«Parmi les très grandes chances que j’ai eues, il y a, indiscutablement, mes années ici, à l’Université Laval, à ce qui était à l’époque l’École de musique. Non pas que j’y aie trouvé ma vocation de musicien. Je savais déjà que je voulais être musicien. Mais j’y ai trouvé ma vocation de chef d’orchestre. C’est ici qu’on m’a permis, en fait, d’ouvrir mon premier laboratoire. Bien avant les Violons du Roy, j’ai eu l’occasion de diriger des projets étudiants et j’ai eu la chance d’avoir des mentors, des professeurs, des gens qui, bien qu’il n’existait pas à l’époque de programme de direction d’orchestre, ont presque réussi à m’en inventer un de toutes pièces. Je pense à Élise Paré-Tousignant qui était vice-doyenne de la Faculté des arts, et qui avait réussi, à partir d’une coquille qu’on appelait le baccalauréat général, à créer presque un programme de direction d’orchestre. C’est d’ailleurs curieusement le seul diplôme universitaire que j’ai eu de toute ma vie. Le seul baccalauréat général qui, à l’époque, ne menait à aucun programme de maîtrise. Vous voyez, il y a de l’espoir!
«C’est ici, à l’Université Laval, que j’ai eu la chance de diriger pour la première fois cet orchestre qui est devenu ma famille, les Violons du Roy. Et surtout, c’est ici que j’ai appris à penser que tout était possible. Qu’il était possible d’avoir des rêves fous comme celui de faire vivre un orchestre de chambre et un chœur professionnels à Québec. Qu’il était possible, peut-être un jour, d’avoir une salle de concert digne de ce qu’est Québec. C’est ici que j’ai pu apprendre à ne pas mettre de limites à mes rêves. Ce sont des leçons que j’ai essayé d’appliquer constamment. Je ne me sens pas encore assez vieux pour vous livrer de grands messages, vous donner de grands conseils. Mais ce que je peux vous dire, c’est que peu importent votre spécialité ou le domaine dans lequel vous allez œuvrer, il n’y a pas de limites à ce qu’on peut faire à Québec.
«Bien sûr, tout le monde n’aura pas l’immense chance que j’ai eue d’avoir tous ces gens sur ma route, d’avoir été souvent au bon endroit au bon moment. Mais Québec mérite ce qu’il y a de mieux. Il n’existe plus de petites villes ou de petits marchés dans le grand village global dans lequel nous vivons. Vous le savez. Québec mérite les plus belles institutions qui soient, mérite la plus belle musique. Et je crois que nous avons tout ce qu’il faut ici pour le faire, à condition d’y mettre la persévérance et le travail, des choses que j’ai apprises ici, à l’Université Laval.»