«Le Rucher pédagogique UL, comme on l'appelle, est une initiative de la professeure Valérie Fournier, du Département de phytologie, et de moi-même, explique le professeur Pierre Giovenazzo, du Département de biologie. Le projet est réalisé avec la collaboration du Vice-rectorat exécutif et du Centre de recherche en sciences animales de Deschambault (CRSAD), une unité de recherche affiliée à l'Université Laval.»
Il y a quelques mois, l'Université a obtenu, pour une seconde fois, la certification internationale STARS de niveau Or pour la qualité de son engagement en matière de développement durable. Pour souligner cette distinction, la direction de l'Université a organisé un concours d'initiatives innovantes. Le projet des deux professeurs a reçu le plus grand nombre de votes.
Coresponsable du Rucher, Pierre Giovenazzo est également titulaire de la Chaire de leadership en enseignement en sciences apicoles. «Le Rucher pédagogique, dit-il, s'intégrera très bien aux objectifs et aux activités de la Chaire.» Il ajoute que la Chaire et le Rucher tombent pile alors que l'industrie apicole doit faire face à de grands défis. Les abeilles sauvages voient leurs habitats naturels modifiés ou détruits par l'activité humaine avec, comme conséquence, une baisse importante des populations. Les colonies d'abeilles domestiques, elles, ont maille à partir avec les traitements phytosanitaires utilisés dans les cultures ainsi que les maladies qui les affligent, à tel point que, depuis 15 ans, ces colonies accusent un taux de mortalité hivernal moyen d'environ 20% au pays. «Malgré cela, le nombre d'abeilles domestiques est en croissance partout au Canada, précise-t-il. Il en faut beaucoup pour compenser les importantes pertes chez les abeilles sauvages et offrir des services de pollinisation de qualité.»
Les 10 ruches de la Ferme Campus auront un rôle d'enseignement, de recherche et de production alimentaire, en l'occurrence de miel. «Un rucher pédagogique urbain ouvre de nouvelles options pour l'enseignement et la recherche, indique le professeur. Au sein de la Chaire de leadership, les étudiants aux cycles supérieurs doivent se rendre au CRSAD, où sont gérées 350 ruches, pour leurs travaux. Ils auront désormais la possibilité de poursuivre certaines parties de leurs recherches ici, dans un milieu urbain, ce qui est assez rare.»
Le projet aura aussi un volet pédagogique «grand public». Cet aspect sera assuré par deux ruches de démonstration fournies par le Centre de recherche en sciences animales de Deschambault. Ces ruches ont été installées cette semaine, de façon permanente, au Jardin botanique Roger-Van den Hende, situé lui aussi sur le campus universitaire. Elles visent à sensibiliser la population au rôle crucial joué par les abeilles dans les écosystèmes alimentaires. «L'an prochain, ajoute Pierre Giovenazzo, nous voulons installer des ruches sur le toit du pavillon Alexandre-Vachon dans le cadre de notre nouveau cours Apidologie. Des vitres permettront de voir l'activité des abeilles à l'intérieur.»
L'équipe apicole du CRSAD assurera la gestion des ruches. Elle sera appuyée par une équipe pluridisciplinaire d'étudiants préalablement formés.
Les abeilles ne retourneront pas à Deschambault à l'arrivée de l'automne. Elles hiverneront à l'intérieur des ruches que l'on aura isolées du froid. Elles se nourriront à même la nourriture qu'elles auront butinée, notamment le nectar de fruit. «Il fait chaud, l'hiver, dans la grappe d'abeilles autour de la reine abeille», souligne le professeur.
Valérie Fournier et Pierre Giovenazzo, les deux professeurs à l'origine du Rucher pédagogique UL.
Photo: Audrey Pomerleau-Boivin
Le professeur Pierre Giovenazzo, titulaire de la Chaire de leadership en enseignement en sciences apicoles, en compagnie de quelques milliers d'abeilles à la Ferme Campus de l'Université Laval.
Photo: Audrey Pomerleau-Boivin