Maka Kotto, ministre de la Culture et des Communications, et Pierre Duchesne, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche, de la Science et de la Technologie, ont dévoilé le nom des gagnants le 29 octobre. Ils remettront officiellement les prix lors d’une cérémonie qui aura lieu le mardi 13 novembre, à l’hôtel du Parlement. Les lauréats recevront notamment une bourse non imposable de 30 000$ et une médaille en argent créée par un artiste.
Professeur au Département de biologie depuis 1995, Louis Bernatchez est considéré par plusieurs comme le chef de file mondial dans l’étude de l’écologie moléculaire. Membre de la Société royale du Canada, il figure parmi les 250 plus grands scientifiques canadiens selon le site Internet science.ca. Cet éminent chercheur est l’auteur de 364 publications, dont 254 articles publiés dans des revues aussi prestigieuses que Nature, Science et Genetics. Il a cofondé en 2008 la revue Evolutionary Applications dont il est depuis le rédacteur en chef.
Cette reconnaissance planétaire, Louis Bernatchez la doit beaucoup aux poissons salmonidés (corégone, truite et saumon), son objet d’étude principal depuis plus de 20 ans. Au milieu des années 1980, il a fait partie du premier groupe de chercheurs au monde ayant appuyé ses travaux sur la génétique afin de faire progresser les connaissances sur la diversité, l’origine et l’évolution des populations de salmonidés. «Toute l’histoire d’une espèce est écrite dans ses gènes», lance-t-il avec conviction.
C’est en 2011 qu’il a apporté une de ses plus impressionnantes contributions à la biologie évolutive. Avec un étudiant au doctorat, Julien April, et des collègues ontariens et américains, il a réalisé la plus vaste étude à ce jour de «code-barres ADN» chez les poissons. Cette étude, dont les résultats ont été publiés dans la prestigieuse revue Proceedings of the National Academy of Sciences, a permis de mettre au jour que la diversité des poissons d’eau douce en Amérique du Nord avait été sous-estimée de 28%.
Les travaux de ce scientifique de haut vol débordent du seul domaine des poissons. Ils sont d’une aide précieuse pour les autorités dans leur traque contre les braconniers, par exemple. «On se sert de la génétique pour apporter des éléments de preuve additionnels en établissant des liens entre un morceau de viande trouvé dans le congélateur d’un suspect et une carcasse découverte en forêt», explique-t-il.
Edwin Bourget, lui, est une sommité de l’écologie des systèmes côtiers. Le professeur émérite a consacré 30 ans de recherche aux invertébrés littoraux. Ses contributions en biologie, écologie et écophysiologie sont saluées à l’échelle mondiale. À titre de chercheur en écologie marine, il a su utiliser les techniques de pointe du génie civil, de la géomatique, de l’hydrologie, du génie électrique, de la génétique et des mathématiques pour faire progresser sa discipline. Il a publié 126 articles scientifiques et 5 livres ou chapitres de livres.
Dès son embauche comme professeur, Edwin Bourget fait montre de ses préoccupations environnementales. Il sensibilise l’opinion publique et les gouvernements aux conséquences écologiques de la fermeture de la baie de la Grosse Île, du développement du parc portuaire de Gros Cacouna et du transport d’hydrocarbures entre Montréal et le Bas-Saint-Laurent. En 1978 et en 1982, il contribue à organiser les deux premiers symposiums sur l’océanographie du fleuve Saint-Laurent.
S’il bénéficie d’une réputation si enviable, c’est également parce qu’il a toujours milité en faveur de la transdisciplinarité. Trop souvent, les chercheurs travaillent isolément. En 1997, comme directeur du Département de biologie et vice-doyen de la Faculté des sciences et de génie de l’Université Laval, il entreprend de briser cette culture de silo. Il crée un bureau de liaison afin d’accroître les partenariats de recherche. Il met aussi sur pied des centres de recherche multi et transdisciplinaires. Les résultats sont instantanés: durant la première année, le nombre et la valeur des partenariats doublent.
En 2008, il lance, en partenariat avec des entreprises privées et des organismes, l’audacieux Programme pour l’avancement de l’innovation et de la recherche. L’objectif est de créer, en cinq ans, 100 nouvelles chaires de recherche dotées d’un fonds d’un million de dollars chacune. Après seulement deux ans et demi, 26 chaires sont créées pour un total de 125 millions de dollars en investissement. Un succès si spectaculaire que le projet essaime hors des frontières du Québec: l’Université de la Californie à Berkeley lance son propre programme de création de 100 chaires. «Le but est d’inciter les entreprises et les partenaires industriels à investir en recherche pour de longues périodes, et non plus pour de courtes durées de quelques mois», explique-t-il.
De courtes entrevues avec les lauréats peuvent être visionnées sur le site Web des Prix du Québec au www.prixduquebec.gouv.qc.ca. Des capsules de 30 secondes seront aussi télédiffusées à Télé-Québec, entre le 7 et le 24 novembre.