
Ève Roussel, directrice du Service des immeubles
— Université Laval, Yan Doublet
Le plan directeur immobilier de l'Université Laval est dévoilé. Il est l'aboutissement d'une vaste réflexion entamée avant la pandémie et transformée par celle-ci. Résultat de consultations, dont une en ligne à laquelle 1474 membres de la communauté ont participé, il trace les orientations d'un campus collaboratif, invitant et inclusif «pour toutes les personnes qui y étudient, y travaillent, y résident, y séjournent ou le fréquentent», peut-on lire dans le document d'une cinquantaine de pages.
«La vision immobilière veut faire en sorte que le campus soit perçu comme un milieu de vie humain», indique en entrevue Ève Roussel, directrice du Service des immeubles. Alors que l'enseignement, les études et le travail se font aujourd'hui davantage en mode hybride, le plan directeur immobilier a été ajusté en fonction de cette nouvelle réalité, dit-elle.
Avec les constructions annoncées et des investissements importants et sans précédent requis dans la prochaine décennie pour le maintien des actifs, soit les rénovations majeures, Ève Roussel voit une occasion de transformer les espaces, de les utiliser différemment, de façon optimale et à diverses fins, de créer davantage de milieux de collaboration et de milieux informels. «On ne s'installe plus à un poste unique pour travailler, mais là où c'est le plus propice, qu'on soit seul ou avec un ou des collaborateurs», illustre la directrice du Service des immeubles.
Elle ajoute que l'intégration d'outils numériques de manière omniprésente sur le campus est l'une des clés de ce plan basé sur neuf principes directeurs qui influencent les orientations immobilières pour les 20 prochaines années.
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Interventions au cœur du campus
Ève Roussel rappelle que la moyenne d'âge des principaux bâtiments situés au cœur du campus est de 60 ans. Les pavillons Paul-Comtois, Alexandre-Vachon, Adrien-Pouliot, Charles-De Koninck, Jean-Charles-Bonenfant, Louis-Jacques-Casault et le PEPS, qui accueillent plus de 50% des activités de recherche et d'enseignement, nécessitent de grands travaux.
La directrice du Service des immeubles parle de revoir les toitures, l'enveloppe des bâtiments, la fenestration et les fondations. Au-delà des composantes architecturales, la réfection vise aussi les systèmes électromécaniques, la plomberie et les systèmes d'éclairage. «Le maintien d'actif, à la base, c'est de rénover pour maintenir l'état et la performance de l'infrastructure afin d'assurer sa fonctionnalité de façon durable et sécuritaire, voire prolonger sa durée de vie comme si le bâtiment était neuf», explique-t-elle.
Le pavillon Paul-Comtois, qui présente un indice de vétusté important, nécessite pour sa part des travaux majeurs en simultané sans compromettre les activités de recherche et d'enseignement. «La solution envisagée, qui est conditionnelle aux décisions du Conseil des ministres, est de le transformer en résidences étudiantes et de construire un nouveau bâtiment pour héberger la Faculté des sciences de l'agriculture et de l'alimentation (FSAA)», indique Ève Roussel. Le plan directeur immobilier envisage de le situer de l'autre côté de l'autoroute Robert-Bourassa, près des pavillons et serres de recherche de la FSAA, consolidant le concept d'une zone agroalimentaire.
Quant aux nouvelles résidences étudiantes, dit-elle, elles seront adaptées à une clientèle variée. «Nos étudiantes et nos étudiants ne sont pas que des jeunes sortant du collège ou du cégep, mais aussi des gens qui font un retour aux études, des couples, de jeunes familles qui pourront s'installer dans une gamme de logements.»
La directrice du Service des immeubles précise que toutes les interventions seront faites dans une perspective de développement durable, de transition et d'efficacité énergétique. «L'usage du bois sera aussi considéré dans nos projets de développement et de construction», glisse-t-elle.
Le plan a, par ailleurs, une volonté d'affirmer le caractère nordique du campus alors que 80% de l'achalandage de la cité universitaire est enregistré entre septembre et avril. «Il fait noir plus tôt l'hiver, et plus longtemps. On veut mettre en lumière nos infrastructures, pas uniquement nos bâtiments, mais aussi des œuvres d'art, des boisés. Les tunnels sont plus empruntés en période hivernale et on pourrait revoir la luminosité, la signalisation, pour que ce soit encore plus agréable d'y circuler», mentionne Ève Roussel.
Adopté le 28 février par le Conseil d'administration de l'Université Laval, le plan directeur immobilier souhaite «rendre le campus encore plus vibrant». «Pour des raisons de vitalité, d'efficacité, de mobilité», l'un des principes directeurs est de densifier le cœur du campus, entre l'avenue du Séminaire, la rue de l'Université, l'autoroute Robert-Bourrassa et la rue de la Terrasse, peut-on voir sur une carte. On veut y réduire les aires de stationnement et la circulation de véhicules. Les nouvelles constructions y seront érigées et concentrées, comme le complexe scientifique de l'Institut nordique du Québec ou le Carrefour international Brian-Mulroney. Et on vise toujours la «polyvalence de l'utilisation des espaces», insiste la directrice du Service des immeubles.
«On va avoir besoin de la communauté, des occupants, pour permettre cette transformation, ce décloisonnement, ce partage de l'occupation, tant pour être optimal, que pour démocratiser la lumière ou la qualité des espaces, et que le plus de gens puissent en profiter», dit-elle.
Ève Roussel, arrivée en poste en 2021, tient à souligner le travail de Louis Frenette-Nolin, directeur adjoint, stratégies immobilières au Service des immeubles, de Josée Bélanger, conseillère en planification immobilière, et de Guillaume Gervais, ingénieur et conseiller en planification immobilière, dans ce dossier commencé en 2018.