
Les visiteurs du MNBAQ sont accueillis par Cité laboratoire, une œuvre de Daniel Corbeil. Inspirée des constructions futuristes, cette sculpture explore les liens utopiques entre l'urbanisme et l'écologie.
Le 22 et le 23 mars, au Musée national des beaux-arts du Québec (MNBAQ), des conférenciers s'inspireront de leurs propositions pour réfléchir aux liens entre l'art, la nature et le quotidien. «Le colloque réunira des philosophes, des historiens de l'art, des artistes et des critiques d'art. Nous avons demandé à chaque intervenant de prendre comme exemple ou point de référence le travail d'un artiste de la biennale pour créer sa conférence», explique Patrick Turmel, professeur de philosophie et président du conseil d'administration de Manif d'art.
L'événement, fruit d'un partenariat avec la Chaire La philosophie dans le monde actuel et la Chaire de recherche du Canada en Antiquité critique et modernité émergente, s'adresse à quiconque a un intérêt pour l'art et la culture. Il y aura, entre autres, une communication du professeur en philosophie Jean-Marc Narbonne sur les paradigmes esthétiques dans l'histoire de l'art. Sociologue et historien de l'art au Département des sciences historiques, Maxime Coulombe donnera lui aussi une présentation. Aux conférences s'ajoutent une table ronde animée par Georges Azzaria, directeur de l'École d'art, ainsi qu'une visite guidée de l'exposition du MNBAQ et la projection du film Certain Women, de la cinéaste américaine Kelly Reichardt.
Pour le professeur Turmel, toutes ces activités sont autant d'occasions de démystifier le travail du philosophe. «Ce genre de colloque permet de voir à quel point art actuel et philosophie vont de pair et se nourrissent l'un et l'autre. Derrière à peu près toute pratique d'art actuel se cache une réflexion de l'artiste dans laquelle le philosophe peut trouver des échos de son propre travail. La philosophie et l'art donnent lieu à des échanges qui sont tout à fait naturels.»
Dans ce même esprit, le colloque présentera une activité satellite visant à vulgariser la philosophie auprès des enfants. Tout comme les adultes, les jeunes de 5 à 11 ans seront invités à réfléchir et à discuter autour des œuvres qui sont exposées. Cet atelier gratuit sera animé par Nadia Beaudry, diplômée de la Faculté de philosophie. «Grâce au professeur Michel Sasseville, la Faculté de philosophie a développé une solide expertise dans le domaine de la philosophie pour enfants. Nadia Beaudry est l'une de ses anciennes étudiantes. Avec le colloque, nous avons vu l'occasion d'intégrer à la programmation jeunesse de Manif d'art cette dimension du travail fait à la Faculté», indique Patrick Turmel.
Une programmation à découvrir
Jusqu'au 21 avril, Manif d'art 9 propose plusieurs expositions et œuvres d'art public rassemblées sous le thème «Si petits entre les étoiles, si grands contre le ciel», des mots de Leonard Cohen. Si le cœur de la biennale est au pavillon Pierre-Lassonde du MNBAQ, l'événement a aussi des antennes dans une dizaine de lieux de la ville de Québec. En tout, plus de 100 artistes d'ici et d'ailleurs sont représentés.
À la Galerie des arts visuels de l'Université Laval, on peut découvrir le travail du Britannique Oliver Beer. Reanimation (Baloo Stripped Bare) revisite un extrait du célèbre film de Disney Le livre de la jungle. L'œuvre est une séquence vidéo constituée de 2 500 dessins réalisés par des enfants âgés de 0 à 13 ans. Le montage permet de voir les croquis dans un ordre croissant, selon l'âge de chaque dessinateur. Peu à peu, la page blanche du nouveau-né laisse place aux gribouillis du bambin, puis à des dessins de plus en plus complexes.

Au MNBAQ, on est happé par cette gigantesque installation de Krištof Kintera, posée sur le sol de l'une des salles d'exposition. Composée de débris informatiques récupérés et remaniés par l'artiste tchèque, Systemus postnaturalis présente une vision postapocalyptique du monde. De quoi faire réfléchir en cette ère de surconsommation et d'obsolescence programmée!

Le bruit des icebergs: Caroline Gagné ne pouvait trouver meilleur titre pour cette œuvre, conçue à partir d'enregistrements sonores et vidéo d'un iceberg. La diplômée d'une maîtrise interdisciplinaire en art à l'Université Laval propose ici une réelle expérience multisensorielle. Reflétée sur un panneau de verre, l'image saccadée de l'iceberg est soumise aux vibrations sonores de la glace qui dérive et s'érode progressivement. Ainsi, on peut voir, entendre et même ressentir poétiquement la fonte de cette grande masse flottante.

Les artistes visuels Jim Holyoak et Matt Shane font équipe pour créer des univers ténébreux où fourmillent les détails insolites. The Who's Haunts est composé de deux œuvres qui immergent le spectateur dans des habitations délabrées soumises aux forces de la nature.

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