
Les chercheurs ont passé au crible deux bases de données (Medline et Embase) pour en extraire les études réalisées depuis 1990 qui lient diabète et aspirine. Le résultat de leur démarche révèle d'abord que la question a été peu étudiée puisque seulement quatre études répondaient à leurs critères de sélection. L'examen détaillé de ces études indique qu'aucune recherche faite dans les règles de l'art ne permet de conclure avec certitude à l'efficacité de l'aspirine dans la prévention des maladies cardiovasculaires chez les personnes diabétiques.
Les vertus antiplaquettaires de l'aspirine sont bien documentées chez les personnes non diabétiques jugées à risque de maladies cardiovasculaires. En prévenant la formation de caillots sanguins, l'aspirine abaisserait d’environ 20 % le risque de crises cardiaques ou d’accidents vasculaires cérébraux. De là à penser que l'aspirine peut également aider les diabétiques — 80 % d’entre eux décèdent de causes liées aux maladies cardiovasculaires —, il n'y a qu'un pas qu'auraient franchi, sans réclamer de preuves, les autorités médicales qui émettent les lignes directrices de soins, supposent les quatre chercheurs.
«Nous ne disons pas qu’il faut arrêter de prescrire de l’aspirine aux diabétiques, insiste Jean-Pierre Grégoire. Nous suggérons toutefois aux experts qui rédigent les lignes directrices de soins d’apporter les nuances qui s’imposent quant au degré de certitude qui entoure l’efficacité de l’aspirine pour les diabétiques, jusqu’à ce que des données probantes soient disponibles.»