Mais en quoi les serres québécoises sont-elles si polluantes? Celles-ci utilisent des énergies non renouvelables pour maintenir la température idéale de production durant l'hiver. En effet, les besoins énergétiques pour le chauffage et la déshumidification des serres québécoises sont parmi les plus élevés, soit de 20% à 40% des coûts de production. Ce qui correspond d’ailleurs à environ 12% de l'énergie fossile totale utilisée en agriculture au Québec.
Voilà d’où a germé l’idée de bâtir une serre écolo-urbaine sur le campus. Et la serre imaginée par Meggie Canuel-Caron possède de nombreuses qualités: elle est éducative, dynamique, coopérative et, surtout, durable.
Ce projet a vite attisé la curiosité et s’est attiré des prix. Le 28 novembre, il a remporté la deuxième place au Concours d'idées d'entreprise d'Entrepreneuriat Laval. Une semaine plus tard, le prix du public lui était décerné à l’occasion du concours de la Ruche Académie, une plateforme de financement participatif permettant à des citoyens de lancer ou d’appuyer des projets pouvant contribuer au rayonnement et à la vitalité de la région de Québec.
Mais qu'est-ce qu'une serre solaire passive? Ce type de serre se caractérise par une infrastructure permettant d’emmagasiner la chaleur solaire à l’intérieur d’une masse thermique, de façon à optimiser l’autonomie énergétique. Une innovation qui permet de réduire considérablement ses apports énergétiques. Dans un climat comme le nôtre, cette technologie fait toute la différence sur la réduction de notre empreinte écologique et sur les coûts reliés au chauffage.
En plus d'être écoénergétique, cette serre serait construite avec des matériaux recyclés ou réutilisés. On y produirait des aliments biologiques variés et ceux-ci pourraient même, qui sait, être vendus sur le campus. Dans l'optique où la serre atteindrait une productivité intéressante, les aliments pourraient d’ailleurs approvisionner les cafés étudiants. Bref, un projet fait par les étudiants et qui revient aux étudiants!
Productive et durable, la serre deviendrait également un lieu d'échange et un milieu éducatif. À cet égard, les professeurs pourraient y donner leurs cours. Et pourquoi ne pas y tenir des ateliers éducatifs portant sur divers sujets en développement durable destinés à la communauté universitaire ainsi qu’aux écoles de la région? Par la vente d'aliments, les visites et les ateliers, Meggie Canuel-Caron et ses associés souhaiteraient sensibiliser la communauté universitaire, mais aussi exporter ce projet écologique hors du campus, voire partout au Québec. «Cette serre-modèle pourrait d’ailleurs ouvrir les portes à bien d'autres projets», annonce l’étudiante.
«Chose certaine, le plus important, poursuit la jeune femme, c'est que la communauté universitaire puisse mettre son grain de sel dans le projet. Cet endroit pourrait se transformer en un véritable laboratoire de développement durable.» Voilà d’ailleurs la raison pour laquelle elle s’est associée avec Univert Laval, histoire d’impliquer le plus d'acteurs possible de la communauté universitaire dans ce projet unique.
«Jusqu’ici, l'Université semble démontrer une nette ouverture», affirme avec enthousiasme la jeune femme. Tout compte fait, il s’agirait là d’une façon exemplaire pour l'Université de coller une fois de plus à sa certification «Campus durable».