«Si j’ai décidé de sortir de l’anonymat, c’est pour mettre en valeur d’autres travailleurs de l’ombre que sont les infirmières et les médecins très compétents qui m’ont soigné durant un récent séjour à l’hôpital et dont on ne parle pas assez souvent», explique Claude Boulianne, qui savait parfaitement que ses confidences sur l’oreiller attireraient l’attention des médias. Le chat sorti du sac, Claude Boulianne a décidé d’enfreindre la règle d’or du silence qu’il s’est imposé au cours des années quant à sa double identité. «Certains collègues de travail étaient au courant de mes activités mais la plupart ont toujours fait preuve de discrétion et je les en remercie», souligne-t-il. Interrogé sur son passé de mascotte, Claude Boulianne évoque ces moments magiques où la foule de 15 000 personnes qui remplissait le Colisée de Québec se levait d’un bond pour ovationner le joueur qui comptait un but. Mais son souvenir le plus marquant demeure cet instant où un petit garçon atteint de leucémie a rendu l’âme dans ses bras, après avoir passé l’après-midi avec son idole, Badaboum. D’autres moments resteront à jamais gravés dans sa mémoire comme l’étonnement dans les regards et puis les sourires des vieux à qui il rendait visite dans les foyers pour personnes âgées. «C’est comme si on leur avait donné la lune», dit Claude Boulianne. Ils nous disaient: "Si vous saviez le plaisir que vous nous faites! On ne reçoit pas souvent de visite à notre âge… "»
De déguisement en déguisement
Claude Boulianne a commencé sa carrière de mascotte au Carnaval de Québec, à la fin des années 1970. Non, ce n’était pas lui le Bonhomme Carnaval. En fait, peu lui importait le déguisement qu’il enfilait lors du populaire défilé, l’essentiel consistant à faire quelques acrobaties et à serrer la main des enfants massés sur les trottoirs. À l’emploi des Nordiques en 1986 comme chauffeur du président de l’équipe, doté d’une très bonne forme physique, il en deviendra la mascotte, Badaboum. Son sens prononcé de la fête, conjugué à son besoin de rester dans l’ombre, fera le reste, c’est-à-dire bien des heureux. «Le rôle de la mascotte est de répandre la joie de vivre, explique Claude Boulianne. On doit toujours être de bonne humeur, à l’intérieur comme à l’extérieur. On donne beaucoup mais on reçoit aussi énormément en retour», ajoute ce père de famille de 52 ans qui a prêté vie à d’autres mascottes moins connues, toujours pour des clubs sportifs. Forcé de déposer les armes à cause de ses ennuis de santé, Claude Boulianne voit déjà le jour où il pourra reprendre du service. «Si une mascotte réussissait à m’envoûter, je ne dirais pas non…»