux et pour la Faculté qui se positionne ainsi encore davantage comme un pôle d'excellence universitaire en droit international humanitaire.»
Le droit international humanitaire est le droit des conflits armés. Il vise à protéger la population civile, à épargner blessés et malades, et à neutraliser l'ennemi, pas l'anéantir, pour gagner la guerre.
Bon an mal an, une cinquantaine d'équipes participent au concours Jean-Pictet. Elles proviennent habituellement des cinq continents. Elles concourent dans le cadre de simulations autour d'un conflit armé fictif, au rythme d'au moins deux simulations par jour. Les participants jouent le rôle de différents acteurs que l'on trouve dans ce type de situation, que ce soit des militaires ou des représentants d'ONG, de l'ONU, de la Croix-Rouge internationale ou de gouvernements.
Une des simulations de l'équipe C2 a consisté en un débat avec deux autres équipes sur ce qui pouvait être attaqué ou non parmi trois objectifs militaires. Les étudiants de l'Université Laval représentaient l'État fictif du Cethun. Les objectifs étaient un camp d'entraînement militaire, sachant que des adolescents s'y trouvaient, la possibilité de faire évacuer des otages dans un convoi d'aide d'une ONG, et un centre d'opérations logistiques situé dans un bunker.
«Un objectif militaire est un bien dont la destruction totale ou partielle, sa capture ou sa neutralisation, offre un avantage militaire précis, explique Clémence Bouchart. Il fallait ainsi déterminer si les autorités du Cethun avaient le droit de cibler, ou de faire ce qui était prévu pour ces trois objectifs ou non. Si non, il fallait voir si d'autres manières de faire permettaient, quand même, d'attaquer ces objectifs. Par exemple, en faisant une intervention militaire armée directement sur le terrain plutôt que de larguer une bombe.»
Pour les participants, une journée typique commençait par la réception d'un document révélant une violation des droits humanitaires.
Au fil des jours, les étudiants de l'Université Laval ont notamment représenté le Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l'homme et le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Ils ont été conseillers juridiques de la sous-délégation du Comité international de la Croix-Rouge. Ils ont aussi été porte-parole du ministère des Affaires humanitaires du pays fictif de Cethun. D'autres États fictifs avaient pour noms New Alsace et Tekker.
«Les thèmes des simulations étaient écrits au fur et à mesure par d'anciens participants au concours, souligne Clémence Bouchart. La plupart du temps, c'étaient des professeurs de droit spécialistes du domaine.»
Selon Édouard Delaplace, ce concours assez original permet aux étudiants de «sortir le droit des livres». «Ils doivent, indique-t-il, garder à l'esprit que c'est un concours de droit et que c'est presque exclusivement sur la maîtrise des questions juridiques que les choses se jouent.»
Clémence Bouchart renchérit. «Le jury s'attendait à ce que nous invoquions telle loi ou telle règle coutumière, dit-elle. Ils ont évalué ce que nous avions mobilisé comme connaissances juridiques. Ils ont aussi jugé la pertinence de nos propos, leur originalité, ainsi que notre attitude et notre jeu d'acteur, soit notre capacité d'entrer dans notre personnage.»
Le concours Jean-Pictet constitue tout un défi. Les participants concourent pendant cinq longues journées avec le lot de stress et de fatigue que l'on imagine. Sur le plan intellectuel, ils doivent démontrer souplesse et agilité puisqu'ils doivent constamment s'adapter au conflit qui évolue. Les rôles qu'il faut jouer ne sont jamais les mêmes. Enfin, certaines mises en situation peuvent déstabiliser, comme la rencontre d'un groupe rebelle, la visite d'une prison ou une discussion interministérielle.
«La première force de nos étudiants, c'est leur engagement pour le droit des conflits armés et ses valeurs, soutient Édouard Delaplace. Leur deuxième force était leur connaissance très pointue de la matière juridique qui leur a permis de briller lors des épreuves. Enfin, je dirais que c'était une équipe très soudée, et aussi très ouverte et très respectueuse des autres participantes et participants, ce qui leur a valu d'être très appréciés par les autres étudiantes et étudiants lors du concours.»
Photo : Comité pour le concours Jean-Pictet

Photo : Nicolás Braguinsky Cascini