
Photo prise lors de la première semaine de fouilles dans le secteur ouest du magasin de l'Habitation Loyola, en Guyane française.
— Raphaëlle Lussier-Piette
Dorothée Dubé et Véronique Marengère, toutes deux inscrites à la maîtrise, étaient du nombre. Entre mai et juin, elles ont travaillé au chantier-école de l'Université sur le site de l'îlot des Palais, dans le Vieux-Québec. Ensuite, de la fin juin au début juillet, elles ont effectué un séjour de deux semaines en Islande, une île située à l'extrémité ouest de l'Europe.
«Plusieurs découvertes ont ponctué les fouilles 2015 de l'îlot des Palais», indique Véronique Marengère au sujet du chantier-école dirigé par les professeurs Allison Bain et Réginald Auger. Il faut rappeler que l'endroit a été occupé par des puissances coloniales, d'abord française jusqu'en 1759, puis anglaise. Cet été, les cinq semaines de fouilles, effectuées par 18 étudiants, ont permis la mise au jour d'un mur de pierre de plus de 7 mètres de long et d'approximativement 4 mètres de haut. «Dans l'une des opérations de fouilles, on a découvert ce que l'on croit être la porte cochère du second palais de l'intendant terminé en 1716, poursuit-elle. Cette porte traversait les fortifications. Les seules informations parvenues jusqu'à nous figuraient sur papier et sur des cartes historiques.»
Les fouilles ont aussi mis au jour un drain de pierre remontant probablement au second palais de l'intendant. Ce drain servait à contrôler le ruissellement de l'eau. Parmi la multitude d'artefacts exhumés, mentionnons des brosses en os, deux grenades et des balles de mousquet en plomb.
Cette année, le chantier islandais dirigé par les professeurs James Woollett et Najat Bhiry n'a pas donné lieu à des fouilles. Rappelons qu'un des objectifs du projet consiste à mieux comprendre les différentes fonctions qu'ont pu avoir d'anciens bâtiments, principalement des fermes, sur plus de 1 000 ans d'occupation. On a plutôt réalisé un travail multidisciplinaire entre archéologues, géographes et pédologues. Les spécialistes ont notamment cartographié la région et étudié sa géomorphologie. Les deux étudiantes, pour leur part, ont prélevé de nombreux échantillons de sédiments près des sites archéologiques du secteur. Ces sites sont localisés autour des vestiges d'une ferme centrale.
«Les échantillons ont par la suite subi un premier traitement, directement sur les sites, explique Véronique Marengère. Ce traitement se nomme le lavage des sédiments et est effectué afin de pouvoir extraire, pour les futures analyses archéo-environnementales, les insectes, les graines et les charbons de bois qui se cachent dans le sol.»
Double Mer Point, près de Rigolet, sur la côte du Labrador. C'est le nom d'un chantier archéologique de l'Université Laval et de l'Université Memorial de Terre-Neuve, démarré à la mi-août, qui se poursuivra jusqu'au 19 septembre. Les étudiants à la maîtrise Olivier Lalonde et Laurence Pouliot font partie de l'équipe de fouilles. Sur un site datant de la fin du 18e siècle, deux maisons hivernales semi-souterraines inuites ont été excavées. La période des contacts entre Inuits et Européens au Labrador remonte à cette époque. «Une majorité d'artefacts découverts ont une origine européenne, souligne Laurence Pouliot. Des clous, des perles de verre de différentes couleurs, des lames de couteau en fer, de la céramique, un objet de verre représentant un Christ sur la croix et, entre autres, trois plaques de cuivre provenant d'un casque militaire ont été retrouvés. Ces objets démontrent la relation étroite entre les deux cultures.» Des artefacts inuits ont aussi été identifiés, tels que différents objets en os de baleine, des fragments de pot en stéatite et un bouton en os incisé.
Élizabeth Blouin-Rondeau, Raphaëlle Lussier-Piette, Juliette Houde-Therrien, toutes trois étudiantes au 1er cycle, ont passé quatre semaines en Guyane française, sur la côte nord-est de l'Amérique du Sud, sur le site de l'Habitation Loyola. Cette ancienne habitation agricole jésuite aurait été occupée entre 1668 et 1768. On y produisait notamment du sucre, du cacao et du coton. Au milieu du 18e siècle, plus de 400 esclaves y travaillaient. Le projet Loyola est placé sous la responsabilité du professeur Réginald Auger.
«Les fouilles nous ont permis de documenter des niveaux archéologiques antérieurs au magasin, dont une couche de sédiments noirs, comprenant de nombreux déchets métalliques, cendres et charbons de bois, qu'on associe à une forge, indique Antoine Loyer Rousselle, étudiant à la maîtrise et responsable des fouilles sur le site. Nous n'avons toutefois pas encore identifié d'autres structures normalement associées à un bâtiment de forge, comme l'enclume, le foyer ou le bassin de trempe.» L'équipe de fouilles a également découvert un mur en briques sous le sol d'occupation du magasin. Selon lui, cette découverte permet de déterminer les limites probables d'un ancien bâtiment. Celui-ci serait antérieur au magasin. Une partie des murs aurait été récupérée pour la construction du magasin.
Quant à l'étudiant à la maîtrise Joey Leblanc, il a reçu une formation de deux semaines en ADN ancien à l'Université McMaster, en Ontario. Il a assisté aux analyses d'une centaine de dents, datant du 1er au 4e siècle, découvertes dans un cimetière du sud de l'Italie. Il a aussi assisté à des analyses effectuées sur des ossements de mammouths.
«Durant ma formation, dit-il, j'ai appris les multiples étapes nécessaires à la préparation des échantillons archéologiques, à l'extraction de leurs informations génétiques, à la multiplication des brins d'ADN, puis à l'analyse des résultats par la bio-informatique.»