«Le cours Excursion en écologie forestière se donne habituellement dans les deux dernières semaines d’août. Avec les étudiants, je fais le tour d’une bonne partie de la province en autobus scolaire. C’est une expérience de terrain super agréable. Mettre ce cours extraordinaire en ligne, en rendre concrète la matière pour les étudiants, représente maintenant un défi d’autant plus grand.»
Évelyne Thiffault est professeure au Département des sciences du bois et de la forêt. Pour la version en ligne de son cours, elle s’est entourée d’une petite équipe de collaborateurs composée des techniciens Paul Desaulniers et Martine Lapointe, et des étudiants Antoine Harel et Véronique Rouleau, respectivement à la maîtrise et au doctorat en sciences forestières. Depuis quelques semaines, tous travaillent sur le «projet Google Earth». Ce logiciel bien connu permet une visualisation de la Terre à partir de photos aériennes ou satellitaires. Lorsqu’il sera terminé, en juillet, le projet donnera accès à l’ensemble des stations forestières habituellement visitées dans le cadre du cours Excursion en écologie forestière. Au nombre de 42, ces stations, dans un axe nord-sud, sont comprises entre le mont Saint-Hilaire en Montérégie, la station la plus au sud du Québec, et le Parc national des Grands Jardins, dans la MRC de Charlevoix, à l'est de Québec, la station la plus au nord.
«Du sud au nord, l’étudiant pourra survoler les principaux domaines bioclimatiques du Québec, explique la professeure Thiffault. Au mont Saint-Hilaire, nous avons accès à une réserve écologique gérée par l’Université McGill. Après Trois-Rivières, c’est le royaume du sapin. Plus au nord, celui de l’épinette noire. Au Parc des Grands Jardins, dans ces stations en altitude, il y a moins d’arbres et plus de mousses comme dans la toundra.»
L’étudiant cliquera sur la station forestière de son choix, à l’intérieur d’une liste située à gauche de l’écran. Apparaîtra alors la position de la station dans le territoire avec la température moyenne annuelle et les précipitations annuelles. Dans le coin droit, une fenêtre montrera une série de cinq à dix photographies de plantes typiques et de sols propres à chacune des régions. «Nous préparerons aussi des quiz d’identification, poursuit la professeure, ainsi que de courtes vidéos. Pour un certain nombre de stations, je me rendrai sur place pour être filmée en train de donner des explications. Ce sera le cas notamment de l’écosystème forestier exceptionnel qu’est la forêt rare du Lac-Saint-Pierre, à Maskinongé, une aire qui protège une érablière argentée à frêne noir.»
Les étudiants inscrits au cours seront mis à contribution. Évelyne Thiffault leur demandera de choisir un boisé ou un parc près de leur lieu de résidence, puis de faire l’inventaire des arbres qui s’y trouvent. «Les données qu’ils récolteront, dit-elle, viendront enrichir différentes stations du site.»
Dans ce cours virtuel, les étudiants visiteront notamment le mont Wright, à Stoneham, et le Parc national de la Jacques-Cartier ainsi que la Forêt Montmorency, la forêt d'enseignement et de recherche de l'Université Laval située dans la réserve faunique des Laurentides. Ils verront, entre autres, une riche érablière à caryer en Montérégie, une pinède grise au Cap-de-la-Madeleine et une érablière à tilleul et frêne blanc dans le boisé Marly, à Québec.
La version numérique du cours Excursion en écologie forestière comprendra aussi une section consacrée à l’étude des sols. Cette section, maintenant terminée, repose sur l’utilisation du jeu vidéo multijoueurs Minecraft. Connectés en réseau, les étudiants pourront explorer différents types de sols. Ces sessions en ligne, avec une touche plus ludique, leur permettront de se joindre au monde virtuel créé pour eux et d'interagir avec lui. Quelques vidéos, préparées par Évelyne Thiffault pour les étudiants, aborderont le monde des sols.
Selon elle, les stations forestières se distinguent du point de vue de la géologie. «Certains sites sont situés sur la roche mère des Appalaches, d’autres sur le Bouclier canadien, d’autres sur la plateforme du Saint-Laurent, souligne la professeure. De plus, tout le territoire a été influencé par les glaciations et par les événements qui sont survenus après, comme la fonte des glaces. Tout cela a laissé des traces. Plus on va vers le nord, plus on trouve des dépôts laissés par les glaciers. Ils sont souvent moins riches que les sols plus au sud.»