
— Marc Robitaille
Dès la fin de sa première année d’études collégiales en sciences de la nature, Annick Routhier-Labadie obtient une bourse pour aller étudier à la Seton Hall University du New Jersey, aux États-Unis, là où les meilleures basketteuses d’Amérique du Nord peuvent conjuguer études et sport. Bouclant son baccalauréat en physique en trois ans au lieu des quatre réglementaires avec une note parfaite de 4 sur 4, elle s’inscrit en éthique appliquée à la santé à l’Université Laval. Le 24 novembre, la jeune femme de 21 ans originaire de Cap-Rouge apprenait qu’elle était récipiendaire d’une Bourse Rhodes. D’un montant annuel de 50 000 $, cette bourse lui permettra d’effectuer une maîtrise en génie biomédical à l’Université d’Oxford, en Grande-Bretagne, dès octobre prochain. Elle n’est remise qu’à deux Québécois chaque année.
Aider les autres
«Je pense que j’ai eu la chance d’avoir des parents qui m’ont tout donné», dit cette grande fille au regard franc et direct. «Ils n’ont jamais essayé de me retenir et m’ont appuyée dans tout ce que j’entreprenais. Je crois qu’on devrait toujours dire agir de cette façon avec les jeunes, ne jamais leur mettre de barrières.»
Au bout d’une heure de conversation avec Annick Routhier-Labadie, on se rend facilement compte que cette battante possède toutes les qualités requises pour l’obtention d’une récompense de cette importance. Au nombre des exigences reliées à son octroi figurent des aptitudes marquées pour l’étude, une solide culture générale, le courage et le sens du devoir, l’esprit d’équipe, des qualités de leadership et enfin, un intérêt naturel pour le sort de ces contemporains. Ce dernier point la préoccupe d’ailleurs au plus haut point. «À quelques coins de rue seulement de l’université américaine où j’étudiais, il y avait un quartier très pauvre, dit-elle. J’ai rencontré des jeunes dans des écoles en milieu défavorisé, je leur ai parlé et j’ai échangé des lettres avec eux. Ces rencontres m’ont recentrée sur l’importance d’aider les autres. L’injustice me révolte et je voudrais pouvoir redonner ce que j’ai reçu de la vie.»
Grande passionnée de biologie et de physique, séduite par l’éthique de la médecine du sport, Annick Routhier-Labadie vise une carrière dans la recherche et l’enseignement, le domaine des prothèses l’intéressant vivement. Entre deux séminaires en philosophie et quatre parties de basketball et en attendant de s’envoler pour l’une des universités les plus célèbres au monde l’automne prochain, elle continue de réfléchir à son avenir. Une phrase de Winston Churchill lui est particulièrement chère : «You make a living by what you get, you make a life by what you give».