
Fermée et non utilisée, la cour intérieure de l'hôtel du Parlement a été ciblée comme un bon point de départ pour redonner à la population un accès à la colline parlementaire.
— Marc Robitaille
«Le site du Parlement a connu des transformations au cours de son existence, indique François Dufaux, professeur à l'École d'architecture, qui est parmi les responsables du projet. Jusqu'en 1966, il se trouvait au coeur d'un quartier habité. En se rendant au travail ou en le quittant, les politiciens croisaient des citoyens.» Puis, une vaste entreprise d'expropriation et de déplacement, visant no tamment l'aménagement de l'actuel boulevard René-Lévesque, a rompu ce lien, isolant le Parlement et matérialisant, de ce fait, la distance entre les élus et le peuple. «Or, à l'ère où l'on réfléchit beaucoup à la manière dont les gens oc cupent l'espace public, poursuit le professeur, on peut se demander comment les nouvelles générations entrevoient l'aménagement de la colline parlementaire dans une perspective d'habitat humain.»
Tenu en deux temps, le projet Res Publica, conçu sous forme d'échange, s'est d'abord déroulé à Rome, à l'automne 2016, puis à Québec, du 15 au 28 mars, où il a connu son aboutissement alors que les 13 étudiants de l'Université et leurs 5 collègues italiens déposaient, devant l'Assemblée nationale, le résultat de leurs explorations.
Étudiant en première année de maîtrise professionnelle en architecture, Jean- François Allard participait au projet. «En deux semaines, nous avons fait des recherches historiques, des fouilles dans les archives et de l'observation sur le terrain. Puis, nous avons conçu nos ébauches sous forme de maquettes et d'élévations 3D. C'était très intensif», témoigne-t-il.
Une bonne part des travaux ont porté sur la pos sibilité d'exploiter la cour intérieure de l'hôtel du Parlement, méconnue non seulement du public, mais des parlementaires eux-mêmes «C'est un espace inutilisé, mais au grand potentiel constate Jean-François Allard. On pourrait le rendre accessible en lui donnant, par exemple, un rôle d'accueil ou des fonctions protocolaires; on pourrait aussi en faire un lieu public.»
En tout, cinq pistes de réflexion pour l'aménagement d'un site parlementaire plus démocratique ont été soumises aux représentants de l'Assemblée nationale. Comment les ont-ils reçues? «C'était vraiment fascinant d'observer leurs réactions, relate Jean-François Allard, de les voir constater à quel point il y a là un potentiel non exploité dont ils n'avaient pas conscience. Contrairement à de la résistance, nous avons senti beaucoup d'ouverture.»
Le futur architecte dit avoir trouvé beaucoup d'avantages à son séjour romain l'automne dernier et à sa collaboration avec des collègues italiens dans ce projet. «D'une part, nous avons pu constater que, même si à Rome le site du Parlement est situé en plein coeur d'un quartier densément habité, certains de nos défis se re coupent: conjuguer le passé et le présent, entre autres, et tenir compte de la problématique entourant la sécurité.»
Cela dit, si le projet Res Pu blica n'a pas été prévu pour se poursuivre dans le temps, Jean-François Allard n'a aucun doute de sa portée dans sa carrière à venir. «L'expérience était hautement enrichissante, déclare-t-il. Elle nous a amené à développer une réflexion personnelle sur plusieurs thèmes clés de la profession, dont la possibilité du dialogue entre le passé et le présent et l'importance de se préoccuper du lien entre espace public et lieu de pouvoir.» Ces outils, assure-t-il, lui serviront dans son avenir étudiant et professionnel.