5 mai 2020
Trouver ses repères dans le monde complexe de la publication savante
Les étudiants aux cycles supérieurs, en particulier ceux qui se destinent à une carrière en recherche, ont intérêt à connaître l’abc du fonctionnement des revues dans lesquelles ils pourraient publier leurs résultats de recherche

Il y aurait 60 000 revues scientifiques à travers le monde. Chaque année, le nombre d’articles publiés s’élèverait à environ deux millions. Tous les grands secteurs disciplinaires sont concernés, des sciences humaines et sociales jusqu’aux sciences pures et appliquées ainsi que la médecine.
La communauté étudiante de l’Université Laval compte quelque 11 000 étudiantes et étudiants inscrits à la maîtrise et au doctorat. Durant leur parcours universitaire, certains d’entre eux auront la possibilité de signer des articles scientifiques relatifs à leurs travaux de recherche. De plus, chaque année, bon nombre de finissants mettent un point final à la rédaction de leur mémoire ou de leur thèse. Dans les deux cas de figure, la plupart d’entre eux devront un jour ou l’autre trouver une revue scientifique qui acceptera de publier le fruit de leurs recherches.
C’est dans le but d’initier les étudiants des cycles supérieurs aux rouages de la publication scientifique que la Bibliothèque, en collaboration avec l’AELIÉS et la Faculté des études supérieures et postdoctorales, présentera un webinaire sur la question, le jeudi 7 mai, de 14h00 à 14h45, sous le titre «La publication savante: acteurs, enjeux et bonnes pratiques».
«Dans ma présentation, j’aborderai une série de questions, indique la bibliothécaire aux communications savantes à la Bibliothèque, Maude Laplante-Dubé. J’expliquerai notamment comment faire la distinction entre une revue de bonne qualité et une publication dite prédatrice. J’aborderai les droits d’auteur. En signant un contrat avec un éditeur, l’étudiant lui cède des droits de reproduction, de diffusion, notamment. Pour la diffusion, cela peut vouloir dire qu’un étudiant ne pourrait pas diffuser son article sur son site personnel ou sur un dépôt institutionnel comme CorpusUL, le dépôt de l’Université Laval. Je parlerai aussi des exigences de l’Université et des organismes québécois de financement de la recherche à l’effet que les étudiants qu’ils subventionnent publient en libre accès leurs résultats de recherche.»
Soixante mille revues scientifiques
Il est difficile d’établir le nombre exact de revues scientifiques de par le monde. Le chiffre de 60 000 est habituellement avancé. Quant au nombre d’articles publiés chaque année, il s’élèverait à environ deux millions. Tous les grands secteurs disciplinaires sont concernés, des sciences humaines et sociales jusqu’aux sciences pures et appliquées ainsi que la médecine.
Ce ne sont pas tous les finissants à la maîtrise ou au doctorat qui sont encouragés à publier les résultats de leurs recherches. Mais celles et ceux qui se destinent à une carrière en recherche le sont nécessairement. «Dans l’évaluation des dossiers des jeunes chercheurs, on tient compte de leurs publications», souligne Maude Laplante-Dubé.
Ces dernières années, le monde de la publication savante a connu de grands bouleversements amenés, notamment, par l’arrivée du numérique. «Cette technologie a changé les façons de faire, soutient la bibliothécaire aux communications savantes. Elle permet l’internationalisation de la recherche. De nombreuses revues ont été créées dans son sillage. Les possibilités de diffusion ont décuplé. Aujourd’hui, la très grande majorité des articles sont publiés dans des revues en ligne.»
Celles et ceux qui assisteront au webinaire apprendront comment fonctionne globalement une revue scientifique. L’étape clé du processus est le mécanisme d’évaluation par les pairs. «Ce processus prend du temps, explique-t-elle. Comme un filtre, il s’assure que le contenu de l’article proposé est rigoureux sur le plan scientifique. On va évaluer, par exemple, la pertinence et la rigueur de la méthodologie, la pertinence et la cohérence de l’analyse et des conclusions. Cela peut amener à préciser certains aspects ou à en nuancer d’autres.»
Selon Maude Laplante-Dubé, l’absence de processus d’évaluation peut arriver dans le cas d’articles publiés dans des revues prédatrices. Les revues scientifiques sérieuses et reconnues ont toutes un mécanisme d'évaluation par les pairs. Ces pairs sont des experts externes à la revue. «Les revues prédatrices vont souvent solliciter de jeunes chercheurs, poursuit-elle. On va leur promettre de publier rapidement leurs résultats, sans véritable travail éditorial.»
Au fil des ans, les revues prédatrices ont beaucoup amélioré leur stratégie pour attirer des chercheurs. Par exemple, certaines vont se vanter d'être indexées dans plusieurs plateformes. Leurs sites web ont l’air de plus en plus «professionnels».
«En fait, ce que l’on voit, c’est que les plateformes mentionnées par ces revues ne sont pas des plateformes crédibles ou pas du tout des plateformes pour la recherche d’articles, affirme-t-elle. Pire encore, quand on vérifie, on réalise que les revues ne sont pas du tout indexées dans les plateformes qu’elles mentionnent. Or, il est difficile d’envisager que tous les jeunes chercheurs développent une connaissance fine des différentes bases de données, outils de recherche ou indicateurs d’impact. Il est plus réaliste de développer une compréhension générale de ces concepts, de sensibiliser les étudiants à avoir un esprit critique et à s'informer à des spécialistes du domaine, à savoir des bibliothécaires.»