14 septembre 2017
Ces profs qui changent des vies
Le Fil vous présente une série d’articles sur des enseignants inspirants qui ont influencé le parcours d’anciens étudiants. Cette semaine: Simon Thibault rend hommage à Florian Sauvageau, professeur au Département d’information et de communication

Florian Sauvageau est reconnu comme un fin observateur des médias. En 2014, la Fédération professionnelle des journalistes du Québec lui remettait le prix Judith Jasmin Hommage pour souligner l’ensemble de sa carrière.
— Michael Monnier
Simon Thibault a fait sa connaissance en 2003. À l’époque, il travaillait comme consultant et songeait à faire le saut en journalisme. Le programme d’études supérieures en journalisme international mis sur pied par le professeur s’avérait la meilleure option pour ce jeune homme avide d’aventures. «J’ai contacté Florian, ce qui a permis de m’aiguiller dans ma démarche. Comme j’avais peu d’expérience en journalisme à ce moment-là, il m’a conseillé de faire un stage. Florian est quelqu’un d’extrêmement respecté et qui a un réseau de relations incroyable. Il m’a donc permis de vivre mes premières expériences en journalisme avant de commencer le programme d’études», raconte-t-il.
En plus de confirmer son intérêt pour l’actualité internationale, ce programme lui a permis de pratiquer le métier sur le terrain. En compagnie d’un autre étudiant que le professeur a mis sur sa route, Simon Thibault a couvert l’exode de réfugiés fuyant la crise au Darfour. Il a aussi réalisé des reportages au Pérou, en Bolivie et en Équateur. Toutes ces expériences l’ont incité à poursuivre ses études au doctorat, sous la supervision de Florian Sauvageau et d’un professeur de l’Université Sorbonne Nouvelle, à Paris. Son projet de recherche portait sur la réforme des systèmes médiatiques de la Bosnie-Herzégovine et du Kosovo.
Aujourd’hui professeur en science politique à l’Université de Montréal, Simon Thibault parle de son ancien mentor avec enthousiasme. «Florian est un gentleman respectueux et toujours à l’écoute de ses étudiants. Il n’hésite pas à leur donner des défis et à remettre en question ce qu’ils peuvent penser ou affirmer. S’il est en désaccord, il va s’exprimer de façon calme et posée. J’ai le souvenir d’un professeur très inspirant et charismatique.»
Pour Florian Sauvageau, le métier d’enseignant est une belle façon de côtoyer la relève en journalisme. «Si, à travers ma passion pour le journalisme, j’ai pu susciter quelques vocations, j’en suis très heureux. L’une de mes plus grandes satisfactions dans la vie est de voir de mes anciens étudiants occuper des postes très intéressants dans tous les médias. J’ai gardé contact avec plusieurs d’entre eux, ce qui me permet de ne pas vieillir trop vite!», lance en riant le professeur associé de 76 ans. Même s’il a diminué sa charge de travail, Florian Sauvageau est toujours bien présent dans le milieu universitaire. Il collabore notamment aux recherches du Centre d’études sur les médias, qu’il dirigeait jusqu’en février dernier.
S’il reconnaît que la profession a bien changé depuis son époque, entre autres avec la crise des médias et la prolifération des fake news, il n’en demeure pas moins optimiste pour l’avenir du journalisme. «Il faut garder un certain optimisme, mais il ne faut pas non plus se fermer les yeux: les problèmes sont énormes. Les fake news ne sont pas un phénomène nouveau. Historiquement, les fausses nouvelles ont toujours été un outil de propagande, particulièrement durant les conflits. Ce qui est nouveau est l’accélération et la prolifération des fausses nouvelles que permettent les réseaux sociaux. Mais le public est intelligent: il parviendra à départager le vrai du faux. Ce qui est tragique est la situation économique des médias. Il faut trouver une solution pour que l’information essentielle pour la vie démocratique puisse continuer à circuler.»
Aux étudiants qui aspirent à une carrière dans le domaine, il leur dit de ne pas se décourager. «Des postes stables dans une grande salle de nouvelles, il y en aura de moins en moins. Mais, bien que le métier change, il restera toujours des journalistes. En ayant du talent, de la persévérance et de la passion, on aboutit toujours quelque part. Il ne faut pas désespérer, loin de là!»

Lauréat d’une bourse du Centre de recherches pour le développement international en appui aux projets journalistiques d’étudiants, Simon Thibault a pu réaliser un reportage sur une mine artisanale au Pérou.
Et vous, y a-t-il un enseignant qui a changé votre vie?
Les meilleurs enseignants, ce sont ceux dont on se souvient toute sa vie durant. Dévoués, pédagogues, enthousiastes, ils nous ont transmis leur passion, ont élargi nos horizons, nous ont donné envie d'être créatifs dans un domaine. Diplômé ou étudiant, vous avez une histoire qui implique un professeur ou un chargé de cours toujours à l'emploi de l'Université? N’hésitez pas à écrire au journaliste Matthieu Dessureault pour lui faire part de votre témoignage (Matthieu.dessureault@dc.ulaval.ca). Votre histoire pourrait faire l’objet d’un article dans le journal!