
À Port-au-Prince, le bâtiment qui abritait le programme de maîtrise en patrimoine et en mémoire à l'Université d'État d'Haïti a été détruit lors du séisme du 12 janvier. Trois étudiants sont morts sous les décombres.
Le premier objectif du plan, à court terme, consistera à mettre à l’abri les archives de différents ministères ainsi que les collections les plus à risque dans les bibliothèques et les musées, compte tenu de l’approche de la saison des pluies. «Dans ce but, explique le professeur Turgeon, nous voulons proposer à nos étudiants haïtiens, anciens et nouveaux, une formation d’appoint de sauvegarde du patrimoine en contexte de catastrophe naturelle afin qu’ils puissent intervenir rapidement en situation de crise.»
L’objectif numéro deux s’inscrit plus dans le moyen terme. Il vise l’achat ou la location d’un bâtiment historique, ainsi que sa restauration, en vue de relancer les enseignements du programme de maîtrise en patrimoine et en mémoire.
Le troisième et dernier objectif consistera, à plus long terme, à réaliser un inventaire numérique multimédia du patrimoine matériel et immatériel d’Haïti accessible sur Internet. «Il faudra recenser les bâtiments historiques qui restent et voir si on peut les restaurer, indique Laurier Turgeon. Il y a un grand danger. Les architectes de la reconstruction risquent d’arriver avec leurs bulldozers et tout raser.»
En plus de causer une catastrophe humanitaire, le séisme a notamment détruit ou abîmé un grand nombre de bâtiments historiques, de musées, de bibliothèques qui contiennent, entre autres, des lettres, manuscrits, journaux et livres remontant aux 18e,,19e et 20e siècles, de dépôts d’archives et de collections d’art. «Surtout au niveau du patrimoine bâti, le passage du séisme a été une catastrophe, souligne Laurier Turgeon. Quelques bâtiments historiques pourront peut-être être sauvés à Port-au-Prince.»
La semaine dernière, le professeur Turgeon était à Paris. Dans les bureaux de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), il a participé à des réunions sur la sauvegarde du patrimoine haïtien. «Mon travail, dit-il, a notamment consisté à mettre les représentants de l’UNESCO qui partaient pour Haïti en contact avec nos étudiants là-bas. Ces représentants ont besoin d’être guidés sur place.» Le 16 février, celui-ci participera à l’UNESCO à une réunion d’experts pour la création d’un comité international de coordination. Ce comité accompagnera les autorités haïtiennes dans la mise en place d’un vaste programme de réhabilitation du patrimoine culturel. «C’est un peu à l’image de ce qui s’est fait pour l’Afghanistan, l’Irak et le Cambodge», indique Laurier Turgeon.
L’Université Laval est fortement impliquée dans le domaine du patrimoine en Haïti par l’intermédiaire de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine ethnologique et de l’IPAC. Depuis quatre ans, cinq professeurs ont donné chaque année des enseignements intensifs à l’Université d’État d’Haïti dans le cadre du programme de maîtrise en patrimoine et en mémoire. Pour plus d’information sur le Fonds d’intervention pour la sauvegarde du patrimoine d’Haïti: www.ful.ulaval.ca, ou www.ipac.ulaval.ca.