
Depuis sa création en 1999, le parlement écossais a recouvré de nombreux pouvoirs législatifs qui relevaient du parlement britannique.
Il a été beaucoup question du cas catalan lors du symposium sur la liberté politique des nations non souveraines contemporaines tenu le lundi 28 septembre au pavillon Charles-De Koninck. L’Écosse était l’autre cas à l’ordre du jour. Pour l’occasion, on avait invité deux spécialistes universitaires: le Catalan Ferran Requejo et le Britannique Michael Keating. L’activité, présidée par le professeur Laforest, était organisée par l’Institut québécois des hautes études internationales et le Centre de recherche interdisciplinaire sur la diversité au Québec.
«Barcelone craint, entre autres, que Madrid ne réduise la portée de la notion de “nation” et du dispositif linguistique qui rend obligatoire et quasi exclusif l’enseignement du catalan à l’école primaire, explique Guy Laforest. La Catalogne a accueilli un million de personnes de l’extérieur de son territoire au cours des 10 à 12 dernières années.» Autre sujet de crispation entre les deux capitales: la politique fiscale. «La Catalogne est l’une des régions les plus riches d’Espagne, indique ce dernier. Elle considère qu’elle souffre d’un déséquilibre fiscal et d’un manque à gagner de 8 à 10 %. Dans ce contexte, et à un an des élections générales en Catalogne, on observe une poussée de l’appui à la souveraineté.»
Référendum
L’Écosse, cette nation non souveraine du nord de l’Angleterre est dirigée, depuis 2007 et pour la première fois, par un gouvernement indépendantiste. Le parlement écossais, lui, avait été créé en 1999. Il a depuis recouvré de nombreux pouvoirs législatifs qui relevaient du parlement britannique, notamment en éducation, en santé et dans l’administration de la justice. «Dans le contexte de la Grande-Bretagne, soutient Guy Laforest, les Anglais vivent le processus de nationalisation de l’Écosse dans une relative indifférence. Ce n’est pas du tout la même chose en Espagne où l’opinion publique a des réflexes de durcissement et exprime une volonté de conserver la Catalogne à l’intérieur du pays. En outre, l’Écosse et l’Angleterre, tout comme l’Espagne, font partie de l’Union européenne et elles vont y rester, quoi qu’il advienne. Cela atténue la conflictualité.»
Bien que minoritaire, le gouvernement du Parti national écossais (SNP) prévoit tenir un référendum, en 2010, sur l’indépendance politique de l’Écosse. «Sauf que les trois partis unionistes qui, ensemble, sont majoritaires, s’y opposent, souligne le professeur Laforest. Il n’y a donc pas de garantie que le SNP pourra tenir son référendum.»
Selon lui, en Écosse comme en Catalogne, un scénario de souveraineté reste improbable puisque les indépendantistes ne représentent qu’environ 25 % de l’électorat. «Si toutefois cela arrivait, dit-il, la transition serait plus douce pour l’Écosse et très compliquée pour la Catalogne. La politique est plus dure en Espagne qu’en Grande-Bretagne. Il faut tenir compte des valeurs communes entre l’Écosse et l’Angleterre, et de la tradition britannique de la recherche du compromis.»