Déterminé, il a mis les bouchées doubles pour réussir tous ses cours. Diplômes de baccalauréat et de maîtrise en poche, il est aujourd'hui doctorant en psychopédagogie. Sa thèse, qu'il prépare sous l'encadrement de la professeure Andréa J. Woodburn, porte sur les raisons qui empêchent un enfant de participer à un sport organisé. Il est également chargé de cours au Département d'éducation physique, où il enseigne la didactique de l'athlétisme.
Il n'y a pas que dans les salles de classe où Alexandro Allison-Abaunza fait bonne figure. Spécialiste de l'épreuve du 110 mètres haies, il a participé à plusieurs compétitions d'envergure. L'été dernier, avec les autres membres de l'élite canadienne, il a participé aux essais olympiques à Edmonton. On lui doit le record de l'Université au pentathlon. Capitaine du club d'athlétisme de 2013 à 2015, il continue de s'entraîner sur une base régulière avec l'équipe, même s'il ne défend plus les couleurs du Rouge et Or.
Pour lui, l'athlétisme requiert une bonne dose de courage et un désir constant de dépasser ses limites. «Contrairement à d'autres sports axés sur les habiletés, l'athlétisme est régi par des finalités de performance. Pour s'améliorer, il faut toujours battre son meilleur résultat. Si on travaille adéquatement, on va récolter les dividendes», souligne celui qui a aussi pratiqué le soccer, le basketball et le patinage artistique.
Alexandro Allison-Abaunza fait partie des 110 nouveaux lauréats du Programme de bourses de leadership et développement durable, qui ont été honorés le 17 novembre. Chaque année, une cérémonie souligne les réalisations exceptionnelles et le rayonnement d'étudiants dans les sphères sportive, artistique, entrepreneuriale, environnementale, scientifique et sociale/humanitaire. En tout, huit donateurs ont remis près de 1,2 million$. Le soutien financier varie selon le cycle d'études et la durée du programme. En tant qu'étudiant au 3e cycle, Alexandro Allison-Abaunza recevra 10 000$ par année pour un maximum de trois ans. «Sur le plan financier, dit-il, cela représente une aide non négligeable, surtout pour des études doctorales. Derrière ce soutien se trouve un très grand honneur. Je vois cette bourse comme une preuve de confiance: le comité de sélection du Programme et La Fondation de l'Université Laval m'envoient le message que je suis sur la bonne voie et me donnent un coup de pouce pour atteindre mes objectifs.»
Ces objectifs, ce sont d'encourager les jeunes à opter pour un mode de vie actif et de contribuer à la démocratisation du sport. Avec sa thèse, l'étudiant veut mieux comprendre les obstacles à la pratique d'un sport organisé chez les enfants. «Au Canada, un enfant sur trois n'a pas accès à des infrastructures de sport organisé. Ce taux s'explique en partie par les coûts élevés de l'inscription et des équipements. Un enfant sur trois qui n'a pas accès à des infrastructures, c'est une personne sur trois qui ne bénéficie pas des avantages et des bienfaits que procure le sport. Si je fais des études doctorales, c'est en grande partie grâce au sport. Je me suis dit: "Pourquoi ne pas faire en sorte que plus d'individus en profitent?"»
Dans un premier temps, l'étudiant veut dresser le portrait du problème en s'intéressant notamment aux facteurs sociodémographiques. Par la suite, il entend proposer des solutions pour pallier les lacunes du système sportif. Ce projet de recherche terminé, il espère continuer à travailler dans le milieu universitaire. «Le doctorat, je le vois comme l'équivalent de la Ligue de hockey junior majeur. Le but ultime, c'est d'atteindre la Ligue nationale, soit de devenir professeur afin d'enseigner, de faire de la recherche et de faire progresser les connaissances dans le domaine sportif», dit-il avec enthousiasme.
D'autres lauréats inspirants
Jose Elvire Djiongo Boukeng – Leadership environnemental
Jose Elvire Djiongo Boukeng (doctorat en sciences forestières) aspire à devenir la prochaine Wangari Maathai du Cameroun, son pays d'origine. Comme la lauréate du prix Nobel de la paix, elle contribue activement à la protection de l'environnement. Son but est de renforcer le rôle des femmes dans ce domaine. Pour cela, elle a fondé l'Association camerounaise des femmes ingénieurs en agriculture (ACAFIA), qui vise à autonomiser les femmes des milieux ruraux avec des activités génératrices de revenus. «Le renforcement du rôle des femmes passe par leur implication dans des projets environnementaux grâce à la sensibilisation et à la formation dans les associations rurales féminines et les écoles, croit-elle. L'ACAFIA formera les femmes de la région du nord du Cameroun à l'utilisation de foyers nécessitant très peu de bois pour la cuisson des repas. Des compétitions sur des thèmes ayant trait à la protection de l'environnement seront organisées dans des lycées et des collèges et la participation des jeunes filles sera encouragée.»
