L’été de ses 18 ans, Mathieu Gagnon décroche un emploi d’été sur le campus. Sa mission, laver les vitres du pavillon H.-Biermans-L.-Moraud, lieu d’hébergement de nombreux étudiants. L’année suivante, un important congrès de mathématiciens, qui se déroule à l’Université, a besoin de personnel. Le voilà donc promu agent de bureau. En parallèle, le jeune homme poursuit ses études, d’abord en sciences de l’administration au cégep, puis dans cette même discipline à l’Université. «J’ai toujours rêvé de travailler en gestion d’entreprise, confie ce trentenaire, et mon emploi aux résidences m’a permis de découvrir que j’avais le sens de l’organisation, car je pouvais mener à bien plusieurs tâches.»
Au fil des ans et des nombreuses fonctions qu’il a occupées, il a aussi compris que la gestion de ce service utilisé par 2 400 étudiants, dont la moitié provient de 77 pays, requiert aussi beaucoup de doigté et surtout un sens de l’ouverture et du dialogue. Des valeurs que le nouveau directeur a acquises très tôt. Son père, longtemps président de la Fédération internationale des professeurs de français, donne des conférences aux quatre coins du monde et emmène sa famille avec lui. Sans compter que les étudiants étrangers de ce professeur de l’Université Laval se succèdent à la table familiale, contribuant à le sensibiliser aux différences culturelles. Voilà pourquoi sans doute le nouveau directeur insiste autant, comme ses prédécesseurs, pour faciliter la cohabitation entre les résidents. «Nous n’avons pas besoin de faire d'accommodements raisonnables, remarque-t-il, car beaucoup de choses se règlent simplement en se parlant ou par le rire, qui simplifie beaucoup de choses.» L’implication des étudiants au sein des équipes de travail de cette organisation favorise les rencontres ainsi que les activités ponctuelles comme les soupers multiculturels.
Pour Mathieu Gagnon, l’ouverture vers les autres se traduit aussi par son intérêt pour les ressources humaines. Après son baccalauréat en sciences de l’administration, il a choisi le Département des relations industrielles de la Faculté des sciences sociales pour faire sa maîtrise. Une façon pour lui de mieux comprendre la gestion participative que la direction du Service des résidences y pratique avec les employés depuis des années. Apparemment, cette façon de faire donne de bons résultats puisque le Service s’autofinance, tout en maintenant un tarif de location très raisonnable pour les clients à l’année. Il faut dire que l’hôtellerie de passage durant l’été contribue à l’augmentation des recettes. Si la location de chambres aux groupes scolaires ou aux individus représentait des revenus de 100 000 $ il y a seulement dix ans, aujourd’hui le chiffre a plus que quadruplé. Du même coup, les structures d’accueil des arrivants ne cessent de s’améliorer, faisant des résidences une alternative intéressante aux hôtels de Québec, qui n’hésitent pas d’ailleurs à recommander cet hébergement à leurs clients lorsqu’ils affichent complet.
Et l’avenir dans tout ça? Mathieu Gagnon réfléchit actuellement aux moyens non seulement de rénover les pavillons tout en restant dans une gamme de prix abordables. Conscient aussi que les besoins de la clientèle évoluent, le nouveau directeur du Service des résidences se montre intéressé par d’autres projets de logement sur le campus, qu’il s’agisse d’appartements partagés ou de studios avec cuisine et salle de bain privée. En ne perdant pas de vue que disposer d’une chambre à un tarif raisonnable sur le campus constitue parfois un critère déterminant pour les étudiants étrangers, justement ceux que l’Université souhaite attirer.