Nous, professeures et professeurs d’université et féministes, c’est-à-dire préoccupé-e-s par l’avancement de la cause des femmes dans la société, dénonçons la manière dont le gouvernement fédéral se comporte aujourd’hui en matière de droits à l’égalité pour les femmes. […] Alors que la défense des droits des femmes requerrait des efforts financiers d’une ampleur nouvelle, au moment même où le gouvernement fédéral accumule, année après année, d’énormes surplus budgétaires, c’est, au contraire, à l’abandon progressif du soutien gouvernemental fédéral aux programmes d’aide aux femmes que nous assistons. Ainsi, depuis l’automne dernier, le gouvernement fédéral s’est engagé clairement dans une voie d’action qui met en péril la mission dévolue à Condition féminine Canada (CFC), l’organisme fédéral responsable, tel qu’affiché fièrement sur le site de ce dernier, de promouvoir «l’égalité entre les sexes et d’assurer la pleine participation des femmes à la vie économique, sociale, culturelle et politique du pays». Deux décisions importantes compromettront gravement la capacité d’agir de CFC. La première d’entre elles a trait aux restrictions budgétaires de 5 millions $, annoncées le 25 septembre 2006, qui réduisent de près de 40 % le budget de fonctionnement total de cet organisme qui s’élevait auparavant à 12,7 millions $. Ces réductions se sont traduites, notamment, par la fermeture de 12 des 16 bureaux régionaux de CFC, dont celui de Québec, survenue la semaine dernière. La deuxième décision qui porte atteinte à l’intégrité de la mission de CFC vient du changement de mandat assigné au programme Promotion de la femme qui subventionne les activités des groupes de femmes au Canada. Sous couvert d’une soi-disant redistribution des fonds vers l’aide «directe» et «locale», les «activités nationales visant à revendiquer des droits et à influencer les gouvernements fédéral, provinciaux, et les administrations municipales» ne sont désormais plus admissibles à un financement. En clair, les groupes de femmes dont l’action est jugée dérangeante, parce que trop revendicatrice et trop politique, seront privés de soutien. […]
En somme, ce gouvernement est en train de procéder en douce au démantèlement progressif d’un organisme dont nous pouvons pourtant, toutes et tous, témoigner de la nécessité pour la promotion des droits des femmes. Le travail de CFC est indispensable à l’amélioration de la situation de ces dernières ou, en d’autres termes, au respect par le Canada de ses engagements internationaux. […] Nous rappelons au premier ministre du Canada non seulement ses propres engagements électoraux, mais également combien long et ardu est encore le chemin à parcourir avant que l’égalité entre les sexes (au niveau de la représentation politique, de l’emploi, du droit à l’intégrité physique, etc.) soit chose faite. Il faut répéter aussi à quel point les acquis des femmes demeurent fragiles dans des sociétés comme les nôtres, aux prises avec des intégrismes et des conservatismes de toutes tendances. La défense des droits des femmes doit rester une priorité et cela requiert que le gouvernement fédéral n’abandonne pas ses responsabilités à cet égard. Nous réitérons donc les demandes exprimées déjà à de nombreuses reprises, par nos consœurs et confrères, à la ministre du Patrimoine canadien et de la Condition féminine, Beverly J. Oda, et au premier ministre canadien, Stephen Harper, dans des lettres, des pétitions ou à l’occasion de manifestations, afin que cessent les atteintes portées au Canada contre les droits des femmes et des plus démunis. Nous voulons également témoigner de notre solidarité face au Regroupement des groupes de femmes de la région de Québec (Portneuf-Québec-Charlevoix) qui faisait connaître, la semaine dernière, son profond mécontentement face à l’ensemble des décisions mentionnées plus haut ainsi qu’à la fermeture du bureau régional de Québec, ainsi qu’à l’endroit de tous les groupes œuvrant dans les régions frappées par la fermeture d’un bureau de CFC. Sans même parler du renforcement des politiques publiques dont est directement tributaire la sécurité économique des Canadiennes (législation en matière d’équité salariale, services de garde aux enfants, soutien au logement, etc.), les demandes visant simplement à restaurer l’intégrité de la mission de CFC sont les suivantes: que la ministre Oda rétablisse sans délai le budget de CFC, maintienne les bureaux régionaux et la mission première du programme Promotion de la femme et continue de soutenir financièrement les groupes de femmes auxquels ce dernier est dédié.
DIANE LAMOUREUX, HELENE LEE-GOSSELIN et SYLVIE MOREL
Professeures à l’Université Laval et membres du Comité aviseur ou du Comité scientifique de la Chaire d’étude Claire-Bonenfant sur la condition des femmes
134 personnes ont donné leur appui à cette lettre
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Foi aveugle
Merci à M. Duffley de m’avoir fait l’honneur de lire mon livre (Mystère sans magie. Science, doute et vérité: notre seul espoir pour l’avenir), qui plus est « pendant les vacances de Noël». Je suis soulagé de constater qu’il ne le rejette pas en bloc. Même sur le sujet le plus sensible et pour lequel ma compétence est la plus limitée (la relation entre la foi et la raison ou entre la religion et la science), il a quelques bons mots encourageants. Au sujet de la raison et de la foi, il m’attribue tout de même globalement «une méconnaissance fondamentale de ces deux réalités». Je respecte son opinion et ne met pas en doute sa propre connaissance fondamentale de la foi et de la raison, mais je me permets, en toute modestie, de ne pas partager son opinion.
Notre point de discorde principal, c’est que selon moi (je partage ici l’avis de nombreux théologiens, scientifiques et philosophes) la foi est une manifestation mentale fondamentalement a-rationnelle, inévitablement aveugle. C’est un exercice de l’esprit humain qui ne peut pas être éclairé par la raison. Je crois que c’est là une évidence pour le vrai croyant, qui n’a que faire de la raison, tout comme l’aveugle n’a que faire de la lumière. À l’inverse le scientifique, et ici je crois savoir de quoi je parle, n’attend aucun secours de la foi pour construire la connaissance et la compréhension du monde. Le scientifique ne se sent pas en manque parce qu’il ne peut pas inclure la foi dans ses théories. De même je pense que le vrai croyant n’attend aucun secours de la raison pour fortifier sa foi (voir l’exemple du suaire de Turin décrit dans mon livre).
M. Duffley et moi ne nous entendrons bien sûr jamais sur cette question. À chaque lecteur de se faire sa propre idée. La théologie est une étude rationnelle de la religion et de la foi, mais la foi elle-même est a-rationnelle. «Le cheminement de la foi doit toujours être balisé par la raison, toujours. Pour, in fine, échapper à la raison! (Dr. Dalil Boubakeur, Recteur de la Grande Mosquée de Paris).
CYRILLE BARRETTE
Professeur au Département de biologie