Vincent Boissonneault – Leadership entrepreneurial
Entrepreneur social dans l'âme, Vincent Boissonneault (maîtrise en études internationales) enchaîne les voyages et les projets. Après son baccalauréat trilingue en administration des affaires, il a réalisé un stage en Inde, où il a concrétisé son plan d'affaires pour établir une coopérative de travailleuses dans le secteur du recyclage de déchets informatiques. L'entreprise lutte contre l'incidence néfaste du recyclage informel et contre les inégalités hommes-femmes. S'assurant de maîtriser la langue des personnes avec qui il travaille, Vincent Boissonneault apprend celle de chaque pays où il réside. Sa curiosité l'amène vers plusieurs domaines, tant dans ses implications sociales que dans ses réalisations professionnelles. «Après ma maîtrise en études internationales, je souhaite lancer des projets en activisme et en entrepreneuriat social coopératif pour allier ma passion pour l'engagement citoyen à celle pour le développement.»
Gabrielle Filteau – Leadership scientifique
Gabrielle Filteau (maîtrise en biologie) fait partie des chercheurs qui scrutent le territoire nordique à bord du brise-glace NGCC Amundsen, sous la direction du professeur Marcel Babin. Le but de son projet de recherche est de mieux comprendre la productivité des floraisons phytoplanctoniques printanières dans l'océan Arctique en lien avec les changements climatiques. Il vise aussi à mieux comprendre l'effet des floraisons sur l'exportation de carbone organique dans la chaîne alimentaire. «L'Arctique se réchauffe à un rythme près de deux fois plus rapide que la moyenne mondiale, note-t-elle. Bien que cette région soit fortement affectée par l'activité anthropique en raison du changement climatique, nous connaissons peu cet environnement et de quelle façon il va réagir à ces changements. L'océan Arctique est intéressant à observer, tant en ce qui a trait aux différents écosystèmes qui s'y trouvent qu'aux divers processus qui en font un milieu unique.»
Abdelmajid Tounsi – Leadership artistique
Au Maroc, son pays d'origine, Abdelmajid Tounsi (maîtrise en administration des affaires) a vu sa détermination pour approfondir les arts récompensée par l'obtention d'une bourse qui l'a amené à étudier la mise en scène et l'opéra à Pékin, en Chine. Acteur et metteur en scène, il a créé une pièce qui a été présentée une vingtaine de fois au Théâtre d'art populaire de Pékin. À son arrivée au Québec, il a été nommé président de l'organisme Kino, qui vise à encourager la relève cinématographique. Abdelmajid Tounsi a aussi contribué à mettre sur pied le partenariat entre l'Académie du cinéma et la Faculté des lettres et des sciences humaines ainsi que celui qui lie l'Université au Festival de cinéma de la ville de Québec. «Mon but est de créer et d'alimenter une culture cinématographique locale dans laquelle sont mises en œuvre nos émotions et nos histoires collectives. D'un côté, en tant que créateur, j'aimerais utiliser le cinéma comme outil pédagogique pour encourager le dialogue sociétal et, d'un autre côté, en tant qu'entrepreneur, je souhaite mettre en place un environnement propice pour découvrir de nouveaux talents.»
Clara Bouchard – Leadership social/humanitaire
Clara Bouchard (baccalauréat en sciences du langage) a fait de l'intégration des groupes immigrants son cheval de bataille. Durant ses études collégiales, elle s'est impliquée auprès du comité interculturel du Cégep de Sainte-Foy. Lors de l'arrivée de réfugiés syriens en 2015, elle a mis sur pied divers projets de sensibilisation et d'information pour réduire les préjugés chez les étudiants et ainsi améliorer l'accueil de ces arrivants. Aujourd'hui tutrice en français, cette passionnée encourage les autres à s'ouvrir sur le monde. «Nous avons tant de raisons de souhaiter l'intégration des groupes immigrants dans la culture québécoise. Du bonheur tout simple que l'on peut éprouver lors de la découverte de nouvelles traditions à la remise en question de ses propres habitudes, l'intégration de personnes étrangères consiste en un apprentissage des autres, mais aussi en une meilleure compréhension de soi. Nous gagnons tous à comprendre les différentes réalités.»