À la mémoire de Michel Tétu
La disparition du professeur Michel Tétu cause une profonde tristesse dans le milieu universitaire et dans le monde de la francophonie. Celui-ci est décédé le 11 janvier 2008, à l'âge de 69 ans, à la suite d'une longue maladie. Ses obsèques ont eu lieu en France, le jeudi 17 janvier. Professeur émérite à l’Université Laval, Michel Tétu fut fondateur de plusieurs groupes de recherche et d'une revue, L’Année francophone internationale, qui fait le bilan annuel des activités littéraires et culturelles dans toutes les régions de la francophonie. Il a été l'auteur de plusieurs ouvrages, dont l'un des premiers livres consacrés à la francophonie à être publiés au Québec: La francophonie: histoire, problématique et perspectives (Guérin littérature, 1987, réédité chez Hachette). Il a occupé dès 1977 le poste de Premier Secrétaire général adjoint de l'AUPELF (Association des universités partiellement ou entièrement de langue française).
Orateur captivant, le professeur Michel Tétu a enseigné durant une trentaine d'années, principalement à l’Université Laval, et ses anciens étudiants se souviendront de sa générosité et de son enthousiasme contagieux dans le domaine de la littérature francophone, qu'il connaissait parfaitement bien. Lecteur infatigable, il pouvait tout aussi bien donner des cours sur Molière, Antonine Maillet, ou encore Aimé Césaire et Léopold Senghor. Doté d'un sens exceptionnel de l'organisation, Michel Tétu était considéré comme un ambassadeur de la francophonie; on avait l'impression en l'apercevant de rencontrer un diplomate des études littéraires. Mesurant plus de six pieds, Michel Tétu pouvait être un personnage spectaculaire et presque flamboyant dont la personnalité était joviale et désintéressée: à l'opposé de ses confrères barbus et à lunettes portant des blue-jeans typiques des années 1980, le professeur Tétu arborait toujours le complet et la cravate pour donner ses cours, qui ressemblaient souvent à des conférences vivifiantes. D'ailleurs, à une époque où les professeurs d'études littéraires quittaient rarement leur bureau, le professeur Tétu avait déjà donné des centaines de conférences sur toutes les tribunes, dans une multitude de colloques à travers le monde, autant pour promouvoir la culture québécoise à l'étranger que pour faire connaître aux lecteurs du Québec la littérature francophone d'Afrique et des Caraïbes. Pédagogue à l'écoute de ses étudiants, il voulait toujours connaître leurs impressions et savait leur accorder son attention. Si un jour il recevait une lettre manuscrite du président Mitterrand, il la faisait ensuite circuler dans la classe durant un cours afin que ses étudiants puissent avoir un contact réel avec le pouvoir, mais aussi pour leur faire comprendre qu'un gouvernement doit se préoccuper de la promotion de la culture comme de tout autre domaine.
La grande contribution du professeur Michel Tétu a été de paver la voie afin que la littérature et les cultures francophones deviennent des enjeux véritables sur plusieurs plans, non seulement pour les ministères de la Culture ou de l'Éducation, mais également pour le secteur des relations internationales. Rétrospectivement, Michel Tétu aura été un précurseur de la promotion de la diversité des contenus culturels et des expressions artistiques.
YVES LABERGE
Ph. D., ancien chargé de cours