
Travis Fast a découvert la poterie à l'âge de 16 ans, à la fin de ses études secondaires. «J'ai tout de suite aimé le contact avec l'argile. C'était vraiment magique.»
Originaire de Colombie-Britannique, Travis Fast a découvert la poterie à l’âge de 16 ans, à la fin de ses études secondaires. «J’ai tout de suite aimé le contact avec l’argile. C’était vraiment magique», dit-il dans un français un peu laborieux mais aux charmants accents. Pour payer ses études en économie politique à l’Université d’York à Toronto, il se résout à vendre tout son matériel de poterie. Douze ans se passeront avant qu’il ne pétrisse à nouveau l’argile. «Je savais que j’allais y revenir un jour. Je suis passionné par cet art millénaire qui ne se démode pas.»
Avec sa conjointe, l’artiste Mélanie Fillion, le jeune professeur a récemment acheté une ancienne boulangerie, à Armagh, un village situé à une heure de Québec. Le couple a converti le bâtiment en atelier et l’a baptisé Usine 60. «Pour nous, c’est un projet de vie, confie Travis Fast. La maison a plein de vices cachés, on manque de fric et de temps, mais on est heureux!» Enseignant à temps plein, il ne peut cependant créer autant de pièces qu’il le voudrait. Par contre, l’été venu, il peut passer des heures à son atelier, maniant l’argile au milieu de ses fours, ses tours et ses plateaux. Créer une pièce nécessite environ trois jours de travail.
«Je ne suis pas un bon vendeur», répond Travis Fast quand on l’interroge sur sa participation à différentes expositions ou sur le «placement» d’objets d’art dans des boutiques. En fait, ce qui le comble le plus n’est pas tant la vente en tant que telle que le fait de voir que quelqu’un est prêt à délier les cordons de sa bourse pour acquérir un objet fabriqué de ses mains. Il compare cette satisfaction à celle qu’il ressent après avoir donné un cours où ses étudiants disent avoir bien compris une matière difficile. «C’est vraiment formidable comme sensation, souligne Travis Fast. Je me dis alors que j’ai bien fait mon job.»
À son avis, les belles années de l’artisanat au Québec sont bel et bien terminées. Il situe ces années fastes dans les années 1970 et 1980. «C’était l’époque où les potiers pouvaient contracter une hypothèque, blague-t-il. Les gens étaient nombreux à acheter des services de table complets en céramique, par exemple. Heureusement qu’il existe encore aujourd’hui un marché pour les beaux objets d’art.»























